A Bruxelles, les responsables publics – le Ministre Didier Gosuin en tête – semblent plus que jamais convaincus que le secteur de l’e-santé est un cheval dont la Région ne peut se passer en guise de pari gagnant sur son avenir économique.
Les chiffres qui parlent…
Pourquoi le gouvernement régional bruxellois a-t-il misé, pour la présente législature (oublions un instant l’éventuel coup d’arrêt imposé par le cdH)? “Parce que le lifetech est un secteur porteur d’avenir”, soulignait ce lundi Didier Gosuin, ministre bruxellois de l’économie, à l’occasion d’une table ronde organisée par Impulse avec plusieurs start-ups participant au programme d’accélération MedTech (voir notre autre article pour un bilan de la 2ème édition). Et de citer quelques chiffres…
En l’espace de 10 ans, l’e-santé a doublé son poids dans le PIB bruxellois.
Ces dernières années (2007-2015), la valeur ajoutée brute qu’a généré ce sous-secteur a progressé de 229%, s’établissant, en 2015, là où le secteur pharma ne progressait que de 1,2% et celui des dispositifs médicaux de 60%.
Progression aussi en termes de création d’emplois: + 39,5% là où le secteur pharma régressait de 18,5% et que les dispositifs médicaux ne permettaient qu’une croissance de 7,5%.
Progression encore en termes de productivité: + 104% – une fois de plus de manière plus marquée dans les deux autres sous-secteurs (+ 34,5% pour le pharma, + 95 % pour les dispositifs médicaux).
Raisons de ces belles statistiques, invoquées par Didier Gosuin: les actions prises pour susciter un écosystème local, favoriser la mise en réseau des acteurs et des compétences, l’existence du cluster Lifetech, la proximité et densité de présence d’acteurs hospitaliers, celles d’universités…
A ses yeux, il ne fait donc aucun doute que le pari était justifié et que le cheval devrait poursuivre sa belle cavalcade: “En tant que responsables politiques, nous devons réfléchir à ce qu’était l’industrie, hier et aujourd’hui, et à ce que sera celle de demain. Comment, face aux contraintes économiques, nous pouvons maintenir un rapport concurrentiel favorables, qui est un rapport de force, avec les économies d’autres pays qui bénéficient de certains avantages, salariaux notamment. Nous devons veiller à ce que de nouvelles dynamiques se créent. Là où nous avons encore une chance, c’est dans notre capacité d’innover et de créer de nouveaux produits et services.
Bruxelles a en outre l’avantage d’être une économie urbaine, l’occasion d’être le laboratoire de l’économie de demain, en exploitant la qualité et densité de son écosystème.”
Non, il n’y aura pas de “bulle” e-santé…
… du moins pas à Bruxelles, pas dans l’optique qui a été prise et scénarisée par les différents acteurs de l’écosystème local. C’est l’avis d’Azèle Mathieu, directrice du cluster Lifetech.brussels.
On pourrait en effet craindre que l’engouement pour l’e-santé, les m-health apps, medical devices en tous genres, medtech et autres ne soient qu’une envolée passagère, un miroir aux alouettes sur lequel viendraient se fracasser de belles idées, où des capitaux importants se déverseraient sans lendemains… Mais elle rejette cette perspective: “L’e-santé ne sera pas une bulle à condition que l’on respecte certaines règles, telles celles sur lesquelles nous nous appuyons dans notre démarche.
La santé 1.0 était celle où seuls les prestataires traditionnels délivraient des soins. Puis vint la santé 2.0 qui s’est principalement focalisée sur les moyens technologiques. Ce que nous voulons faire, de notre part, relève de la santé 3.0, c’est-à-dire associer la technologie au profit des prestataires et des patients, mettre en relation les scientifiques avec les prestataires de soins et les acteurs commerciaux.”
Bien entendu, bien d’autres facteurs interviennent dans la création et l’éclatement de bulles. Sans égards pour les raisonnements cartésiens… Reste en quelque sorte à espérer que les décoctions et ordonnances restent toujours en adéquation avec les besoins.
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