Une journée de “remue-méninges”, avec 10 thèmes de réflexion, a marqué le coup d’envoi, cette année, de la Semaine de Créativité wallonne, placée sous le thème “Make Wallonia”.
Le lieu où elle s’est déroulée se voulait emblématique: le Parlement wallon, ouvert pour un jour à la participation citoyenne.
Parmi les thèmes qui furent étudiés tout au long de la journée: comment exploiter les nouvelles technologies et les méthodes de créativité et de co-création pour rapatrier chez nous des activités de production – ou éviter qu’elles ne jouent les filles de l’air?
L’idée, au départ, avait été d’impliquer les parlementaires eux-mêmes dans l’exercice. Mais ils furent plus malheureusement peu nombreux au rendez-vous.
11 parlementaires et attachés, seulement, s’étaient inscrits – ce qui ne voulait pas dire qu’ils aient tous été présents… Certes, quelques-uns avaient sacrifié, en mars, à un petit exercice préparatoire destiné à les initier brièvement aux méthodes de créativité (idéation, impro, co-création et co-développement) et à leur faire identifier des thèmes et problématiques sur lesquels les participants à la journée Make Wallonia pouvaient concentrer leurs réflexions pour (re)mettre la créativité et le numérique au service du renouveau économique et/ou social de la Wallonie.
Mais les questions et thèmes proposés par les parlementaires (de toutes couleurs politiques, précisons-le) étaient souvent trop génériques et vagues pour amorcer un véritable travail. Du genre: “comment améliorer le développement d’entreprise en Wallonie ; comment améliorer le développement technologique en Wallonie…”
Pour aiguiller la réflexion vers du concret, les organisateurs de la Semaine de la Créativité avaient dès lors imposé une contrainte supplémentaire: imaginer des projets (ou esquisses de projets) qui puissent se concrétiser en l’espace de 30 jours, et servir de tremplin pour des développements de plus longue haleine.
David Valentiny (Creative Wallonia Engine): “Nous sommes ravis d’avoir créé une initiative qui associe démocratie et co-création, dans un espace emblématique et avec plus de 100 profils très très variés. Il n’y a pas de raison pour que les méthodes créatives et collectives se limitent à la création de start-ups. Autant les utiliser aussi sur la place publique!”
10 thèmes pour une journée
Retour à l’expéditeur
Les idées nées au cours de la journée et les premiers projets qui auront été initiés dans la foulée feront l’objet d’un rapport qui sera soumis aux parlementaires wallons. “Après la Semaine de la créativité”, indique David Valentiny, directeur de Creative Wallonia Engine, “nous allons organiser un retour vers l’ensemble du Parlement, au travers des vidéos réalisées [compte-rendu visuel des résultats de chaque atelier] mais aussi au travers de fiches-projets pour chacun des projets créés. Un retour vers les opérateurs de Creative Wallonia [lisez: partenaires et organismes divers évoluant dans la sphère de Creative Wallonia] sera également organisé.
Plusieurs co-créateurs [participants à la journée] sont revenus vers nous avec la volonté de monter les projets imaginés dans leur groupe. En mai, nous organiserons les réunions de projets avec les organisations et les personnes qui souhaitent s’impliquer.
Une centaine de participants se sont présentés à cette journée Make Wallonia, venant de tous les horizons de la société: chefs d’entreprise, animateurs d’ateliers créatifs ou de fab lab, universitaires, responsables d’organes d’encadrement d’entreprises (start-ups comprises) ou des différents hubs créatifs wallons, étudiants, consultants spécialisés en marketing ou Internet, artistes…
Par contre, comme signalé ci-dessus, on pouvait regretter la faible représentation des Parlementaires ou assistants.
Pour les travaux proprement dits, 10 thèmes avaient été retenus: technologie, mobilité, économie, entrepreneuriat, apprentissage, santé, énergie, habitat, culture, agriculture.
10 thèmes donc pour autant d’ateliers de co-création réunissant chacun une dizaine de participants. L’occasion pour eux aussi de découvrir er de mettre en pratique les diverses “techniques” de créativité: impro, idéation, co-développement…
Ré-ensemencer l’économie
Il n’y avait qu’un pas entre la thématique “Make Wallonia” et le “made in Wallonia” que Paul Magnette, la veille, lors de son discours au Parlement, avait appelé de ses voeux.
