Voici quelques jours, la Région de Bruxelles-Capitale organisait une conférence participative sur le thème “Smart City for Economy”. Nous en avons profité pour poser quelques questions à Bianca Debaets, Secrétaire d’Etat à la Transition Numérique, et à son équipe sur les dimensions économiques, voire stratégiques, des projets “smart city” de la Région.
Régional-IT: Quand on parle de “smart city” en général, mais aussi en particulier dans le cas de la Région de Bruxelles-Capitale, parle-t-on de transition ou de ré-invention économique?
Bianca Debaets: On parle plutôt de transition. Il s’agit pour nous de préparer les citoyens aux développements technologiques car plusieurs grandes évolutions (voire même révolutions) sont en cours. Par exemple dans le secteur bancaire.
Nous parlons aussi d’un tissu urbain avec ses différentes composantes qui sont en mouvement. Les entreprises, elles aussi, devront s’adapter, découvrir des opportunités. Ce sera par exemple le cas d’un opérateur de dépôt, qui mettra en oeuvre une logistique intelligente.
Bianca Debaets: “Il s’agit avant tout de “fluidifier” la ville grâce à la dimension smart city. Autrement dit, de permettre de la mobilité fluide, des interactions faciles.”
En outre, il existe des entreprises spécifiques qui voient le jour en raison de la transformation numérique et qui s’inscrivent à 100% dans cette dimension. Elles devraient pouvoir démarrer (via des incubateurs) en Région bruxelloise, effectuer des tests (smart city testing, innovations en matière de financement…) et trouver ainsi de premiers clients, en ce compris des clients issus du secteur public, par exemple grâce au Small Business Act.
Sous l’optique économie et développement économique, quelles sont les priorités que la Région de Bruxelles-Capitale identifie parmi les différentes “dimensions” de la définition d’une smart city (mobilité, environnement, gouvernance, sécurité, participation citoyenne…) ? Comment déterminer les priorités pour un réel impact économique ?
Il s’agit avant tout de “fluidifier” la ville grâce à la dimension smart city. Autrement dit, de permettre de la mobilité fluide, des interactions faciles. Le projet smart city met le citoyen au cœur de son développement car une smart city participative est nettement plus “portée” par le citoyen, plus bénéfique également pour la société et l’ensemble de ses habitants.
Comment voyez-vous le “biotope”, les atouts premiers de Bruxelles ? Se trouve-t-on dans un contexte de course concurrentielle entre métropoles européennes ?
Si on regarde l’index DESI (The Digital Economy and Society Index), nous avons un bon score. Nous avançons bien au niveau des cinq piliers:
- connectivité : la Région bénéficie d’une très bonne connexion au réseau de fibre optique
- capital humain : on peut citer le soutien aux formations numériques, à la création d’Espaces Publics Numériques (EPN) via les communes, où l’on dispense également des formations pour réduire la fracture numérique
- utilisation de l’Internet : l’objectif est de créer un environnement digital optimal, par exemple dans les écoles, via le projet Fiber to The School, afin de favoriser l’utilisation d’Internet à bon escient
- intégration de la technologie numérique : l’un des leviers, en la matière, s’appelle “open data”, avec la possibilité offerte aux entrepreneurs, petits et grands, d’utiliser la technologie et les données existantes pour créer par exemple des applis
- pouvoirs publics numériques : la Région de Bruxelles-Capitale enregistre des progrès en la matière, notamment avec le “guichet”, pour citoyens et entreprises, IrisBox (42.000 nouveaux utilisateurs, depuis le début de l’année), avec aussi la facturation électronique qui commence à se généraliser. Mais il y a encore du pain sur la planche pour arriver à ce que les pouvoirs publics (administrations et communes essentiellement) plongent totalement dans l’ère du digital.
Faut-il définir un nouveau modèle économique et comment?
La Région bruxelloise investit dans les nouveaux modèles économiques, notamment le développement de l’économie circulaire, la santé et donc aussi la transition numérique. C’est là l’un des éléments de notre note stratégique S2025 et de la note Smart City.
Les villes forment un réseau avec d’autres villes, au sein duquel le “secteur créatif” et l’activité économique sont en connexion. Il y a une sorte de “guerre des talents” dans laquelle chaque ville doit faire jouer ses atouts.
Quels sont, selon vous, les nouveaux rôles, les nouveaux modèles d’intervention et d’interaction entre les divers intervenants – pouvoirs publics, académiques, entreprises et citoyens – qui doivent voir le jour?
Il s’agit principalement de travailler de manière transversale – il faut voir la ville comme une plate-forme – et d’impliquer les citoyens. Des technologies, tels que les capteurs, peuvent contribuer à obtenir une image en temps réel d’une ville.
Je souligne dans ma compétence l’importance de l’informatique et de la gestion d’information. C’est la raison pour laquelle je suis favorable à la réutilisation des données existantes dans d’autres contextes.
On peut aussi citer le “smart city program office” (voir note ci-dessous). C’est une façon d’impliquer les différentes personnes dans une quadruple spirale: des universitaires, les pouvoirs publics, les entreprises et les citoyens.
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Ce Smart City Program Office a pour mission d’identifier les diverses parties prenantes (pouvoirs publics, citoyens, entreprises, acteurs académiques), de définiri des facteurs critiques de réussite, d’élaborer une feuille de route et de concevoir et réaliser une architecture technique adaptée à la Région.
Comment voyez-vous et voulez-vous dynamiser l’économie des open data ?
Au travers de notre plate-forme Opendata, nous pouvons stimuler les idées via des hackathons, stimuler l’esprit d’entreprise grâce à la réutilisation de jeux de données, stimuler les échanges et interactions entre administrations. Ce qui peut amener de véritables gains en efficacité. Prenons l’exemple de Visit.brussels. Son agenda est utilisé comme source d’informations pour alimenter la chatbox Messenger de la STIB…
A lire, dès demain, une autre interview, cette fois avec l’invité-vedette de la conférence “Smart City for Economy”: Gilles Babinet, figure de proue du numérique français, membre du Conseil national du Numérique et nommé “Digital Champion” pour la France auprès de la Commission européenne. Entrepreneur lui-même, il est aussi l’auteur du rapport “Pour un New Deal numérique”.
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