Le petit monstre du Lochness version wallonne (mais est-ce vraiment une spécificité locale?) a re-pointé le bout cornu de son nez vendredi dernier lors du lancement officiel de la Programmation 2014-2020 des projets de financement Feder-FSE…
Ce petit monstre se prénomme “Et moi? et moi? et moi?”.
Dans le cadre des financements 2014-2020, la redynamisation de certains territoires passera, selon les critères appliqués, par une certaine “préférence” donnée aux grandes métropoles wallonnes qui ont eu à souffrir de la déconfiture industrielle de ces 30 dernières années. Ce qui, chez nous, signifie clairement Liège et Charleroi (lire notre article pour plus de détails). De quoi faire surgir Mr Lochness. “Des zones comme Philippeville ou Dinant n’ont-elles aucune chance de voir des projets retenus?”, s’interrogeait un certain Richard Fournaux, l’autre homme-au-pap wallon…
Au-delà de la mise au point fournie par le porte-parole du Cabine Demotte (cf. ce même article), voilà qui remet en lumière ce fameux réflexe sous-régionaliste, “clocher-centrique”, et la manière de le combattre. C’est tout le débat de la nécessité, de l’opportunité et de la logique d’une “spécialisation intelligente” qui, idéalement, pourrait être – géographiquement – plus transversale que la quête d’une “juste répartition” des oboles et projets.
Il y a là un long cheminement encore nécessaire vers une sorte de politique et de “singularisation” par le mérite. Si une région, sous-région, métropole – ou, pour le même prix, une simple entreprise – veut se distinguer de la masse, se faire remarquer, se faire une place au soleil, elle devrait commencer par faire la preuve de ses compétences ou de sa volonté à se les procurer. Aides-toi et le ciel, la Région, les détenteurs de capitaux et/ou ressources t’aideront… Au lieu d’attendre une manne céleste arrosant un terrain stérile ou mal ensemencé, il est nettement préférable de faire pousser un minimum de compétences et de valeur ajoutée afin que ce soit les autres qui aient le regard attiré vers cette terre qui a soif.
L’esprit sous-régionaliste, basé sur le “moi aussi, j’ai droit à… parce que d’autres ont eu quelque chose”, a encore la vie dure. La Belgique n’est plus à un néologisme près. Osons donc le concept d’inter-sous-régionalisme. Celui qui permettrait de voir plus loin que l’horizon de son jardin, de son patelin, de sa province.
Un projet, une structure d’accompagnement économique naît en un point x et fait ses preuves? Alors pensons, non pas à l’imiter en la dupliquant, mais en jouant la carte de la mutualisation, de la contagion “intelligente”. Cela suppose, bien entendu, un minimum d’ouverture, de mobilité des idées et des compétences. Mais pourquoi serait-ce si difficile de “s’expatrier” à 50 ou 100 kilomètres de son lieu de naissance pour aller chercher les ressources là où elles sont alors qu’il semble parfois si aisé de franchir les océans (l’Atlantique en particulier) pour aller tester la couleur de l’herbe et de l’oseille aux antipodes de la terre natale?
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