On a en effet retrouvé le raisonnement “fabriquer wallon” dans quelques passages du discours d’André Antoine, premier orateur de la journée “remue-méninges” – et qui relayait en fait le message émis par le Ministre-Président.
Ce fut aussi l’un des fils rouges de l’atelier Technologie.
Comment exploiter les nouvelles technologies et les méthodes de créativité et de co-création pour rapatrier chez nous des activités de production – ou éviter qu’elles ne jouent les filles de l’air?
Comment conscientiser le plus grand nombre à la nécessité mais aussi aux potentiels concrets, économiquement et socialement parlant, d’une économie locale ?
Comment démontrer que le concept d’“industrie 4.0” n’est pas réservé aux mastodontes industriels mais peut aussi redynamiser le tissu économique typique de la Wallonie ?
Au fil des échanges, plusieurs éléments ont émergé. Telle cette conviction que si la technologie est omniprésente et si l’automatisation est nécessaire et incontournable, elles ne peuvent être appliquées sous une forme brute. Il faut y ajouter des éléments d’enrichissement des processus (semi-)automatisés par l’expertise humaine, favoriser la créativité (en ce compris logicielle et algorithmique) pour imaginer des solutions davantage en prise avec les attentes et besoins locaux (condition de réancrage des activités), mieux exploiter les richesses de l’intergénérationnel (au lieu d’accepter les fractures entre générations, encore aggravées par la déferlante technico-numérique), promouvoir et défendre la création de propriété intellectuelle…
Convaincre les jeunes générations
Il faut aussi commencer par adresser des défis et problèmes fondamentaux. Telle qu’une attractivité encore très partielle des fab labs, qui ne passionnent que les “geeks” ou les étudiants. Convaincre de l’utilité et des potentiels du numérique mis au service de l’industrie (grande, petite, voire micro) passera par un effort de conviction et de démonstration plus large, tous publics confondus.
Autre écueil confirmé: l’incompréhension qu’ont encore nombre de jeunes, au stade des études (secondaires, notamment), de ce qu’est réellement le monde industriel d’aujourd’hui. Pour faire tomber les réticences et désintérêts des jeunes pour les métiers techniques, numériques ou associés au phénomène des “makers”, l’atelier Technologie a proposé diverses actions:
- développement d’une appli en mode gamification que les adolescents pourraient s’approprier pour découvrir les dessous d’un métier, d’une technologie, de l’automatisation (sous toutes ses formes – jusqu’aux nouvelles générations de “cobots” (robots collaboratifs” et autres robots virtuels qui pilotent en sous-main les processus en-ligne, applis… ; une appli qui pourrait permettre à son jeune utilisateur d’endosser à tour de rôle plusieurs rôles (designer, idéateur, “maker”, responsable de ligne de production, chef d’entreprise…) et découvrir les effets de chaque décision ou simulation
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Découvrir, s’essayer, inventer grâce aux nouvelles technologies numériques…
implanter plus largement des fab labs dans les écoles ou permettre aux élèves ou étudiants de choisir entre un cours de type “maker” parmi une série d’options
- organiser des sessions d’informations plus systématiques entre entreprises et acteurs industriels (de toutes tailles et tous secteurs confondus) et étudiants – que ce soit dans l’enceinte des écoles ou en visite en entreprise
- prévoir un label qui serait décerné aux sociétés accumulant un maximum de paramètres liés au concept de conception-production locale.
Autre proposition: faire germer davantage d’idées – et de porteurs d’idées – en ce compris ceux qui ne savent pas très bien encore comment ils pourraient formaliser et mettre à contribution des compétences et talents parfois encore insoupçonnés. Comment: en faisant découvrir – en ce compris aux chercheurs d’emplois et personnes “activables” ou en quête de reconversion – non seulement les outils techno-numériques mais aussi en les faisant rencontrer des acteurs de terrain, aux multiples profils.
Rencontres classiques ou par le biais de plates-formes en-ligne, de type places de marché où la denrée serait la compétence.
De quoi multiplier ce qu’on appelle les “rencontres improbables” qui débouchent parfois sur des idées et concrétisations inattendues.
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