Après la Flandre, c’est au tour de Bruxelles et de la Wallonie de voir se pointer la “Tournée digitale” initiée par Alexandre De Croo, ministre en charge de l’agenda numérique fédéral. En quoi consiste ce “Digital Tour”? En fait, une série de séances d’informations destinées à faire la promotion de l’e-commerce à destination des PME.
La séquence francophone est sur le point de démarrer, en commençant par Bruxelles, début décembre, et Liège, à la mi-février (la séance d’information devait avoir lieu à la mi-décembre mais a été reportée pour des raisons d’agenda). Voir notre autre article pour plus de détails sur l’agenda, le contenu et les orateurs inscrits au programme.
Deux ministres fédéraux sont en fait à la manoeuvre: Alexandre De Croo, dans le cadre de sa campagne pour un “Agenda numérique” belge, et Willy Borsus, en charge des PME, indépendants et classes moyennes.
Nous avons interrogé ce dernier sur la manière dont cette “Tournée digitale” a été conçue, les objectifs visés et, de manière plus large, ce qui se prépare en termes d’initiatives “pro e-commerce”.
En octobre, à l’initiative du Ministre De Croo, un “Digital Tour” a été organisé essentiellement en Flandre. Un événement similaire devrait bientôt concerner la partie francophone du pays. Quels seront le rôle et la participation de vos services? Quels partenaires seront-ils impliqués (UWE, UCM…)? Quelles sont les actions prévues?
Willy Borsus: Mon collègue Alexander De Croo et moi avions en effet convenu que cette “Tournée digitale” commencerait en Flandre et se poursuivrait ensuite à Bruxelles et en Wallonie, fin 2015 et début 2016. Les premières sessions ont connu un réel succès. Nous voulons sensibiliser les commerces de proximité et les PME aux avantages du numérique. L’initiative est organisée en partenariat avec la FEB, l’UWE, l’UCM, le VOKA et UNIZO. La soirée prévue à Bruxelles aura lieu le 8 décembre prochain. Les sessions suivantes auront lieu dans la province de Luxembourg le 16 février et à Liège le 18 février 2016.
Concernant le programme de la soirée, l’objectif est de mettre l’accent sur les témoignages de commerçants et d’entrepreneurs qui ont franchi le pas et qui sont passés résolument au numérique. Nous voulons ainsi mettre en avant une ou deux figures locales, qui, par le récit de leur projet entrepreneurial, illustrent les bienfaits du numérique et sa complémentarité avec le commerce traditionnel.
Willy Borsus: “Souligner la complémentarité entre le monde digital et le monde réel.”
Trop de commerçants pensent encore que le numérique ne s’adresse qu’aux start-ups. Notre objectif est de convaincre les (très) petites entreprises de l’opportunité d’être présentes en ligne et du danger de ne pas l’être. Souligner la complémentarité entre le monde digital et le monde réel, tel est notre priorité.
Pour votre cabinet et à destination des cibles dont vous avez la charge (PME, indépendants, classes moyennes…), quelles sont les actions prioritaires, les thématiques à aborder en priorité en matière de facilitation de l’e-commerce: logistique? paiements sécurisés ? extension à l’international et exportation? mutualisation d’outils, de plates-formes, de compétences…? formation et littératie?
Mon action se déroule au travers de la plate-forme pour la promotion de l’e-commerce, mise en place le 5 mai dernier, comme annoncé dans l’accord de Gouvernement. Nous voulons rattraper le retard pris par notre pays en matière de commerce électronique. Pour ce faire, nous avons décidé de réunir, au sein de ce forum, le secteur privé, le secteur public et les principaux acteurs concernés par ces enjeux.
Nous avons mis en place cinq groupes de travail, qui portent sur les sujets suivants: entraves réglementaires; fiscalité et services de payement; logistique et flexibilité du travail; soutien à l’innovation et aux PME; internationalisation.
Traduire en textes de loi, aussi vite que possible, les recommandations des divers groupes de travail constitués au sein de la “plate-forme [fédérale] e-commerce”.
Ces groupes de travail produiront leurs conclusions à la fin de cette année. J’ai le souhait que leurs recommandations seront suffisamment concrètes et opérationnelles, de manière à ce que nous puissions les traduire aussi vite que possible en textes de loi, en mesures rapidement applicables au bénéfice du secteur et des citoyens.
