Ce n’est pas une statistique. Plutôt une simple estimation, un chiffre qui circule sans que l’on sache exactement si une quelconque étude scientifique, systématique, a été faite pour le démontrer ou le démentir. Quoi qu’il en soit, on dit souvent que 9 start-ups sur 10 sont vouées à l’échec.
En octobre dernier, Peter Relan, fondateur de l’incubateur américain YouWeb, estimait que ce ratio s’appliquerait également au phénomène des “accélérateurs de start-ups” dans la mesure où “tout compte fait, ils ne sont rien d’autre que des start-ups eux-mêmes” et que ce phénomène de mode les fait pousser comme des champignons outre-Atlantique, avec l’inévitable quota de “déchets”, d’initiatives pas sérieuses, de modèles bancals…
A quelle échéance s’opérera un tri éventuel, une élimination naturelle qui ne laisserait subsister que les plus sérieux et robustes? Mystère.
Entre-temps, l’imagination est au pouvoir. Pour attirer tout à la fois des “pépites” prometteuses, des “mentors” et des investisseurs potentiels, les formules d’accélération se font exotiques, cherchent la différenciation. Exemple, cet accélérateur itinérant- “Unreasonable at Sea”-, croisant à travers le monde. Bien dans l’ère du temps et des shows de téléréalité.
Les capital-risqueurs américains, dit-on, se servent de ces couveuses sous stéroïdes comme d’agents de pré-sélection de start-ups dans lesquelles ils pourraient investir. Si c’est bien là l’un des principes et objectifs de base d’un accélérateur (ou d’un incubateur d’ailleurs), on peut craindre que l’enthousiasme typique des Américains ne conduise à certaines dérives. Qu’on serait mal inspiré de suivre.
Imaginez ces investisseurs potentiels s’en allant faire leur shopping, d’accélérateur en accélérateur, se reposant sur des tris préliminaires qu’ils n’ont pas faits, moins encore analysés, eux-mêmes. Sans transparence sur les critères de sélection, ou sur le rôle qu’ont joué les mentors pour faire “pivoter” les start-ups et les modeler de telle ou telle façon pour les rendre présentables et “bankable”.
Impensable que ce soit là l’intention? Think again. Dans le paysage concurrentiel, l’un des KPI (indicateurs-clé de performances) est souvent le taux d’investissement récolté par les projets. Parce que que cela attire d’autres projets, d’autres investisseurs. Parce que cela donne une image de réussite. Avec les risques d’emballement que cela suppose.
Une autre petite réflexion, très cartésienne, est de dire que l’“accélération” de start-ups est déjà, en soi, un exercice délicat, périlleux. Quel impact pourrait alors avoir une concurrence, une surenchère entre accélérateurs? Il ne s’agit pas de concocter une recette et de l’appliquer, de la reproduire à l’infini. S’il est simple, classique, a “no-brainer”, de placer des oeufs dans une couveuse, sous une lampe à infrarouge, s’il est gratifiant de voir éclore de jolis petits poussins piailleurs, cela n’augure en rien de leur aptitude à survivre. Si la seule ambition est d’en produire suffisamment pour alimenter le marché en poulets consommables, la méthode n’est guère mauvaise. Si l’on espère plutôt voir naître une nouvelle génération d’individus reproducteurs, voire de fiers coqs, on aurait plutôt intérêt à peaufiner soigneusement ingrédients, recettes et méthode.
Découvrez-nous sur Facebook
Suivez-nous sur Twitter
Retrouvez-nous sur LinkedIn
Régional-IT est affilié au portail d’infos Tribu Médias.