Choqué à la lecture du texte “Coup de semonce du côté de Google” paru dans la rubrique Tribunes [Ndlr: rédigé et signé par LCL], j’ai fait part de ma désapprobation quant à son contenu à l’équipe de Régional-IT qui m’a gentiment ouvert ses colonnes, afin d’y poster mes propos.
Je tiens à préciser que je n’ai aucun lien commercial avec Google, ce dernier étant en fait plutôt un concurrent pour mon entreprise.
Simplement, j’estime qu’avec un marché qui affiche les 6 milliards de chiffre d’affaires pour le deuxième trimestre 2015, il y a de la place pour tout le monde et que condamner toute une profession suite à un incident est totalement disproportionné.
Non, nos clients ne sont pas des idiots aveuglés par le marketing
Le texte commence par cette phrase: “En dépit du bon sens, les entreprises continuent d’acheter des services cloud, armées de leur seule carte de crédit.”
Cette phrase exprime donc que les entreprises qui font le choix du cloud le font sans réfléchir, puisque uniquement armées d’une carte de crédit.
Brice Cornet: “Croire que les entreprises posent le choix de la pérennité de leurs données uniquement sur un nom, c’est réellement méconnaître l’intelligence des dirigeants des entreprises.”
Sur 400 demandes traitées par un agent commercial de niveau 1 chez nous, en une semaine, 27,8% des clients demandent une explication claire sur l’un ou plusieurs des sujets suivants: le politique d’hébergement, la politique de back-up, la politique en termes de disaster plan, la politique en termes de monitoring server.
Nous parlons donc d’un quart des clients potentiels, qui se sont renseignés au sujet des termes et moyens techniques, afin d’avoir un échange constructif et précis avec un fournisseur.
Toujours sur ces 400 demandes, 87,3% testent et comparent d’autres solutions CRM avant de nous choisir (ou non).
L’article poursuit: “Google a fait un bon boulot marketing: les gens lui font confiance parce qu’ils veulent réellement croire qu’un nom aussi connu figure probablement parmi ce qui se fait de mieux.”
Croire, qu’en 2015, les entreprises posent le choix de la pérennité de leurs données, de la protection de leur patrimoine commercial et administratif, uniquement sur un nom, ou une publicité bien ficelée, c’est réellement méconnaître l’intelligence des dirigeants des entreprises, l’attachement qu’ils ont à poser les meilleurs choix, en fonction de leurs besoins, moyens et possibilités.
Le mythe d’une informatique infaillible
Oui Google a fauté. Je ne le nie pas: le fait que leur plan de back-up n’ai pas fonctionné est une réalité, une réalité grave.
Cependant, entre professionnels, restons honnêtes.
Qui peut mettre par écrit dans ses contrats, qu’il garantit une infrastructure 100% sécurisée, sans aucun risque de perte de données ou de problèmes techniques?
Personne ! Et c’est bien pour cela que tout fournisseur indique dans ses contrats la notion de cas de force majeure: “De façon expresse, sont considérés comme cas de force majeure, outre ceux habituellement retenus par la jurisprudence des cours et tribunaux, les grèves totales ou partielles, internes ou externes à l’entreprise, intempéries, épidémies, blocage des moyens de transport ou d’approvisionnement, pour quelque raison que ce soit, tremblement de terre, incendie, tempête, inondation, dégâts des eaux, restrictions gouvernementales ou légales, modifications légales ou réglementaires des formes de commercialisation, blocage des télécommunications et tous les autres cas indépendants de la volonté expresse des parties empêchant l’exécution normale de la présente convention.”
La (mal)chance d’être frappé par la foudre est de 1 sur 250.000.
Google aurait dû le prévoir? Oui il l’a prévu, mais n’a pas testé.
Est-ce une faute réelle? En tant que professionnel, je ne peux pas prétendre que nos simulations de foudre sont réellement efficaces. Pour que cela soit efficace, il faut que la foudre tombe réellement.
Si cela m’arrivait, chaque serveur de nos clients est synchronisé en temps réel avec un autre serveur dans un autre data center distant de 2.000 km. Chaque serveur est back-upé 4 fois par jours.
Est-ce que notre infrastructure est dès lors sécurisée à 100 %? Je ne peux pas le garantir et aucun fournisseur ne le peut. Je peux simplement garantir que nous mettons en place tous les moyens humains, techniques et financiers possibles afin de fournir la plus haute sécurité que nous puissions fournir.
Est-ce que Google l’a fait? Je n’en sais rien du tout. Google est un géant: il est donc facile de supposer, spéculer. Pour avoir une réelle réponse, il faudrait qu’un groupe indépendant analyse réellement les faits, sur place.
In fine, le sens de ma réponse, est que si l’auteur du texte voulait pointer une faute technique, il pouvait le faire, mais d’une manière éducative, en détaillant en profondeur les bonnes pratiques; pas en mettant au banc des accusés, une entreprise, une corporation professionnelle d’éditeurs de solutions et/ou d’infrastructure, et des clients.
Malgré cet incident, je reste persuadé que mes collègues, acteurs du cloud, de grande ou petite taille, ont a cœur de respecter l’engagement qu’ils ont pris envers leurs clients et que ces clients ont posé des choix raisonnables et raisonnés.
Brice Cornet
CEO de Simple CRM
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