Environ un an après son lancement, quel est le bilan du projet Atom-IT, lancé par l’incubateur des sciences de l’ingénieur WSL? Pour rappel, ce projet se donne pour objectif de “susciter et stimuler un écosystème numérique B2B wallon” qui fasse émerger des projets, des acteurs et de la collaboration concrète entre acteurs locaux, petits et grands, dans les domaines de l’IoT, de l’exploitation des données et de l’analytique (“data sciences”) et des infrastructures d’hébergement et de gestion (“cloud computing”). Relire l’article que nous lui avions consacré en juin 2017.
Quel bilan après les premiers trimestres d’activité?
Espace en friche
L’idée initiale ayant mené au lancement du projet Atom-IT a été inspirée par la montée en puissance de l’Internet des Objets (professionnel et industriel, dans le cas du WSL) et les opportunités qu’il représente pour l’économie locale. Mais elle a aussi été justifiée par le constat que les acteurs locaux y sont encore bien peu présents et que les démarches adoptées nécessitent davantage de compétences, de stratégie, de vision et de structuration.
Agnès Flémal, directrice de WSL, et Sébastien Jodogne, chargé jusqu’ici de coordonner et animer le projet Atom-IT, énumèrent les carences et faiblesses qu’Atom-IT veut aider à résoudre: manque de structuration, initiatives trop ponctuelles, voire disparates, souvent trop “low level”, pas encore de réelles solutions répondant à des besoins à valeur ajoutée, incertitude au sujet des modèles économiques.
Agnès Flémal y ajoute un manque de dialogue et d’échanges entre les différents acteurs – même entre start-ups – et “peu de visibilité sur les besoins réels des grands groupes ou des acteurs publics. On va encore trop à tâtons pour créer de l’emploi dans ce domaine.” Sébastien Jodogne embraye: “l’un des objectifs du projet est de dresser une idée claire des besoins sur lesquels bâtir quelque chose.”
Premières fondations
Pour bâtir ce “quelque chose” – un écosystème vivant, dynamique et porteur d’activités en IoT B2B -, Atom-IT a donc imaginé plusieurs axes d’activités: séances de sensibilisation à destination de chercheurs, de geeks, d’entrepreneurs au profil plus commercial ; sessions d’expérimentation ; information et support pour start-ups ; fertilisation croisée, non seulement entre développeurs et start-ups mais aussi – et potentiellement surtout – avec de grands acteurs, positionnés dans l’offre de services d’infrastructure, de communications ou encore dans l’offre de services s’appuyant sur l’IoT.
Bilan à ce jour?
8 séances de sensibilisation et d’expérimentation, organisées en divers points du territoire wallon. Le panachage des profils présents (de 20 à 30 personnes par session) a permis aux porteurs d’idées de croiser des profils ayant des compétences techniques qui leur manquaient et à ces derniers de vérifier si leur idée purement technologique rencontre un besoin ou peut trouver de la portance auprès de profils davantage entrepreneuriaux.
Cette première campagne de sensibilisation a en outre eu pour effet d’attirer l’attention de divers acteurs de l’enseignement et de la formation. Ainsi la Haute Ecole HELMo Gramme (école d’ingénieurs industriels) a décidé d’inclure un programme de formation orienté IoT dès la rentrée prochaine. Une antenne (pour communications Sigfox, Things Network…) et un labo avec matériels électroniques dédiés à l’IoT (du matériel générique peu onéreux du genre Arduino) seront déployés.
Le centre de compétences Technifutur, lui aussi, mettra en oeuvre de nouvelles formations orientées IoT (notamment pour des applications en maintenance prédictive).
Une antenne pour exploitation d’un réseau de communications IoT a également été installée à Gembloux, à la faculté Agro-Bio Tech (ULg) et le programme StarTech (lancement de projets d’entreprise par des étudiants ingénieurs) a lui aussi fait la part belle, depuis sa dernière édition, aux projets à connotation IoT.
Des contacts ont par ailleurs été noués avec le MIC (Microsoft Innovation Center) de Mons qui, nous vous en parlions récemment, a notamment placé 2018 sous le signe de l’IoT.
