Sélectionner des “Digital Champions” pour dynamiser la transformation numérique des acteurs et des rouages de la Wallonie, c’est potentiellement une bonne idée. Encore faudra-t-il joindre l’acte au symbole. Comme vous pouvez le lire dans cet autre article, certains “Champions” mettent déjà en garde contre les écueils classiques d’une idée qui se dégonfle. Parmi eux, Olivier Lefèvre, le “mister Smart City” de NRB.
Régional-IT: Que représente pour vous ce statut de Digital Champion? Comment envisagez-vous de personnifier ce rôle ?
Olivier Lefèvre: Je trouve l’initiative intéressante du fait qu’elle favorise les échanges, un réseautage entre les acteurs du numérique, qui jouent un rôle important en Wallonie, mais ce n’est qu’une première étape. C’est la suite, je crois, qui sera surtout intéressante et sur laquelle je mise. A savoir, des réflexions en commun, peut-être la mise à disposition de l’un ou l’autre outil qui nous permettra, de manière informelle, d’entrer en contact avec d’autres membres de l’écosystème, croiser les visions, générer des partenariats…
Je ne le considère pas du tout comme une récompense ou un statut à un moment x. C’est plutôt le départ de quelque chose. Et j’espère qu’on mettra les moyens nécessaires pour créer une dynamique.
Avez-vous déjà eu des indications allant dans ce sens?
Pour l’instant, on n’a pas encore d’idée précise sur la manière dont l’AdN va dynamiser le système. S’il y aura des groupes de travail [Ndlr: cela semble devoir être en tout cas une piste envisagée par l’AdN – relire notre article LIEN https://www.regional-it.be/2017/12/15/pierre-yves-jeholet-veut-renforcer-role-adn/], une plate-forme numérique…
Je préconiserais pour ma part la mise en place d’une telle plate-forme qui nous permette de prendre contact directement entre “Champions”, de voir les compétences de chacun, de pousser des idées, d’avoir une dynamique de collaboration qui entraînera l’innovation. C’est là, en tout cas, une idée que je veux proposer.
Vous en espérez donc plutôt un rôle de co-construction qu’un vecteur de représentation vers l’extérieur, l’international ou même le marché local…?
Dans notre travail au quotidien, on le fait déjà plus ou moins: répandre les bonnes pratiques, mettre le numéro en avant au quotidien. C’est d’ailleurs pour cela qu’on nous a demandés d’être des représentants de Digital Wallonia. C’est donc déjà le cas de facto. D’autres personnes, dans certains secteurs, tels les écoles, peuvent toutefois renforcer cette mission de représentation.
Olivier Lefebvre (NRB): “Se réunir autour d’une thématique et devenir plus forts, ensemble, avec une solution.”
Pour ma part, je vois plutôt cette initiative dans une dimension supplémentaire: co-construction et réseautage. J’espère que c’est vers cela qu’on ira et qu’on ne se limitera pas uniquement à du marketing pour Digital Wallonia. Soutenir la dynamique, venir avec des projets, des propositions, lancer des applications du genre Wallonie en Poche, avoir une vision régionale où on mutualise les efforts…
Le troisième rôle attendu des Champions est de proposer des idées [Ndlr: en tout cas, ils pourront “être consultés sur des questions de stratégie ou d’actions à mettre en œuvre, poursuivant ainsi la dynamique de création collaborative qui est à la base de la stratégie numérique Digital Wallonia”]. On profitera donc de ce canal pour proposer proactivement des idées. J’en ai pour ma part quelques-unes et je ne manquerai pas de vérifier si l’on peut réellement proposer des idées… Je participerai bien sûr volontiers à des groupes de travail qui seraient organisés à l’initiative de l’AdN mais on nous propose d’émettre des idées. Je vais donc jouer le jeu et apporter ma pierre à l’édifice. Et la première proposition sera la mise en place de cette plate-forme collaborative…
Le principe de plate-forme où chacun apporte ses idées n’avait pas eu un réel gros succès d’audience à l’époque du Printemps du numérique…
Je crois qu’en parallèle une communauté, un écosystème qui interagit, qui est davantage dans l’opérationnel. Il faut donc un endroit qui favorise l’interaction, où une entreprise A, une entreprise B et une communauté d’utilisateurs peuvent se rencontrer et imaginer une idée de nouveau produit, engendrer une nouvelle dynamique. L’innovation viendra de là…
Qu’est-ce qui pourrait contribuer à rendre réellement active cette “communauté” des Digital Champions?
Je crois que si on n’est pas dans une relation win-win, cela ne fonctionnera pas. Il faut donc que les acteurs qui contribuent en retirent quelque chose. Si je poste une question, si je propose un projet, il faut du retour. Il ne faut que cela reste une boîte à idées qui ne déclenche pas quelque chose.
Si j’investis du temps dans des propositions, dans de l’interaction avec d’autres, il faut que de l’autre côté, il y ait une réponse, une dynamique. Quand on lance des choses dans le vide, la mécanique s’essouffle… C’est un peu le risque d’initiative: au-delà de l’effet d’annonce, il faut faire vivre la communauté au quotidien. C’est vrai que cela prend du temps. Il faut donc se donner les moyens en termes d’animation de l’écosystème. C’est une clé: des ressources humaines ou logicielles pour une réelle animation et qui aille dans les deux sens. Sinon, une fois encore, les gens s’essouffleront à donner du contenu sans recevoir de feedback.
Olivier Lefebvre (NRB): “J’espère que les moyens et la dynamique seront mis en oeuvre pour faire vivre l’écosystème des Digital Champions.”
Quel genre de retour trouveriez-vous intéressant voire nécessaire?
Avoir un suivi. Je ne vois aucun inconvénient à proposer par exemple une nouvelle solution numérique de support à la mobilité, de décrire certains building blocks et mettre en oeuvre un consortium qui puisse mener le projet mais s’il n’y a pas de retour de la part de l’AdN ou du Cabinet [Jeholet], on le fera une fois mais pas deux. On doit avoir un minimum d’informations – projet trop clair, trop complexe… – pour pouvoir s’adapter ou trouver une autre thématique.
On est souvent dans un contexte flou où on ne sait pas s’il y a du budget disponible, qui est la personne qui décide, si le projet correspond aux priorités… Il y a là aussi un effort à faire de la part de l’Agence, du politique en nous donnant suffisamment d’informations pour valider ou non les projets qu’on pourrait proposer, pour qu’on ne s’épuise pas sur des thèmes qui ne seront de toute façon pas à l’agenda. Cela nécessite un véritable dialogue, un niveau de confiance, sinon les gens ne joueront pas le jeu et plus rien ne se passera au-delà de l’effet d’annonce.
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