En 2016, startups.be espère bien avancer quelques pions en région(s) francophone(s) du pays – preuves d’activités et d’utilité à l’appui – pour redresser une image de structure opérant essentiellement au bénéfice de jeunes pousses flamandes. Image faussée en raison d’un démarrage plus rapide en Flandre mais image fausse tout court dans la mesure où l’intention, dès le départ, fut de penser avant tout écosystème et intérêts des start-ups, d’où qu’elles viennent – Nord, Sud ou Centre.
En 2016, deux francophones s’attèleront donc à amplifier l’action en Wallonie et à Bruxelles. Il s’agit de Thibaut Claes, d’une part, recruté dès février 2015, et de Philippe Rangoni, d’autre part, débauché tout récemment auprès du BetaGroup.
Les deux principaux axes d’actions seront l’aide et l’accompagnement des start-ups (IT et numériques) dans leur quête d’internationalisation et de financement. Mais sans empiéter sur les plates-bandes d’autres organismes – incubateurs, accélérateurs, clusters, Agence du Numérique, AWEX etc.
Thibaut Claes: “l’action de startups.be a une dimension belge. Cela nous permet de repérer les choses intéressantes, les lacunes, de suggérer aux acteurs d’une région des activités intéressantes qui se passent déjà ailleurs…”
La règle de base, la ligne de conduite que startups.be s’engage à respecter est en effet de venir compléter les dispositifs existants (pas de s’y substituer), de palier à certaines carences et d’apporter des réponses plus spécifiquement destinées aux “jeunes pousses”.
“Notre action se situe là où nous pouvons apporter plus de valeur, dans le but de favoriser le développement des start-ups belges [toutes Régions confondues, sans discernement de provenance linguistique]”, souligne Thibaut Claes. “Et cela se situe du côté de l’internationalisation et du financement des start-ups.” Fil rouge: “mutualiser les forces et les efforts” et exploiter le réseau de relations que l’organisation tisse à l’échelle internationale.
Et pour éviter la cacophonie – le but de startups.be est au contraire de restaurer de la cohérence dans le kaléidoscope belgo-fédéro-belge -, l’organisation tient à rencontrer régulièrement les autres acteurs “afin de renforcer les collaborations et ainsi de mieux toucher les start-ups.”
Au programme 2016…
Plusieurs actions devraient venir s’imbriquer dans les mesures et initiatives qui seront prises dans le cadre du Plan du Numérique wallon. Thibaut Claes n’en dira pas plus pour l’instant, certaines propositions étant encore en cours d’évaluation mais elles concernent essentiellement les deux axes majeurs: internationalisation et recherche d’investissement.
Ces actions mises à part, une bonne partie du programme d’activités 2016 est déjà connu.
Le 4YFN, salon pour start-ups, en marge du Mobile World Congress
En collaboration avec d’autres acteurs, startups.be sera l’instrument d’une présence à des salons internationaux tels que le 4YFN (4 Years from Now) à Barcelone, petit frère du Mobile World Congress dédié aux start-ups, ou le NAB Show à Las Vegas (médias numériques, loisirs et audiovisuel).
Dans le premier cas, le voyage se fera en collaboration avec le BEP et l’Infopole Cluster TIC. Il y aura sans doute place pour trois start-ups wallonnes et deux bruxelloises.
Dans le second cas, les autres initiateurs sont l’AWEX et le cluster TWIST (stand collectif pour les sociétés participantes).
Startups.be sera également du voyage lors d’une mission emmenée par le Ministre Jean-Claude Marcourt en début février prochain. Destination: Berlin et Munich. En parallèle aux deux jours de visites et d’échanges prévus dans le programme ministériel, startups.be proposera un séjour de trois jours, avec notamment des rencontres à organiser entre start-ups belges et investisseurs potentiels.
Autres destinations inscrites au programme 2016: Londres, Paris, Cologne (Gamescom), Israël (mission exploratoire à Tel Aviv), Austin (South by Southwest), Singapour, Amsterdam (The Next Web). Voir l’agenda complet sur le site de startups.be.
Effet de levier
L’un des arguments majeurs que fait valoir startups.be est sa capacité à aiguiller les jeunes pousses belges vers des investisseurs potentiels internationaux. En agissant au nom de l’écosystème belge dans sa totalité, l’organisation fait valoir qu’elle “instaure un nouveau rapport de force” avec ces investisseurs (individuels ou fédérés en fonds), “là où une start-up n’a ni le poids nécessaire, ni le temps de prospecter”.
A noter que le champ d’action et d’identification qu’explore en priorité startups.be est celui de l’Europe et des pays limitrophes. “Il faut casser un mythe”, déclare Thibaut Claes. “Si vous regardez bien d’où viennent les mises de fonds pour les start-ups belges, c’est essentiellement de France, des Pays-Bas, voire du Royaume-Uni, notamment pour des questions d’attrait culturel. Il ne faut pas systématiquement chercher à lever des fonds aux Etats-Unis.”
