Le thème de l’e-santé figure parmi les 5 axes prioritaires sur lesquels devra oeuvrer le futur Digital Wallonia Hub, cet organe chargé de veiller au déploiement des projets du plan numérique wallon et de dynamiser et d’activer les collaborations recherche-industrie.
Nous vous proposons de nous y arrêter l’espace de quelques articles. Après le bref rappel de ce qu’en dit le rapport du Conseil du Numérique (c’est l’objet de l’article ci-dessous), nous donnerons la parole à trois professionnels du monde des soins de santé qui ont participé aux travaux de préparation de ce rapport et qui, de par leurs fonctions, Dans les jours qui viennent, vous découvrirez dès lors les interviews d’André Vandenberghe, cheville ouvrière du Réseau Santé Wallon et directeur informatique du CHU de Charleroi, d’Isabelle Salmon, chef de la pathologie à l’Hôpital Erasme et de l’unité de recherche Diapath (Digital Image Analysis in Pathology) de l’ULB à Gosselies, et Julien Compère, administrateur-délégué du CHU de Liège.
Quelles idées et propositions e-santé figurent-elles dans le rapport remis en septembre par le Conseil du Numérique au Cabinet du ministre Marcourt? On n’y trouve pas, à proprement parler, de plan détaillé ou de mesures précises mais plutôt une série de pistes et recommandations dans lesquelles les futures décisions attendues du pouvoir politique pourront aisément venir se loger. Une imprécision volontaire, estiment certains observateurs.
C’est ainsi que le rapport du Conseil du Numérique pointe en guise d’objectif la nécessité de “structurer une vision e-santé autour de priorités claires et autour du Réseau Santé Wallon.”
Belle intention mais encore?
La mesure préconisée est de “définir un plan stratégique e-santé wallon et concentrer les moyens sur des projets innovants.” Ou encore: “doper l’offre wallonne en matière d’e-santé sur la base des initiatives entreprises au Fédéral” et “garantir l’exportation du savoir-faire wallon en la matière.”
Dans quel camp est la balle?
Côté ancrage sur les initiatives fédérales, c’est évidemment du plan e-health 2013-2018 qu’il est question. Le texte du rapport parle donc de la nécessité de veiller à la cohérence des actions entreprises en Wallonie par rapport aux initiatives fédérales, le fédéral étant compétent dans des matières touchant à la constitution des dossiers médicaux informatisés, au partage des données, ou encore à l’accès des patients aux données en ligne.
Cette “cohérence” était également l’une des recommandations du Comité des Sages (composé de 8 profils académiques issus de l’Académie Royale des Sciences de Belgique). Une cohérence à instaurer à tous les “étages”. A commencer entre Régions. Son propre rapport préconisait ainsi une “coordination et recherche de synergie entre les projets-pilote wallons et bruxellois en raison d’une indissociabilité des capacités R&D des acteurs académiques et hospitaliers des deux Régions.” Le rapport utilise à cet égard l’expression “réseau hospitalier universitaire continu.”
Il recommande également de “renforcer l’efficacité de la participation [des acteurs académiques et hospitaliers des deux Régions] dans les organes fédéraux ainsi que dans les instances européennes, qui définissent les normes et les trajets de soin basés sur cette “evidence-based medicine”.
Compte tenu des compétences et prérogatives fédérales, la Région et ses acteurs n’ont donc pas toute latitude mais l’évolution du secteur santé/médecine vers le numérique est aussi perçue comme une opportunité économique à saisir. D’où la nécessité de définir des initiatives et axes d’actions complémentaires.
Domaines où ils pourraient se concrétiser? “Le maintien à domicile, la promotion du Réseau Santé Wallon, l’accessibilité des soins pour tous, la défense des droits des patients…” qui sont considérés comme “potentiellement structurants pour cette vision wallonne à établir.”
Vers un “cluster” e-santé?
Parmi les domaines identifiés comme porteurs et intéressants pour le lancement de projets figure en bonne place celui du suivi à distance des aînés.
Pour dynamiser la création de nouvelles solutions, le Conseil propose par ailleurs d’imaginer des aides aux PME ou start-ups qui développeraient des solutions innovantes, par exemple en matière d’impression 3D à usage médical, de robotique, de médecine mobile, de télévigilance…
Il est un domaine où la Wallonie a pris les devants en matière de santé. Il s’agit de l’échange de données entre institutions hospitalières (avant d’étendre le principe aux autres acteurs). C’est de cette volonté qu’est né le Réseau Santé Wallon (RSW).
L’une des volontés que l’on retrouve dès lors dans les propositions émises par le Conseil du Numérique est de conforter le rôle du RSW en tant que “Hub régional et coffre-fort des données médicales informatisées”. Le souhait est par ailleurs exprimé de le voir “atteindre une masse critique, en termes d’adhérents et de contributeurs.” Condition sine qua non épinglée: promouvoir le RSW auprès des praticiens et de la population.
Le groupe de travail e-santé des Assises du Numérique a par exemple proposé qu’il serve de point central autour duquel se constitue un nouvel écosystème fait de start-ups, d’acteurs sectoriels, de centres de recherche, d’universités…
“Point central” ou maillon essentiel d’une chaîne à bâtir? L’idée d’“écosystème” se retrouve en tout cas dans le rapport final du Conseil du Numérique. Certes, ce dernier ne va pas jusqu’à recommander la création d’un nouveau “pôle de compétitivité”, dédié à l’e-santé, mais il parle par contre de l’opportunité de créer une “grappe – ou éventuellement un cluster technologique coordonnant les acteurs wallons de l’e-santé.”
A un autre endroit du texte, la structure opérationnelle de cette “grappe” est imaginée sous la forme d’un “comité d’avis et de pilotage”, qui réunirait par exemple des représentants de l’administration, du RSW, de l’AdN (ex-AWT), de la recherche et de l’Industrie, et serait “chargé d’examiner la faisabilité des projets et de proposer un support financier aux projets retenus, notamment dans le cadre de leur mise sur le marché.”
Missions de la future grappe (ou cluster): “définir une vision stratégique commune et assurer la synergie avec le fédéral, les régions et communautés, le secteur numérique et la recherche”; “opérer dans une logique de communauté, de partage d’expériences, d’aide au montage de projets…”
Cette grappe ne devrait évidemment pas opérer en vase clos mais devrait, aux yeux des auteurs, tisser un lien “naturel” avec le pôle de compétitivité BioWin et favoriser une ouverture de la réalité médicale vers le monde aux contours flous mais explosifs des “objets connectés.”
Pour ce qui est de promouvoir et de donner des dimensions internationales aux projets et innovations locales, le Conseil du Numérique propose la mise en oeuvre d’“aides ad hoc” et une présence plus systématique aux grandes conférences et salons professionnels internationaux (NAB de Las Vegas, IBC d’Amsterdam, ConHIT de Berlin…
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