Parcours de start-ups – BetterStreet: “faire face aux vraies questions”

Hors-cadre
Par · 21/08/2013

Après le témoignage de Gary Gaspar (SwipeFeed), place à l’interview de Jean-Marc Poncelet  (BetterStreet) qui nous parle de son expérience de starter, passé par le Startup Weekend et Nest’Up. Deux étapes importantes dans son cheminement de l’idée de départ jusqu’à une première formulation de “business value”.

 

Régional-IT: Quelles furent les raisons qui vous ont poussé à participer au Startup Weekend de Liège et au Nest’Up? qu’en attendiez-vous? vos attentes de départ ont-elles été satisfaites, déçues?

Jean-Marc Poncelet: A l’époque du Startup Weekend, j’étais en plain questionnement professionnel. Avant mon boulot corporate [chez Belgacom et Proximus], j’ai travaillé dans une start-up [Smartizens, disparue depuis] et j’ai toujours été attiré par l’entrepreneuriat. Je me suis donc inscrit au Startup Weekend dans le but de rencontrer des gens dynamiques et de me connecter à cet éco-système. Mes attentes étaient relativement faibles.

Pour Nest’Up, le contexte était différent. Je planchais déjà sur BetterStreet depuis des mois mais ce n’est pas évident de tirer un projet un peu seul dans son coin, sans support. Nest’Up offrait un cadre, un processus et du coaching. J’ai pensé que cela cadrait tout à fait avec l’état d’avancement de mon projet. Cela avait l’air plus intensif que d’autres programmes de coaching et de suivi qui existent par ailleurs.

Qu’en avez-vous retiré? en termes de conseils reçus, de progression du projet, de contacts noués, de réseau constitué, de maturité personnelle, de pistes en termes de financement du projet et/ou de la start-up…?

Pendant le Startup Weekend, j’ai noué beaucoup de contacts et le week-end a rempli toutes ses promesses puisque cela m’a donné l’énergie nécessaire pour décider d’entreprendre la grande aventure. Maintenant soyons clair, je ne conseille à personne ce que j’ai fait car ce qu’on fait au Startup Weekend est réel mais trompeur. On donne l’impression que on peut créer une boîte en 54h mais rien n’est plus faux. Passer du prototype et de l’enquête trottoir à une vraie validation marché nécessite des mois d’investissements et de travail. Cependant, le Startup Weekend permet de démystifier ce qu’est la création d’entreprise, de comprendre la puissance du travail en équipes, de comprendre en quoi l’interdisciplinarité est importante.

Jean-Marc Poncelet (BetterStreet): “Startup Weekend sert une mise en bouche tandis que Nest’Up est un peu l’entrée. Le plat de résistance, c’est à l’entrepreneur de le fabriquer… et le dessert, c’est après, quand tout va bien et qu’on peut en vivre.”

Nest’Up est un Startup Weekend de 3 mois pour des projets et des équipes plus mûres qui ont pris la décision de consacrer au minimum trois mois au développement de leur idée. Nest’Up offre le cadre et le processus pour rendre une idée sérieuse et véritablement créer une société.

Startup Weekend et Nest’Up sont des initiatives complémentaires qui ont leur place dans la chaîne de l’entrepreneuriat. Startup Weekend sert une mise en bouche tandis que Nest’Up est un peu l’entrée. Le plat de résistance, c’est à l’entrepreneur de le fabriquer… et le dessert, c’est après, quand tout va bien et qu’on peut en vivre.

Quelle « valeur ajoutée » ces deux participations ont-elles apporté au projet, à vous-même?

Startup Weekend m’a donné l’énergie pour changer drastiquement de direction et me lancer dans l’aventure entrepreneuriale tandis que Nest’Up m’a donné un cadre pour pouvoir continuer dans les meilleures conditions.

Jean-Marc Poncelet (BetterStreet): “On peut critiquer ces programmes, les amender mais ils ont clairement leurs rôles dans une Wallonie en redéfinition où on doit donner le goût aux jeunes d’entreprendre et d’être innovant.”

