Il serait fastidieux d’énumérer et de passer au crible le moindre passage des programmes des partis francophones faisant allusion au numérique ou aux nouvelles technologies. Nous nous contenterons donc d’en signaler quelques propositions touchant, de tout près ou d’un peu plus loin, au numérique – “transition”, transformation, disruption, dématérialisation…
Constat préliminaire: le numérique est présent de manière fort inégale dans les programmes des partis. De relativement bien présent, égrené “en transversal” à travers les thèmes du programme ( comme au MR) jusqu’à une quasi-absence (DéFI Wallonie n’y met guère l’accent), en passant par des chapitres dédiés (comme chez Ecolo, sous l’intitulé Transition numérique).
A découvrir donc dans cet article, les positions ou intentions supposées des partis sur des sujets tels que les open data, la cyber-sécurité, l’éducation au numérique, l’intelligence artificielle… En insistant sur le fait que ce qui suit n’est en rien un inventaire complet.
Commençons par l’enseignement et les compétences numériques.
En filigrane… un monde qui change
“Eduquer”, sensibiliser au numérique, à son usage, à ses potentiels – et travers -, inculquer aux compétences basiques ou plus évoluées. Qu’en pensent les partis?
Pour Ecolo, l’“éducation aux outils numériques” figure en première place du chapitre Transition numérique de leur programme. Une “éducation” qui inclut à la fois des compétences en codage, l’acquisition d’un esprit critique et un savoir-faire en termes d’utilisation “adéquate”. Les Verts militent pour un enseignement obligatoire de l’“informatique sans ordinateur” (le mode “déconnecté” dès 6 ans, avec une nécessaire égalité des genres.
Ecolo: “il faut multiplier par trois le nombre d’étudiants et d’experts dans le domaine informatique en l’espace de 10 ans, tout en encourageant la formation en continu et en alternance, en lien avec les métiers robotiques et numériques.”
Au MR, le fait de procurer de “réels cours d’informatique et de programmation tout au long de la scolarité obligatoire de l’élève” est perçu comme une nécessité.
Pour le PS, “l’école se doit d’intégrer la révolution numérique et surtout d’en faire un instrument d’émancipation pour les élèves.” Le numérique est aussi l’occasion, selon lui, de favoriser de nouvelles méthodes pédagogiques, notamment “une approche collaborative du travail en classe […] une construction collective des savoirs.”
“Pour les socialistes, les outils pédagogiques recourant aux nouvelles technologies et au numérique complètent utilement le panel d’instruments dont disposent les enseignants et permettent d’agir contre la fracture numérique. Il s’agit d’utiliser tous les moyens à disposition pour parfaire l’apprentissage des élèves et des étudiants en proposant de nouvelles méthodes d’apprentissage.”
PS: “La lutte contre la fracture numérique impose de créer des formations aux nouvelles technologies gratuites pour tous.”
L’accent à mettre sur de nouveaux contextes et modalités d’apprentissage, grâce au numérique, figure également dans les intentions du cdH. Exemple: “le recours à des outils numériques permettrait que les apprentissages soient à la fois plus personnalisés – par exemple, en termes de niveau de difficultés d’exercices – tout en favorisant également les formes de collaboration entre les élèves.”
Le programme consacre un chapitre à “la transition numérique de l’école”. “Dans le cadre scolaire, le numérique doit trouver sa place à quatre niveaux: comme objet d’apprentissage, comme outil au service de la création de dispositifs d’enseignements innovants, comme outil au service de la transmission d’informations entre les établissements et l’administration, comme moyen de communication entre les écoles, les parents et les élèves.”
Le plus tôt possible
Le démarrage de la formation – ou à tout le moins de la sensibilisation – aux compétences et aptitudes pro-numériques dès le plus jeune âge semble recueillir un volume de suffrages croissants.
En termes d’apprentissage et d’objectifs de compétences à garantir selon les différentes tranches d’âges, le cdH se contente de préconiser que “tous les élèves de 15 ans aient la maîtrise des compétences définies dans le cadre de référence européen DigComp pour les compétences numériques” mais parle par contre d’“éducation à la maîtrise des réseaux sociaux dès l’école primaire.”
On retrouve également l’idée d’un apprentissage précoce dans le programme de DéFI, même si l’accent est davantage mis sur les “médias numériques”. Le parti dit ainsi vouloir “favoriser une éducation active par rapport aux médias, y compris numériques, dès la première année primaire, et développer des outils qui aideront les élèves à former leur esprit critique, notamment face au phénomène croissant des fausses informations, des discours convenus, de l’isolement algorithmique qui mène au renforcement des représentations d’un groupe d’affiliation.”
Un peu plus loin, le parti précise toutefois qu’il serait nécessaire d’organiser “une formation numérique, technologique et manuelle qui inclut l’apprentissage du codage et de l’algorithme numérique.” Et, par ailleurs, de “favoriser un enseignement hybride alliant un apprentissage classique (cours magistraux) et une utilisation de l’eLearning, du numérique et/ou d’apprentissage par problèmes, en débats, par projet et en petits groupes.”
Il prône un recours plus intensif à de nouveaux vecteurs d’apprentissage – capsules vidéos, séances de cours en podcast, MOOC…
Coup de pouce public
Dans le droit fil de moyens octroyés depuis la montée à bord des libéraux au gouvernement wallon en cours de législature (par le biais du ministre Jeholet, en charge de l’Economie et du Numérique), le parti dit vouloir poursuivre le soutien à l’initiative CoderDojo (mais ne cite pas par exemple Kodo Wallonie) qui vise à procurer des cours en programmation, hors cadre scolaire, aux tranches d’âge 7-18 ans.
Dans un but de “préservation de l’emploi”, le MR estime “important d’accompagner les citoyens tout au long de leur vie, par la formation continue aux nouvelles compétences.”
Les bleus veulent en outre continuer et renforcer le financement du plan Ecole numérique, initié sous l’ère Jean-Claude Marcourt (PS).
Le cdH est un peu plus précis en la matière, parlant, au niveau de la Région wallonne, de la nécessité de “prévoir un équipement de base assurant pour chaque classe un débit de connexion à Internet performant et un dispositif de projection numérique.” Il est également question de participation financière publique aux achats de matériel IT/numérique par les enseignants, du moins pour ceux “qui utilisent leur ordinateur personnel à des fins professionnelles.”
Toujours en termes de financement public, le programme du MR prêche pour la “création de leviers fiscaux spécifiques aux opérateurs de formation dans le domaine du numérique, portant sur le recrutement de formateurs et l’achat de matériel.”
A suivre…
Dans les épisodes n° 2 et 3 de ce tour d’horizon du numérique dans les programmes des partis politiques francophones, nous aborderons notamment leurs positions sur des dossiers tels que l’économie 4.0 et/ou collaborative, l’intelligence artificielle, les open data…
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