Matchmaking start-up/corporate
L’arrivée de Philippe Rangoni (ex-BetaGroup) chez startups.be, en qualité de business development manager, marque le lancement d’un nouvel axe d’actions.
A savoir: du matchmaking entre start-ups et grandes entreprises. Et cela ne concernera pas uniquement (même si elles seront la cibles prioritaires) de jeunes pousses belges. “Vis-à-vis de tels donneurs d’ordre”, souligne Philippe Rangoni, “nous avons en effet une obligation de résultat. Si nous ne trouvons pas, en Belgique, les start-ups qui répondent au besoin spécifié par la grande entreprise, nous nous devons d’élargir notre repérage à la scène internationale.” Pour cela, il compte activer les réseaux tissés antérieurement, lors de ses passages chez BetaGroup. L’exemple le plus récent étant sans doute Israël.
En quoi consistera ce matchmaking et à qui s’adressera-t-il? La première cible visée – “parce qu’il y a de la demande et parce que ces acteurs ont les moyens” – sera celle des banques, pour des projets essentiellement fintech, et les compagnies d’assurance.
Deuxième cible, avec un léger décalage dans le temps: les medtech.
Philippe Rangoni: Jouer les matchmakers entre start-ups et grandes ‘corp’ en quête de solutions innovantes.
Le principe? Le donneur d’ordre donne mission à startups.be de repérer et d’identifier, pour lui, un certain nombre de start-ups proposant des technologies ou services novateurs pouvant les intéresser. Philippe Rangoni se met en chasse, effectue un premier tri, présente les jeunes pousses sélectionnées au client.
Etape suivante: le lancement de “démonstrateurs” ou “proof of concept’ pour quelques clients de la grande entreprise concernée, qui serviront de cobayes (ou de pilotes). “Le processus peut être long”, soulligne Philippe Rangoni. “Il s’agit en effet, dans un premier temps, de déterminer avec la corp le type de structure qui l’intéresse: une jeune pousse qui en est encore au stade de l’ébauche, au stade de la spin-off par exemple, ou une jeune société qui a déjà acquis une certaine traction…
Il faut ensuite bien définir le besoin de ce gros acteur, si celui imaginé correspond réellement à ce qu’il lui faut, si le besoin est immédiat ou s’il peut se contenter d’un repérage précoce pour mise en oeuvre à moyen terme…” Viennent ensuite les phases de “scooting” (repérage effectif] et de mise en oeuvre des POC avec des clients-test.
Toujours à la demande de gros acteurs (les banques en priorité), des rencontres de type matchmaking pourront également être organisées, mettant cette fois directement en contact start-ups et clients de ces grandes entreprises. “Les banques, par exemple, subissent une intense disruption”, raisonne Philippe Rangoni. “Elles doivent réinventer les services qu’elles proposent. L’un d’eux peut être d’aider leurs propres clients à trouver des fournisseurs pour leur transformation numérique. Et, du même coup, de fournir un service d’un genre nouveau aux start-ups, en les mettant en contact direct avec des clients potentiels.” A défaut de financer les jeunes pousses, les banques joueraient donc aux intermédiaires…
“Facilitateur” en numérique
Côté francophone, l’espoir, à terme, de startups.be est être reconnu comme partenaire de référence et sous-traitant spécialisé en numérique par l’AWEX et le BIE (Brussels Invest & Export), à l’image de ce que l’organisation a obtenu du côté de la FIT flamande (Flanders Invest & Trade). “En raison de ce statut de sous-traitant, la FIT nous délègue tout ce qui est lié au secteur IT: réservation et animation de stands lors d’événements internationaux, sessions de préparation à la mission, prise de rendez-vous pour les start-ups avec les médias et des investisseurs potentiels à l’international… Nous espérons pouvoir développer une collaboration similaire avec l’AWEX et le BIE”, déclare Thibaut Claes.
Un rôle qui ne sera évidemment pas “innocent”, l’espoir étant de rééquilibrer quelque peu le financement dont bénéficie l’organisation et qui, du côté public, lui vient essentiellement de l’Agentschap Ondernemen (équivalent flamand de l’AEI – Agence pour l’Entreprise et l’Innovation) et de la FIT.
Précisons au passage que le financement de startups.be est assuré pour moitié par des acteurs publics (en ce compris l’AWEX, par exemple) et pour moitié par le privé, pour des missions de conseils et de matchmaking, comme on l’a vu plus haut. “Un financement par le privé est essentiel pour nous, notamment pour garantir notre indépendance, pour avoir davantage d’effet de levier, et pour générer des revenus qui viennent compenser d’autres domaines d’actions qui ne sont pas rentables, tels que l’organisation d’événements du genre “Failing Forward” ou des missions à l’étranger”.
Découvrez-nous sur Facebook
Suivez-nous sur Twitter
Retrouvez-nous sur LinkedIn
Régional-IT est affilié au portail d’infos Tribu Médias.