Les participants au hackathon “Citizens of Wallonia”, qui s’est déroulé à Mons ce week-end, étaient venus assez nombreux au rendez-vous mais sensiblement moins nombreux qu’espéré au départ puisqu’on en a dénombré un peu plus de 70 (contre l’espoir initial de 150).
L’affluence honorable, mais pas exceptionnelle, a par ailleurs péché par un manque de développeurs parmi les hackathoniens. Plutôt dommage pour un hackathon dont l’objectif, quasi par définition, est justement de développer applis et protos. Résultat: nombre d’équipes claironnaient leur besoin de compétences en développement, à la fin du week-end, et n’ont pas pu présenter de prototype à l’issue de l’exercice.
Pour le reste, on ne peut que relever la pléthore de projets. Pas moins de 17 ont en effet été présentés au jury le dimanche.
Pour rappel, ce hackathon “Citizens of Wallonia”, organisé à l’initiative de FuturoCité avec le soutien, notamment d’IBM, s’était choisi 3 thèmes: accès accéléré à l’emploi ; bien-être citoyen ; et université 2.0.
Le but était d’amener les participants à exploiter les outils et ressources mis à leurs disposition (jeux de données ouvertes, outils analytiques, serveurs…) pour imaginer des solutions s’alignant sur ces thèmes.
L’emploi cartonne
Parmi les 17 équipes, beaucoup avait opté pour les solutions d’aide à la recherche d’emplois. Parmi les idées exploitées:
- une solution (ABL) mettant en corrélation offre et demande via l’analyse automatisée (algorithmes à l’appui) des lettres de motivation et des “sentiments“ (ou états d’esprit) que révèlent les photos des candidats, postées sur les réseaux sociaux
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Des icônes ludiques pour illustrer l’état et l’évolution des compétences d’un chercheur d’emploi. Et de là, “matcher” avec l’emploi proposé.
un site dédié aux chercheurs d’emploi les moins qualifiés (MatchUp): sur le principe du ‘matching’ entre offre et demande; originalité du projet: l’analyse et la corrélation des critères en arrière-plan et leur présentation sous forme ludique et figurée à l’écran: pour telle offre d’emploi, les compétences de tel candidat sont figurées sous forme d’icônes, de même que celles qui lui manquent; un score s’affiche et le système le renseigne automatiquement sur les compétences encore à acquérir et comment il peut les obtenir (telle formation auprès de tel établissement, à tel prix, en cours de jour ou du soir…)
- un site-portail (Ascent) où les jeunes (étudiants ou jeunes chercheurs d’emploi) pourraient tenir à jour un profil basé sur les “missions d’apprentissage professionnel” (stages, jobs d’étudiant, visites en entreprise, participation à des hackathons etc.) qui témoigneraient ainsi d’une certaine expérience que le futur employeur pourrait prendre en compte pour éviter la traditionnelle quadrature du cercle “jeune expérimenté”; pour mieux aligner offre d’emploi et demande, l’une des autres spécificités du site serait de permettre au candidat de préciser ses attentes; un outil d’analyse automatique et de “matching” ferait le reste.
Revoir l’édu… et la société
Au rayon “Université 2.0”, un projet (Mnemo) proposait un portail où les professeurs et instituteurs pourraient présenter, sous forme visuelle notamment (vidéos), leurs bonnes pratiques numériques ou autres trucs mnémotechniques, les échanger avec leurs collègues mais aussi les mettre à disposition des élèves et étudiants (les échanges se faisant via le biais des parents pour le primaire). Objectif: faciliter l’apprentissage des outils numériques dans les pratiques pédagogiques. Un espace “commentaires” permettrait aux utilisateurs de communiquer leurs avis aux enseignants tandis qu’un système de vote par les internautes classerait les tutoriels par degré d’intérêt.
Le but du hackathon Citizens of Wallonia: faire utiliser et croiser un maximum de sources de données par les participants…
Troisième thème: le “bien-être citoyen”… pour ne pas toujours parler de ville ou territoire intelligent(e).
Les projets, dans ce registre, étaient très variés.
L’un d’eux (AGL-Accessibility Green Light) visait les personnes à mobilité réduite. Objectif: faire prendre conscience aux architectes, et autres professionnels du bâtiment ou de l’immobilier, des difficultés qu’ils rencontrent. Solution imaginée: une application de réalité virtuelle demandant au professionnel de s’installer dans une chaise roulante (qui sera posée, dans un deuxième temps, sur un tapis roulant auquel on imprimera des mouvements). Casque VR sur la tête, il pourra s’immerger dans l’espace à construire, sur base de l’utilisation (dans l’appli VR) du plan 3D de la construction (privée ou publique). L’équipe compte poursuivre les développements de sa solution à l’occasion du Creative Jam qui se déroulera, le week-end prochain, à Mons (Maison Folie).
Trouver de nouvelles solutions pour le “maraudage” inutile des camions-poubelle…
Une équipe présentait un projet d’optimisation d’itinéraire pour la collecte des déchets (Trash Speaking), via géolocalisation des poubelles (publiques, notamment), équipées de capteurs pouvant signaler leur taux de remplissage.
Plusieurs autres projets misaient sur la re-création de liens sociaux.
