Idealic, un projet de recherche sur 4 ans, sera financé à hauteur de 320.000 euros par équipe de recherche par Belspo, avec comme maître d’oeuvre la FTU (Fondation Travail et Université) et la SMIT-VUB (Studie Media Information Telecommunication).
A l’agenda de la première année figurent la réévaluation approfondie du concept-même de l’inclusion numérique, l’analyse des données Eurostat sur les usages des technologies de l’information en Belgique et un bilan des propositions existantes. Les mesures concrètes seront, elles, essentiellement à charge des Régions et plus que certainement coordonnées en Wallonie par l’Agence du Numérique (AdN, anciennement AWT).
On s’en souvient, le SPP Intégration sociale avait demandé à la FTU un relifting des propositions contenues dans le plan 2011-2015 de la lutte contre la fracture numérique. En substance, l’Institut de recherche prêchait pour un financement structurel de l’inclusion numérique, dans un contexte où le Fédéral a et aura un rôle de moins en moins important, et suggérait de mettre en place une structure-cadre de veille technologique pour la coordination des initiatives en la matière aux différents niveaux de pouvoir.
Gérard Valenduc: “Réévaluer de façon approfondie certains concepts qui sont en train de changer de nature, tels que l’inclusion et l’exclusion numériques, la notion d’autonomie par rapport aux usages du numérique…”
Cette structure s’appellera donc Idealic. Gérard Valenduc, professeur invité à l’UCL et à l’UNamur, directeur de recherche à la Fondation Travail-Université: “Nous allons commencer par réévaluer de façon approfondie certains concepts dont nous pensons qu’ils sont en train de changer de nature, comme le concept d’inclusion numérique, d’exclusion numérique, leurs liens avec l’inclusion/exclusion sociale, la notion d’autonomie par rapport aux usages du numérique et l’évolution de cette notion tout au long du parcours de vie, la notion de compétences numériques.”
Les chercheurs vont également procéder à une analyse statistique secondaire des données belges de l’enquête Eurostat sur les usages ICT par les individus et les ménages, de manière à aller au-delà des statistiques descriptives et à hiérarchiser les facteurs d’exclusion numérique. Enfin et toujours en 2015, Idealic tirera un bilan des propositions existantes (celles qui sont déjà sur la table) en matière de politique d’e-inclusion au niveau national et régional. A ce stade, essentiellement à partir des travaux antérieurs de SMIT et FTU.
Voir notre encadré ci-dessous pour plus de détails sur les objectifs assignés au projet.
Faire avancer la recherche
Idealic est né d’un appel à projet de la Politique scientifique fédérale. Gérard Valenduc “En déposant un projet commun, la FTU et SMIT ont eu l’ambition de mettre en commun l’expertise accumulée depuis plusieurs années sur ce sujet et de faire avancer la recherche en étudiant les questions nouvelles qui se posent en matière d’inclusion numérique, à la fois face à la numérisation galopante de tous les services d’intérêt général (publics et privés, marchands et non marchands) et à l’émergence de nouveaux usages du numérique, liés notamment aux nouveaux supports (tablettes, smartphones) et aux nouveaux modes de connexion et d’interaction (Internet partout, réseaux sociaux, etc).
Gérard Valenduc: “L’originalité de Belspo, régulièrement menacée et à nouveau par le gouvernement actuel, est de favoriser la recherche fondamentale en sciences sociales à travers des coopérations entre Flamands et francophones.”
Quant aux propositions faites par nous pour le SPP Intégration sociale (e-inclusion 2020) et par SMIT pour programme flamand Mediawijsheid/Digitale geletterdheid, elles font partie des inputs que nous mettons dans ce nouveau projet.”
L’AdN et les EPN dans le comité de suivi
Côté coordination, tant l’AdN que le réseau des EPN (Espaces Publics Numériques) font partie du comité de suivi de projet, tout comme CABAN à Bruxelles et Linc en Flandre. “Ces organisations seront amenées à commenter régulièrement nos résultats et il est prévu d’interagir avec elles sur la question des questionnaires d’enquêtes, de même qu’avec les responsables des études statistiques du département “nouveaux médias” du service d’études du gouvernement flamand.”
Le réseau wallon des EPN va également alimenter le blog et l’agenda du site d’Idealic. En années 3 et 4 du projet, une série d’ateliers devraient être organisés avec les acteurs de terrain, dont bien sûr les Espaces Publics Numériques.
Et côté Conseil wallon du Numérique? “Je ne sais pas s’ils sont intéressés par une collaboration avec des chercheurs sur la question de l’inclusion numérique. Je serais heureux de l’apprendre. Mais à court terme, le timing très serré du projet wallon des Assises du numérique ne permettra pas d’incorporer les premiers résultats d’Idealic.”
Lutter contre les nouveaux mécanismes d’exclusion
La question de recherche centrale du projet IDEALiC est d’explorer de quelle manière des politiques et des initiatives en matière d’e-inclusion peuvent fournir des solutions face aux nouveaux mécanismes d’exclusion qui se mettent en place avec le “virage numérique”.
“Le projet repose sur une démarche méthodologique interdisciplinaire, qui combine la recherche qualitative centrée sur l’utilisateur, la recherche comparative, l’analyse des politiques et une analyse secondaire des données existantes. Plus spécifiquement, la recherche IDEALiC se concentrera sur les aspects suivants:
- développer une approche renouvelée des critères de définition d’un usage autonome des technologies numériques, sur base des cadres existants en matière de compétences numériques
- mener une évaluation critique de l’évolution récente des politiques d’e-inclusion vers des aspects tels que le pouvoir d’agir, l’intégration et la participation, en élucidant la signification de ces concepts et leurs interprétations normatives dans le cadre des stratégies d’e-inclusion, à la fois au niveau des mesures politiques, de leur mise en œuvre et de leur évaluation
- fournir un état de l’art de la situation actuelle dans le domaine de l’e-inclusion en Belgique (acteurs, domaines d’action), complété par une réflexion critique sur une esquisse idéale du développement d’une politique d’e-inclusion cohérente au niveau local, régional et (inter)national
- dresser un état de la situation belge en matière de différenciation des usages des technologies numériques, à partir d’une analyse secondaire des données quantitatives existantes
- réaliser une étude empirique qui examinera les pratiques d’e-inclusion dans une perspective de parcours de vie et de profil d’utilisation des médias, plutôt que dans une perspective dichotomique reposant sur des variables socio-démographiques. Des entretiens approfondis seront menés avec des répondants qui sont à trois stades de leur parcours de vie:
- 18-30 ans, c’est-à-dire la période où les individus construisent leur autonomie et améliorent leur participation sociale, économique et politique dans la société;
- 31-50 ans, c’est-à-dire la période où les individus sont supposés autonomes et optimisent leur participation à la vie sociale;
- 51-70 ans, c’est-à-dire la période où les individus veulent rester socialement actifs et autonomes dans un contexte où les défis du vieillissement deviennent importants.” [ Retour au texte ]
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