Qui sont les acteurs – de tous poils – qui évoluent en cercles concentriques autour des jeunes pousses et des néo-entrepreneurs, leur permettant de se développer? Start-ups, entrepreneurs en herbe ou ayant déjà un beau palmarès à leur actif, incubateurs, communautés, ressources en conseils ou accompagnement, organisateurs d’événements, opérateurs d’espaces d’accueil… se sont multipliés, comme des champignons, en Belgique ces dernières années.
Omar Mohout du Sirris s’est livré à un exercice digne d’un bénédictin pour vous dresser la carte de cet “écosystème” bouillonnant. Nous vous invitons à le découvrir en deux étapes. De quoi se rendre compte que si les acteurs francophones – Wallons et Bruxellois – ne sont pas en majorité dans ce paysage, ils sont loin d’en être absents, se positionnant même souvent en pointe dans leur créneau ou positionnement.
Des noms parmi bien d’autres (côté francophone)? SoftKinetic, Odoo (ex-OpenERP), TweetWall Pro, Freedelity, Nest’Up, LeanSquare, WSL, La Faktory, Famest, Frimgle, ListMinut, TagTagCity, TUZZit, Storify (via Xavier Damman), CoWallonia, Startup Weekend, MIC, Cafés Numériques, etc. etc. Une (re)découverte énergisante de nos ressources et potentiels…
La Belgique est le port d’attache d’un paysage start-up bouillonnant, actif et en forte croissance. Les Startup Weekends, hackathons, Café Numériques, Meetups, Open Coffees, événements et ateliers en tous genres sont devenus monnaie courante, dans chaque coin du pays. Chaque ville digne de ce nom a désormais son propre programme d’accélération. Les espaces de coworking se multiplient comme des champignons. Des mentors aux profils divers proposent leurs services. L’offre est à ce point importante que l’on a l’impression qu’il y a désormais plus d’activités d’encadrement que de start-ups alors que tout devrait s’articuler autour des chercheurs d’or (les jeunes pousses) et non autour des vendeurs de pioches (prestataires de services).
Tout est-il pour autant pour le mieux dans le meilleur des belgo-mondes? Loin s’en faut. Les business angels et capital-risqueurs pour phases initiales sont rares et il nous manque toujours un “parrain” du genre Fairchild ou Paypal. Il faut encore s’armer d’une loupe pour dénicher, dans le secteur technologique, des entrepreneurs ayant récolté les fruits d’une belle “exit” et prêts à réinvestir leur temps et leur argent dans l’écosystème start-up. L’esprit entrepreneurial des employés et des étudiants est (trop) faible et les sociétés en croissance qui percent à l’international se comptent encore sur les doigts des deux mains.
D’un point de vue géographique, le paysage des start-ups technologiques se concentre autour des pôles de Bruxelles, de Gand et d’Anvers. Dans cet ordre. Toutefois, aucune de ces villes ne joue les premiers ni même les seconds violons à l’échelle européenne. Le peloton de tête des villes européennes se compose de Londres, Paris et Berlin. Les villes de second rang sont Amsterdam, Stockholm, Dublin, Barcelone, Helsinki et Copenhague. Ce n’est qu’en collaborant et en coordonnant nos efforts que nous réussirons – en tant que pays ou région – à nous hisser en tête de peloton.
#BeTech Startups
Nomadesk, Softkinetic, CV Warehouse, Adam Software, Inventive Designers et Oxynade sont autant de sociétés technologiques qui, aujourd’hui, ont atteint leur maturité. Toutes ont réussi l’étape du “crossing the chasm”. Tout comme TweetWall Pro, Posios, Zerocopy, Zentrick, Cognistreamer, BrandNewHealth, Woorank, Metrilio, Creax, Freedelity, smartcheckups et Moovly.
