DOSSIER EN ACCES LIBRE
Faut-il s’expatrier pour réussir? Comment et pourquoi la Silicon Valley séduit-elle tant nos entrepreneurs? Son “modèle” peut-il être reproduit chez nous? Qu’ont retiré de leur voyage les participants à la récente mission économique en Californie?
Nous vous invitons à un petit dépaysement.
Mille et une raisons
Eden aux verts pâturages, appel des sirènes ou piège à lucioles? Il n’y a pas de réponse unique.
Certains s’expatrient par choix. Dès le départ. Sans tenter “le coup” chez nous.
L’expatriation n’est toutefois pas toujours une nécessité ou un choix pertinent. Xavier Damman et Vincenzo Ruggiero, deux “néo-entrepreneurs” plus ou moins chevronnés, l’expliquent parfaitement dans les interviews qu’ils nous ont accordées.
Tous les projets, tous les modèles business, tous les marchés visés ne nécessitent pas forcément d’aller chercher l’or en Californie (pour ne citer que cette destination). D’autant plus que cet exode d’idées, de talents, de dynamisme, prive le terreau local de ressources dont il a besoin et qui pourraient sans doute s’épanouir ici… à certaines conditions.
Pour reprendre l’expression de João Vasconcelos, directeur de l’incubateur StartUp Lisboa, cela ne sert qu’à nourrir les éléphants et à empêcher de jeunes créatures de se transformer un jour- qui sait?- en nouveaux éléphants.
Mais parfois aussi l’expatriation apparaît comme la seule solution. Aussi certains tiennent-ils cette option bien au chaud. Au cas où…
C’est le cas de Frédéric Maréchal et de Tony Ciccarella, cofondateurs de Modalisa Technology (voir notre article), cette start-up liégeoise spécialisée dans la modélisation et l’optimisation de processus qui a été sélectionnée parmi le Top 50 des “sociétés technologiques les plus innovantes” par le réseau d’entrepreneurs TIE.
Voici ce qu’ils nous déclaraient à leur retour de la conférence TIEcon: “Nous considérerions comme une défaite de ne pas pouvoir impliquer les forces locales mais nous ne mettrons pas pour autant la société en péril. Le cas échéant, nous serons amenés à nous expatrier…”.
La récente mission économique princière, qui a emmené des dizaines d’entrepreneurs et chefs d’entreprise belges en Californie, a également renforcé certains participants dans leur volonté d’aller s’implanter là-bas ou tout au moins d’y ouvrir une filiale afin de viser un déploiement planétaire de leur projet.
Accélérateur de réussite?
S’expatrier? “Ils” y pensent. Et parfois afin de réussir vite, très vite. Pas forcément avec l’idée de durée ou de devenir le nouveau Facebook, Google ou Apple. Pas forcément pour marquer le monde de leur empreinte. Mais – parfois – pour décrocher le gros lot, le pactole. Pour trouver un “exit” rapide et plantureux. Mais pas forcément non plus pour avoir les moyens de recommencer et de devenir des “serial entrepreneurs”.
Chaque motivation, bien entendu, est spécifique à la personne qui la nourrit.
Dans une petite série d’articles, nous abordons certaines de ces tentations, de ces envies, de ces séductions provoquées par l’outre-Atlantique. Pas de grande conclusion à la clé mais plutôt une série d’instantanés, d’impressions, voire de sources d’inspiration ou de réflexion pour ceux et celles qui les liront.
Quelques fragments de ce que vous pourrez lire dans ces articles?
## Lorsqu’on compare des paramètres tels que le niveau d’enseignement, la productivité, le nombre d’heures de travail ou l’âge, starters américains et européens sont dans un mouchoir de poche. Où est donc l’erreur, le facteur déterminant de l’écart? João Vasconcelos: “Aux Etats-Unis, les starters rêvent de créer un nouveau marché. En Europe, on rêve de niches.”
## Dr Martin Hinoul (Leuven Research & Development): “Il n’y a qu’un NASDAQ mais il y a plus de 20 bourses en Europe, parfois avec seulement 10 sociétés cotées. Résultat? You can’t beat these guys! La masse d’argent qui se concentre en un seul point et qui alimente les levées de fonds est trop énorme.”
Mais la “vieille Europe” est aussi une terre de pépites, d’innovation: “8 entreprises sur 30 acquises depuis 2004 pour plus d’un milliard de dollars sont européennes.”
## Ce qui manque par contre chez nous – entre autre choses -, c’est la réactivité, le petit côté “casse-cou” de l’Amérique. Xavier Damman en a fait l’expérience en butant contre le raisonnement cartésien de bailleurs de fonds locaux qui demandaient des preuves avant de délier les cordons de la bourse. Or, explique-t-il, “l’innovation est par définition quelque chose qui n’existe pas encore. Il n’est donc pas possible au porteur de projet de prouver la viabilité du business model puisqu’il n’existe pas encore d’exemple concret auquel le comparer…”
## Initiateur des projets Shopigram et Postpone, Vincenzo Ruggiero, lui aussi, trouve la Belgique et l’esprit qui y règne parfois un peu étriqué: “Même si beaucoup d’initiatives voient le jour en Belgique, je pense qu’on ne sera jamais à la hauteur. Malgré tout le talent qui existe en Belgique, nous n’attirons pas l’attention, voilà tout.” Une interview à lire pour découvrir la manière dont un starter perçoit les choses.
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