Plus de 200 animateurs s’étaient rassemblés au Théâtre de Namur, le 12 décembre 2019, pour fêter dignement les 15 ans d’existence du réseau des EPN (Espaces Publics Numériques) de Wallonie.
Ballotté depuis de nombreuses années entre incertitudes, doutes et sous-financement chronique, le dispositif est aujourd’hui reconnu, loué et sera en toute vraisemblance renforcé.
En 2018, les 176 structures que compte le réseau ont accueilli plus de 230.000 personnes. C’est conséquent, mais nettement insuffisant au vu des chiffres produits par l’Agence du Numérique. En effet, dans son dernier baromètre citoyen, l’AdN pointe un élément inquiétant: la population wallonne âgée de 15 ans et plus est à concurrence de 20% – soit environ 593.000 personnes – en situation de “fracture numérique”. A cela s’ajoutent encore les usagers dits “faibles” (14%), soit près de 409.000 citoyens. Autrement dit, plus d’un million de Wallons se trouvent en difficulté ou en décrochage numérique.
Face à cette situation, le Centre de Ressources des EPN de Wallonie a élaboré, de concert avec le SPW et l’AdN, un projet qui se veut ambitieux et qui est actuellement à l’étude au cabinet du Ministre Willy Borsus, en charge de l’économie et du numérique. On espère qu’il n’est pas en souffrance…
Pierre Lelong (Technofutur TIC, Réseau EPN): “Les EPN sont les médiateurs de l’accès à la culture [numérique] du 21ème siècle. Jamais plus qu’aujourd’hui, leur rôle et leur importance n’ont été autant reconnus et valorisés. Il y a cinq ans, il y avait énormément de doutes sur l’avenir. Aujourd’hui, il n’y a plus de remise en question possible. Leur travail est reconnu et tous les projets en gestation visent à aller plus loin.”
Pierre Lelong, chef de projet du Pôle Resssources & Diffusion auprès de Technofutur TIC et coordinateur de programmes pour le réseau EPN: “Ce million de Wallons extrêmement éloignés, voire absents du numérique, pose un vrai problème.
A tous les niveaux, au Cabinet du Ministre Willy Borsus, au sein de l’AdN, dans l’Administration, au sein du Centre de Ressources des EPN de Wallonie, des réflexions sont en cours à propos de la croissance du dispositif et de l’évolution de la notion de tiers-lieu numérique. Pour la première fois, la médiation numérique est au cœur de cette réflexion.”
Multiplier les points de contacts de confiance
Comme le souligne Pierre Lelong, les EPN ont réussi à s’imposer dans le paysage. “Plus que jamais, leur rôle et leur importance sont reconnus et valorisés. Il y a cinq ans, il y avait énormément de doutes sur l’avenir. Aujourd’hui, il n’y a plus de remise en question possible. Leur travail est reconnu et tous les projets en gestation visent à aller plus loin.”
Plus loin et avec une plus grande amplitude… Les projets et les lignes directrices du volet citoyen du plan Digital Wallonia porté par le Centre de Ressources des EPN de Wallonie et l’AdN visent à multiplier les points d’accès à l’accompagnement au numérique.
Eric Blanchart, chargé de mission EPN de Wallonie: “176 EPN, c’est beaucoup et peu à la fois. C’est une commune sur deux, avec des structures qui ne couvrent pas toujours l’ensemble de leur territoire. En règle générale, chaque EPN a ses spécificités en termes de publics.
Trouver d’autres moyens que les seuls Chèques formation, destinés à la formation au numérique? Ls arbitrages budgétaires ne sont pas encore tranchés.
Un EPN en Maison des Jeunes accueille des adolescents. On trouve des structures plus orientées seniors ou demandeurs d’emploi. Ce n’est pas parce qu’un EPN se trouve sur une commune que tout le public s’y retrouve. Il faut donc multiplier les points d’accès et de confiance à l’intention de ces personnes en décrochage numérique et démultiplier le nombre d’accompagnants numériques.
Cela fait partie des mesures qu’on a déposées en collaboration avec le SPW et l’AdN. On aurait voulu pouvoir faire des annonces plus précises, plus claires mais le timing n’a pas joué en notre faveur.”
En effet, si Willy Borsus n’a pas tari d’éloges sur la qualité du travail accompli, il s’est montré extrêmement chiche sur les investissements, en se contenant d’évoquer le seul dispositif Chèques formation dédié à la formation au numérique comme levier de financement possible des EPN. En clair, les arbitrages budgétaires ne sont pas encore tranchés.
Former des aidants numériques
Sur le fond, les choses sont claires. Il s’agit d’enclencher une dynamique lourde de mise à disposition d’outils et de ressources, voire de formation à l’accompagnement numérique des wallons à destination des acteurs sociaux, des associations et des familiers proches.
André Delacharlerie (AdN): “Pour emmener un maximum de Wallons à un niveau d’autonomie numérique suffisant, il faut plus de lieux, plus de gens-relais, plus de ressources et de réseaux.”
En bref, tout ceux qui sont en contact direct avec les personnes en situation de difficulté numérique, et qui n’auront peut être pas le réflexe d’ouvrir la porte d’un EPN.
André Delacharlerie, expert senior à l’AdN: “Il est indispensable d’avoir beaucoup plus d’aidants numériques. Pour emmener un maximum de Wallons à un niveau d’autonomie numérique suffisant, il faut plus de lieux, plus de gens-relais. Il faut plus encore s’appuyer sur d’autres structures. C’est un travail que font déjà les EPN mais il faut aujourd’hui organiser structurellement cela. Il faut aussi impliquer les acteurs sociaux, le secteur associatif et les bénévoles avec de nouveaux outils.”
Deux de ces “outils” ont été présentés lors de la journée du 12 décembre.
Le premier est le projet Empreintes numériques, mis en place par Pascal Thirifays et Gérald Vanmollekot de l’association Digital Experience Académie. Le second est la déclinaison belge 123Digit de la plate-forme pédagogique Les Bons Clics conçue en France par Emmaüs Connect et introduite en Belgique sous le patronage de la Fondation Roi Baudouin.
A découvrir demain dans le second volet de cet article.
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