Exemple ce projet visant à mettre en relation seniors et jeunes étudiants (ou jeunes professionnels) pour l’échange de services payants. Les anciens procurant aide et apprentissage aux plus jeunes, ces derniers leur rendant des services, du genre partage de repas, aide à l’utilisation de solutions numériques, déplacements… Avec un système de notation, de commentaires et de points de fidélité pour optimiser la confiance.
Autre projet imaginé pour les seniors: Senior@Home, des services à domicile (soins, repas…) permettant de procurer aux aînés toute l’assistance qu’on leur propose dans les maisons de repos mais sans qu’ils doivent pour cela abandonner leur domicile.
Il y avait aussi un projet du genre “AirBNB pour location à long terme” (SmartShare). Destinataires: les jeunes travailleurs et étudiants, pour pallier notamment à la pénurie de kots et d’appartements mini-prix. Idée de base: la mise en corrélation, via comparaison de critères de prédilection, entre l’offre et la demande.
Citons encore (parmi les autres que nous ne pouvons pas tous énumérer ici) un autre projet qui ne correspondait pas nécessairement à l’un des trois thèmes: CrossFunding proposait de collecter en un seul lieu la liste des campagnes de crowdfunding initiés sur les principales plates-formes belges. L’internaute peut alors faire une recherche sur base de ses préférences, thèmes de prédilection… et être réorienté vers les sites où ces campagnes se déroulent.
Les lauréats
Trois grands prix ont été décernés – plus deux autres, qui n’étaient pas prévus au programme, mais qui furent octroyés à la demande expresse du jury, pour cause de “coup de coeur”.
Médaille d’or: Trash Speaking (collecte optimisée de détritus grâce à des poubelles “intelligentes”).
Médaille d’argent: MatchUp (suivi des compétences pour chômeurs moins qualifiés).
Médaille de bronze: Womer (application de recommandation de commerces de proximité, reposant sur le principe de consommateurs-ambassadeurs).
Et les prix “coup de coeur” vont à Corentin Lepez, désigné “meilleur espoir”. Ce passionné d’informatique était en effet le plus jeune participant (19 ans, en 5ème secondaire) et s’est par ailleurs illustré en étant “toujours prêt à aider n’importe quelle équipe”. L’autre coup de coeur récompense le projet BeMOOC, pour l’esprit d’équipe qui a animé le quatuor tout au long du week-end. Quatre personnes qui ne se connaissaient pas avant de débarquer à Mons et qui, tout au long du week-end, ont fait preuve non seulement de complémentarité dans les compétences mais aussi de persévérance en revoyant plusieurs fois le scénario de leur projet, afin de l’adapter aux obstacles identifiés et aux enseignements récoltés auprès de professionnels de l’enseignement.
Sur la méthode…
17 projets pour 70 participants. Des équipes qui, idéalement, devaient compter de 3 à 7 personnes. 80% de participants pour qui participer à un hackthon était une première.
Un manque de développeurs parmi les participants, ce qui a poussé certains porteurs de projets à regretter ouvertement avoir parfois manqué de compétences en développement au sein de leur équipe.
Voilà quelques faits et chiffres du hackathon Citizens of Wallonia qui peuvent servir de piste de réflexion et d’amélioration pour l’organisation de futures éditions.
Idem pour les critères retenus pour l’attribution des prix. A savoir: la qualité du projet, du prototype et de la présentation (contenu, approche etc). “Le prototype devait être un projet d’application détaillé qui tienne la route, pas une application technologique fonctionnelle”, expliquent les organisateurs.
En fait, ils ont dû revoir leurs critères d’évaluation en plein week-end: “Nous avions cru pouvoir accueillir plutôt des développeurs – c’est le public “classique” d’un hackathon – que des porteurs de projets… Mais c’est le contraire qui s’est produit. Afin de ne pas décourager ces participants, nous avons jugé nécessaire d’adapter notre façon de juger les résultats.”
“L’objectif de l’exercice était d’abord de bien définir un projet en respectant les 3 thématiques et, ensuite, de décrire au moins une solution/application, complétée d’une architecture globale. Et, dans les limites du réalisable, de développer des composants technologiques.”
On sait, bien entendu, que 48 heures est fort peu pour développer un proto ou une appli fonctionnelle. Mais il serait peut être intéressant de pousser davantage le curseur du côté des réalisations et d’un exposé qui illustre réellement ce que la solution sera. Ou limiter le nombre de projets afin que chacun ait le temps de l’exposé suffisamment en détails au jury pour que celui-ci puisse réellement juger de sa qualité et de son potentiel.
Et – surtout – faire en sorte que le soufflé ne retombe pas à l’issue du week-end. Combien d’embryons de projets ou d’idées n’ont-ils pas rejoint le cimetière des éléphants? Nombre d’habitués, qui ont participé à plusieurs de ces hackathons, le déplorent eux-mêmes. L’équipe se dissout, les intentions s’effilochent, le projet se perd…
Les organisateurs du hackathon Citizens of Wallonia disent vouloir “rester à la disposition de chaque équipe. L’emphase sera toutefois mise sur les projets lauréats. Nous comptons les aider à protéger la propriété intellectuelle de leur idée, à trouver les bons partenaires privés et/ou publics pour faire avancer leur projet, et les aider également en termes de contenu, de méthodologie, de technologie, marketing, business plan etc.”
Rendez-vous dans quelques mois pour juger de la chose…
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