Déjà, la génération suivante de start-ups présentant un énorme potentiel de croissance piaffe au portillon. Parmi elles, Famest, Argus Labs, Frimgle, Zenjoy, ListMinut, Wigoh, Survey Anyplace, Zensor, TagTagCity, TUZZit, Darwin Analytics, NeoScores, Wondergraphs, ProSoccerData, Ometa, MotoSmarty, BeatSwitch, Viloc et Parleys.
Sans oublier nos “hauts potentiels” qui font des étincelles au pays doré des start-ups que sont les Etats-Unis. Nous avons nommé notamment Engagor, Sparkcentral, ShowPad et Frontback.
Nous ne faisons aussi mieux que nous défendre dans le registre des start-ups open source. Avec Dirk Frigne (Geosparc), Fabien Pinckaers (Odoo, anciennement OpenERP), Dries Buytaerts (Drupal), Johan De Taeye (Frepple) et Bruno Lowagie (iText), les indispensables expertises et thought leadership sont largement présents. Une poignée de start-ups technologiques belges ont d’ores et déjà réalisé de bien belles exists. Citons ainsi Clear2Pay (375 millions d’euros), Ogone (360 millions), Immoweb (127,5 millions) et Twoo (18,9 millions). Ou, plus récemment, Ubizen et LMS (600 millions d’euros). D’autres start-ups, telles que Radionomy et Knowledge Plaza, se sont quant à elles engagées dans une chasse à l’acquisition.
Pas de #BeTech mais du #BeTouch
On relève également des entrepreneurs belges qui prospèrent joliment aux States. Acquia (Drupal) est en passe de réaliser une IPO. Scanadu, du génial Walter de Brouwer, tente de révolutionner le monde médical. D’autres, tels que Xavier Damman de Storify, mènent parfaitement leur barque. Sunrise, l’appli agenda très prisée de Jeremy Le Van, a récolté 4,5 millions d’euros supplémentaires à l’occasion d’un tour de table Série A, après s’être déjà fait les dents sur une levée de 1,7 million récoltée auprès d’investisseurs aux noms ronflants.
#FinTech
Nous ne sommes bien sûr pas Londres mais les Belges n’en ont pas moins une riche histoire à leur actif en matière de FinTech. Avec des sociétés telles que Callataÿ & Wouters, Clear2Pay, Capco, SWIFT, BSB, Keytrade Bank, Banksys, Isabel mais aussi Vasco et Ogone, nous faisons plus que nous défendre. Aujourd’hui, la plupart de ses sociétés sont tombées dans des mains étrangères mais cela en dit long sur notre potentiel d’innovation. Les FinTech sont un héritage source d’inspiration, venu d’une époque où les banques belges étaient encore à l’avant-garde.
Le spectaculaire déclin de nos banques, en 2008, a toutefois sonné – définitivement – le glas de cette ère dorée. Néanmoins, une nouvelle génération FinTech a vu le jour: les start-ups DiscoverEdge, Benki, Twikey, Sign2Pay et Edebex travaillent d’arrache-pied pour se transformer en étoiles montantes.
Accélérateurs
Commençons ici notre petit tour d’horizon en nous arrêtant tout d’abord dans le sud du pays. L’activité start-up est en effet très présente également au sud de la frontière linguistique.
Nest’Up est un accélérateur, inspiré de TechStar, soutenu par les pouvoirs publics wallons, dirigé par Olivier Verbeke. Parmi les “alumni” célèbres qui en sont sortis, citons Famest, BetterStreet, HSTRY, ilooove.it et Sortlist. Grâce à Nest’Up, un joli petit écosystème start-up est en train de voir le jour à Louvain-La-Neuve. On y trouve à la fois un Lean Fund – de l’argent donc – et un Lean Reactor – source de coaching – intégré à l’incubateur technologique Creative Spark. Avec l’inauguration d’un Café Numérique à Louvain-La-Neuve – le onzième en Wallonie et à Bruxelles -, cette grappe numérique, située à l’AxisParc (Mont-Saint-Guibert), prend le chemin de la pérennité.