Professionnaliser et réseauter
Deuxième rôle endossé par Atom-IT: une assistance à une professionnalisation de ceux qui se sont déjà aventurés et/ou pouvant enrichir leurs activités grâce à l’IoT. Il s’agit ici de procurer des informations plus pointues, tant d’un point de vue business que technologique, à des porteurs de projets – qu’il s’agisse de start-ups évoluant ou ayant évolué dans le sérail WSL (Cefaly, Selinko…) ou d’acteurs extra muros.
Un espace Café IoT est en effet accessible à tous une fois par semaine aux WSL Labs. “Nous assurons une permanence afin que tous ceux qui le veulent puissent venir mettre les mains dans le cambouis en utilisant nos matériels de prototypage, mettre leurs idées à l’épreuve”, souligne Sébastien Jodogne. “Généralement, ceux qui y viennent ont plutôt un profil d’ingénieur ou d’informaticien…”
Pour ce qui est de “mettre les mains dans le cambouis”, Atom-IT propose, depuis la mi-décembre, un nouvel “outil” en accès libre que bidouilleurs et développeurs peuvent exploiter et enrichir librement. Il s’agit en l’occurrence d’un serveur IoT open source, multi-protocole, déployable aussi bien dans le cloud que sur simple Raspberry, “que les développeurs et ingénieurs peuvent utiliser pour se connecter aux différents réseaux IoT existants [qu’ils soient estampillés Proximus, Engie, The Things Network…] et pour inter-scripter des systèmes. Nous le proposons dans une philosophie de micro-services qui vont pouvoir s’imbriquer les uns aux autres, selon les besoins, de briques de base pour la création de nouvelle valeur…”
Le troisième type d’action d’Atom-IT – la plus structurante – vise à faire naître un écosystème, incluant entrepreneurs, start-ups et grands acteurs (infrastructures, communications, solutions). Dans le maillage mis en place à ce jour, on relève à la fois des noms de jeunes pousses (Quimesus, SmartNodes, Selinko, Osimis, Nomics…) et quelques noms nettement plus emblématiques (Proximus, Engie). Premier partenaire spécialisé en prototypage IoT (matériel et logiciel): Altaneos (Saint-Georges-sur-Meuse, près de Liège).
L’exercice de maillage se fera également dans une dimension davantage applicative et commence, très logiquement, par l’exploration des potentiels qui pourraient se concrétiser dans les secteurs de l’e-santé (via la living lab WeLL) et le spatial (programme européen FabSpace dont WSL est l’un des deux bras armés en Belgique).
Etape suivante: l’analytique
Si Atom-IT a focalisé ses premiers pas sur l’évangélisation IoT pure et dure (explication des potentiels, séances d’expérimentation matérielle et logicielle), il ne s’agit là que du premier étage, certes nécessaire, de la fusée.
Le but d’Atom-IT, comme on l’a vu, est de susciter intérêt, projets et compétences mais en rester à ce stade, en ce compris pour les acteurs locaux, risque de ne pas être suffisamment porteur, que ce soit en termes de création de start-ups, d’emplois ou de valeur économique ajoutée.
Agnès Flémal (WSL): “Nos centres de gravité, pour l’analytique, seront les medtech, l’industrie 4.0, le spatial, le M2M. En raison de son envergure modeste, WSL se doit de se concentrer sur les domaines où nous pouvons avoir un impact.”
Les acteurs locaux, souligne par ailleurs Agnès Flémal, ont peu de chances de se faire une place au soleil au niveau infrastructure et cloud, cet étage étant largement accaparé par quelques hyper-acteurs du genre Microsoft, Amazon, OVH ou, dans une moindre mesure, des sociétés telles que NRB.
Le salut, selon elle, doit se chercher du côté de l’analytique et de l’exploitation des données collectées et générées par la piétaille IoT. “Création de valeur et innovation doivent venir de l’intelligence artificielle, du machine learning, des méthodes statistiques… quels que soient les termes que l’on y accole. Dès 2018, nous comptons dès lors commencer à calquer, en matière d’analytique, ce que nous avons fait en 2017 pour l’IoT. A savoir, servir de catalyseur et de démonstrateur afin de faire naître une chaîne de valeur intégrée. L’IoT n’en sera que le moyen.”
Domaines plus particulièrement visés: l’e-santé et les “med tech”, l’industrie 4.0 (maintenance prédictive et autres applications), et le spatial (imagerie spatiale).
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