Quels ont été les principaux points d’inflexion pour l’évolution du projet?

Fondamentalement, la vision du projet n’a pas beaucoup bougé depuis le Startup Weekend de Liège mais le message et la stratégie marketing ont fondamentalement changé. BetterStreet est maintenant un outil de gestion pour les communes qui permet une interaction avec les citoyens tandis qu’au départ, c’était une sorte d’outil citoyen qui interagissait avec les communes.

Ces deux « étapes » (Startup Weekend de Liège et Nest’Up) étaient-elles nécessaires? que n’auriez-vous pas pu accomplir (ou pas dans les mêmes conditions) sans elles?

Oui. BetterStreet n’existerait pas sans le Startup Weekend. Ce n’est pas évident d’être un entrepreneur. Cela implique souvent d’être seul par rapport à des choix difficiles. Etre entouré et conseillé est donc extrêmement important. Bien sûr, vous pourriez vous passez de tout cela mais vous auriez moins d’entrepreneurs, moins de chances de succès. Ce serait comme Darwin: seuls des entrepreneurs très motivés et très résiliants arriveraient à créer quelque chose. Les autres se décourageraient en cours de route ou seraient épuisés de leur trajet.

On peut critiquer ces programmes, les amender mais ils ont clairement leurs rôles dans une Wallonie en redéfinition où on doit donner le goût aux jeunes d’entreprendre et d’être innovant.

Les industries qui emploient des milliers de personnes, c’est terminé et cela ne reviendra sans doute jamais. Il est donc vital de générer beaucoup de petites entreprises en comptant sur le fait qu’au final, dans quelques années, on aura quelques fleurons, qui créeront des emplois, soit directement ou indirectement.

Quel fut le rôle des coachs ou mentors dans chaque cas? cela a-t-il répondu à ce que vous en attendiez? qu’auraient-ils pu (ou dû) apporter de plus ou de différent?

Les coachs jouent un rôle d’avocat du diable en vous interrogeant sur chaque aspect de votre entreprise et en vous obligeant à regarder en face des éléments que vous auriez tendance à ignorer. C’est tellement exigeant psychologiquement d’être entrepreneur que vous avez tendance à ne pas vouloir faire face à des questions importantes. Les coaches, en n’étant pas émotionnellement engagés dans votre entreprise, vous aident à faire face à ces questions.

Quelles propositions feriez-vous pour modifier, améliorer ces deux types d’encadrement de starters (Startup Weekend de Liège et Nest’Up)? sont-ils, à votre avis, suffisamment inscrits dans un écosystème, une continuité?

L’éco-système est en construction et de nombreuses étapes ont été franchies. L’argent reste cependant le nerf de la guerre. Aux Etats-Unis, l’écosystème fonctionne parce que à la fin du cycle, des entreprises se font racheter par des géants pour des millions de dollars, qui peuvent du coup être réinjectés dans le système et alimenter le pipeline de création d’entreprises [voir, à ce sujet, l’avis concordant émis par Xavier Damman (Sotirfy) que nous avons eu l’occasion d’interviewer en juin]. Donc, ce qui manque actuellement, ce sont des acteurs actifs en seed capital [capitaux de départ, d’amorçage], qui ont des critères de risque différents des acteurs traditionnels. Je pense qu’à ce stade-ci, tant que l’écosystème complet n’est pas prêt, seul le public peut jouer ce rôle. Pour le moment, j’ai investi toutes mes économies afin de réaliser ce projet mais peu de personnes sont prêtes à faire ce genre de chose. C’est normal de prendre des risques mais si on veut plus d’entrepreneurs, il faut de l’argent dans le système afin que des personnes qui n’ont pas de fonds propres mais qui ont des idées ou des compétences puissent également entreprendre.

Donc à ce stade de l’éco-système, il y a un manque d’argent à la base, dans la phase “seed”, et également à la sortie, dans la mesure où peu de boites se font racheter.