Quelles actions et approches spécifiques préconisez-vous et désirez-vous aider du côté des PME, indépendants et classes moyennes? Quels sont, selon vous, les problèmes majeurs à résoudre?
Nous devons d’abord travailler sur les mentalités et insister sur les complémentarités entre le commerce classique et l’e-commerce. Il y a, comme je l’ai déjà évoqué, une évidente porosité entre vente en ligne et vente hors ligne.
Je souhaite aussi aider commerçants et PME à accéder plus facilement aux informations qu’ils recherchent sur le Net. Ceux qui souhaitent se lancer dans l’e-commerce trouvent-ils par exemple facilement les réglementations en vigueur ou les procédures à suivre en cas d’exportation via le web? Les retours dont nous disposons semblent indiquer que non.
De même, les communes ou associations de commerçants qui veulent mieux connecter leurs commerces savent-elles comment s’y prendre ou comment s’organiser? Nous voulons donc rendre l’information recherchée plus accessible et mieux faire connaître les initiatives existantes.
“Nous devons d’abord travailler sur les mentalités et insister sur les complémentarités entre le commerce classique et l’e-commerce.”
Un autre chantier porte sur le coût élevé de la livraison transfrontière de biens. Ces “cross-border fees” sont très variables d’un pays à l’autre. Est-il normal qu’une PME belge qui envoie ses produits en France paie ses frais d’envoi plus cher qu’une PME française qui vend en Belgique?
Plus difficile encore à accepter, pourquoi un envoi intérieur à la Belgique est-il parfois plus cher qu’un envoi venu de l’étranger? Et la concurrence liée aux différences dans les frais d’envoi est parfois d’autant plus rude que certaines plates-formes hors UE sont subsidiées. Le cas d’AliExpress, soutenu financièrement par les autorités chinoises, est à ce titre bien connu et complexe.
Un autre chantier concerne le travail de nuit. Nous voulons éviter que des livraisons ne se fassent plus rapidement au départ d’Amsterdam ou du Nord de la France que depuis notre pays. Une commande passée en Belgique après 20 heures devrait pouvoir être traitée le jour même!
Citons aussi l’extension par le Gouvernement fédéral de la déductibilité fiscale majorée aux investissements qui concernent des biens numériques. La mesure s’appliquera notamment aux investissements pour les systèmes de paiement et la cyber-sécurité.
Parmi les divers projets pour lesquels vos services ont été sollicités de la part d’acteurs de terrain (émanant notamment de l’UCM, de Cap Numérique etc.), quels sont ceux qui ont éventuellement déjà retenu votre attention?
Ma porte est en effet ouverte aux suggestions des entrepreneurs et de leurs fédérations. Plusieurs idées émanant d’acteurs du terrain sont actuellement en discussion au sein de la plate-forme mise en place à cet effet. Je citerais, à titre d’exemples, des réflexions sur l’état du marché des services de paiement, en vue de permettre une meilleure rencontre entre l’offre et la demande de services, ainsi que des mesures visant à améliorer la fiabilité des plates-formes de vente, par la mise en avant de labels comme cela se fait par exemple aux Pays-Bas avec Thuiswinkel.
Dans le domaine de la promotion de l’e-commerce, comment s’articulent les collaborations entre les 3 cabinets ministériels concernés. A savoir, au niveau fédéral, vos propres services et ceux du cabinet d’Alexander De Croo, et, du côté des Régions, avec les ministres en charge de l’économie, en Wallonie et à Bruxelles ?
C’est un point important. Le fédéral et les entités fédérées se partagent les compétences en la matière. Il est dès lors indispensable de se parler et de travailler ensemble. Les pouvoirs publics doivent faire tout ce qui est de leur ressort pour faciliter la vie des entrepreneurs. C’est pourquoi j’ai entrepris des concertations avec mes collègues des Régions afin d’établir un état des lieux comparatif des actions en faveur des entreprises – et spécialement des PME – aux niveaux fédéral et régional, ainsi que pour établir des synergies dans nos domaines de compétences respectifs. L’e-commerce de proximité est un des points de cette concertation.
Par ailleurs, nous travaillons en parfaite concertation et transparence avec mon collègue Alexander De Croo en charge de l’agenda numérique.
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