Des Microsoft Innovation Centers ont vu le jour à Mons et à Bruxelles. Cette collaboration public-privé s’est également installée à Courtrai et à Genk, en 2012, se focalisant en Flandre sur l’e-health (secteur des soins de santé et du bien-être) sous la direction de Peter Dedrij.
Citons encore, parmi d’autres accélérateurs dans le paysage wallon, Cap Innove [Nivelles], placé sous l’égide de l’éminente Solvay Business School. WSL, orienté matériel, connaît une croissance rapide et s’est spécialisé dans les sciences de l’ingénieur. Il est présent dans quatre villes: Spa, Louvain-la-Neuve, Charleroi et Mons. Citons encore Cide Socran [Liège] qui accueille des start-ups non technologiques.
La Faktory est un nouvel accélérateur de start-ups liégeois, initié par Pierre L’Hoest, le fondateur d’EVS, chef de file mondial des ralentis vidéo. Outre l’accélérateur, on y trouve un fonds d’investissement. Cible: des start-ups à orientation industrielle qui peuvent émarger au programme pendant une durée allant jusqu’à deux ans.
Toujours à Liège, l’incubateur de start-ups LeanSquare a ouvert ses portes. Il se propose d’accompagner une dizaine de start-ups pendant 3 à 9 mois pour les aider dans leur ‘go-to-market’. Ici aussi, il s’agit de jeunes pousses qui ont dépassé l’instant magique de l’adéquation produit/marché et qui veulent passer à la phase de réelle croissance. LeanSquare est désormais dirigé par Ben Piquard, un vétéran venu du Microsoft Innovation Center.
Pour en terminer avec la Wallonie, ajoutons encore l’accélérateur corporate de NRB. Ce groupe de services IT veut en effet investir dans des start-ups qui peuvent faire office de levier pour son coeur d’activité.
Passons à Bruxelles. Co.Station était le “new kid in town”. Créé au début 2014, il était rapidement devenu l’épicentre du monde start-up dans la capitale. En dépit de la présence de dirigeants expérimentés, d’une base financière solide et d’excellentes relations professionnelles tissées jusqu’au coeur de la Silicon Valley, le conte de fées a pris fin. Pour l’instant du moins. Espérons que ce magnifique espace de co-working, au coeur de Bruxelles, qui dispose du plus bel espace de ‘pitch’ du pays, renaîtra rapidement de ses cendres.
Le Founder Institute, lui, est de retour. Après plusieurs années de silence, il refait surface cette année. Cet accélérateur, créé par l’entrepreneur récidiviste Adeo Ressi, originaire de San Francisco, est présent dans 40 pays. En Belgique, le redémarrage de l’accélérateur a été confié à Bryan Cassady et Pieter Dubois. Nulle part ailleurs en Belgique, vous ne trouverez de meilleur lien vers un réseau de mentors international.
Sans faire de vagues, Startathlon, le programme d’accélération de Sirris (centre collectif de l’industrie technologique), en est pour sa part à sa cinquième saison. Il se concentre sur les start-ups SaaS qui désirent réussir leur croissance. A chaque édition, 7 start-ups se voient ouvrir un accès à l’un des meilleurs réseaux de mentors du pays, sous la férule expérimentée de Peter Verhasselt.
inQube, à Bruxelles, est une initiative du Digital Leadership Institute. Cet accélérateur européen dirigé et dédié aux femmes a pour objectif d’amener davantage de femmes à la tête de start-ups. C’est en effet une réalité: les femmes sont sous-représentées dans le monde des jeunes pousses.
Dans la deuxième partie [à paraître cette semaine] de ce panorama de l’écosystème belge des start-ups, vous découvrirez les acteurs qui opèrent sur la scène flamande ainsi que les différents organismes qui se positionnent, à travers le pays, dans des rôles complémentaires: grappes thématiques (notamment dans le domaine du marketing), animateurs de communautés de jeunes pousses, espaces de coworking, ponts jetés entre le sud et le nord du pays…
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