R.I.P. Nest’Up. Place à Startup Camp

Hors-cadre
Par Benoît Lips · 02/06/2017

Héritier du programme d’accélération Nest’Up, son successeur “Startup Camp” a été inauguré dans 4 écosystèmes de Wallonie (Liège, Mons, Namur et Louvain-la-Neuve).

Voici 4 ans, lorsque Nest’Up a vu le jour, il avait pris pour modèle l’approche TechStars: 12 semaines structurées en 3 phases majeures (découverte/identification de la cible de clientèle, conception de la proposition de valeur et du MVP, pitch).

Ce format a été testé lors des 4 premières éditions. Rapidement, toutefois, on s’est rendu compte que cette approche échelonnée avait ses limites. La principale vient du fait que les équipes n’évoluent pas toutes à la même vitesse et qu’il était difficile d’intégrer les inévitables “pivots” dans un programme commun.

Autre écueil: l’apport méthodologique ne dépassait pas le cadre du programme. Notre volonté était à la fois de faire en sorte que les entrepreneurs puissent profiter d’une plus grande flexibilité pour évoluer au rythme de leurs avancées et validations et de développer une approche qui perdure au-delà du programme.

Si les premières start-ups qui ont rejoint le programme avaient probablement déjà assuré une large maturation de leur démarche, avant-même de démarrer Nest’Up, ce n’était pas réellement le cas lors des éditions suivantes. Le battage “moi aussi, je veux lancer ma start-up” était passé par là !

Au risque d’en effrayer certains, ce n’est généralement pas en l’espace de trois mois, même dans un tel format intense, qu’on est en mesure de fournir des réponses validées à toutes les questions qui se posent à une start-up.

Changement de méthode

C’est sur la base de ce constat qu’une version revue et corrigée du programme Nest’Up fut testée lors des 4 éditions suivantes.

Benoît Lips: “Ce n’est pas en 3 mois que l’on peut donner des réponses validées à toutes les questions qui se posent à une start-up.”

Après une phase de lancement commune à tous, chaque équipe progresse au rythme d’une “expérience” par semaine. Chacune se focalise sur son hypothèse-clé. Qu’il s’agisse de procéder à des “entrevues de découverte”, de tester la traction d’une page d’accueil, de co-créer une proposition de valeur avec les clients ou de tester du lean pricing, pour ne citer que quelques exemples, le principe est toujours le même: identifier l’hypothèse-clé en début de semaine, formuler les hypothèses, concevoir l’expérimentation la plus “lean” possible pour tester l’hypothèse, et passer à l’exécution le plus vite possible pour disposer des résultats au plus tard pendant le week-end, et enrichir l’acquis avant de réitérer la semaine suivante.

Cette nouvelle formule qui se traduit par un programme de trois mois dédié aux équipes a instillé une réelle dynamique mais restait inaccessible à ceux ne disposant pas d’une équipe ou qui n’avaient pas la possibilité de se libérer pour une longue période.

Lancer la mécanique

Voilà pourquoi un format plus ramassé, baptisé “Startup Camp”, s’étalant sur 6 semaines, à raison de 2 jours et demi par semaine, a été déployé en Wallonie depuis le début du mois de mai. Ouvert à tous (toutes), son principal objectif est de “lancer” les entrepreneurs.

Etant donné qu’il est impossible de condenser le programme de trois mois d’un accélérateur classique dans une version restreinte, il était nécessaire de faire des choix au niveau du contenu. Impossible, bien entendu, de faire l’impasse sur l’approche “lean startup” que de plus en plus de personnes connaissent mais sans l’avoir jamais réellement mise en pratique. Tous les participants le disent: avoir lu le livre d’Eric Ries (“Lean Startup”) et le mettre en pratique dans un contexte concret n’est absolument pas la même chose !

“Ouvert à tous, en équipe ou en solo, le principal objectif est de “lancer” les entrepreneurs.”

Par ailleurs, sur base de toutes les éditions antérieures et l’expérience acquise avec les dizaines de start-ups accompagnées, nous avons choisi et adapté le mode d’accompagnement afin de combler les lacunes les plus flagrantes auxquelles de nombreux porteurs de projet font face. Pour ne citer que quelques exemples: un manque de confrontation avec la réalité économique de l’aventure entrepreneuriale, l’absence de métriques – en particulier, d’indicateurs clé -, le manque de vitesse ou d’agilité dans le déploiement des solutions.

Dernier élément, bien entendu, le pitch, qui demeure un outil indispensable mais souvent mal maîtrisé par beaucoup.

Pour permettre aux participants de prendre conscience de l’importance du modèle économique et des ventes, la première semaine les a plongés dans un challenge commercial. Quel que soit le stade d’avancement de leur solution, ils ont eu une semaine pour enclencher les ventes et engranger des euros ! Pour certains, il s’agissait clairement de “vendre avant de créer”. D’autres ont été obligés de boucler des négociations qui avaient été entamées depuis quelque temps déjà.

Déstabilisés dans les quelques heures qui ont suivi l’annonce du challenge, la grande majorité des participants ont très bien réagi, ont imaginé des solutions créatives et se sont lancés dans le défi.  Dans l’ensemble, tous ont beaucoup appris, tant à propos de leur propre aptitude à vendre qu’en termes d’intérêt que porte le marché à leur solution. Certains ont vu leurs certitudes réduites en morceaux dès les premières heures !

Le deuxième défi, qu’ils sont en train de relever, consiste à identifier leur hypothèse majeure et à réaliser une “expérience” afin de la valider ou de l’invalider, d’un point de vue quantitatif.

Et, bien sûr, le coaching les a menés à positionner ces hypothèses essentielles dans la perspective client — et non en termes de faisabilité technique — et à mettre en place les éléments qui permettent de mesurer les paramètres qui ont un lien avec l’acquisition ou la conversion client. Nul doute que cette nouvelle série d’expériences soit l’occasion de nouvelles surprises !

Benoît Lips

Lean Startup Coach