Dans cette deuxième partie du panorama que dresse Omar Mohout (Siris) de l’écosystème belge des start-ups, il s’arrête sur les acteurs qui, en Flandre, opèrent comme structures d’accompagnement, d’incubation ou d’accélération.
Il passe également en revue, pour l’ensemble du pays, divers organismes qui se positionnent dans des rôles complémentaires: grappes thématiques (notamment dans le domaine du marketing), animateurs de communautés de jeunes pousses, espaces de coworking, ponts jetés entre le sud et le nord du pays…
L’“accélération” en Flandre
iStart et sa version estudiantine iStart.light sont les deux programmes d’accélération d’iMinds. Basé à Gand, iMinds [ex-IBBT] est l’incubateur et l’accélérateur par excellence sur l’échiquier flamand.
Financé par les pouvoirs publics flamands, iMinds regroupe des départements de recherche universitaire dédiés à l’ICT. Il a à son actif plus de 30 start-ups qui, souvent, s’appuient sur des compétences académiques. A ce titre, il est à coup sûr l’acteur le plus expérimenté dans le monde des accélérateurs.
L’incubateur iStart d’iMinds pointe en 25ème position parmi les meilleurs “university business incubators” au monde. Classement: UBI.
Avec ses espaces de coworking iCubes et Start-Up Garage et son propre programme “Go Global”, iMinds est un véritable guichet unique pour start-ups ambitieuses.
Incubaid, à Gand, est un incubateur vertical spécialisé dans l’automatisation du cloud et les infrastructures d’infocentres (data center). Son équipe de direction expérimentée, son bilan de sorties [valorisation par les fondateurs et investisseurs], la force de son réseau et son propre centre de R&D en Egypte, cet incubateur est “the place to be” pour les start-ups positionnées sur ces créneaux.
Anvers, qui revendique le statut de ville la plus créative de Belgique, dispose de son propre accélérateur depuis 2012. Et quel accélérateur! IdeaLabs est un accélérateur pure play, avec les indispensables instruments assurant la promotion des initiatives et la communication. Cedric Deweeck et Nicolas Verellen maîtrisent parfaitement les ficelles du métier. L’arrivée à bord de Telenet leur permet de revoir leurs ambitions à la hausse.
KBC, pour sa part, a démarré un pré-accélérateur en collaboration avec divers partenaires. Les start-ups y trouvent un espace où se loger pendant un ou deux ans, une série de services et des conseils pour transformer leur idée en entreprise.
Aujourd’hui, Start it @KBC est dirigé par un quatuor et s’adresse aux entrepreneurs débutants qui évoluaet dans l’industrie créative et qui se trouvent en phase d’idéation. Disposant de bureaux à Louvain, Hasselt et bientôt Gand, Start it @KBC s’installe en pole position dans le paysage des start-ups. L’initiative récente de crowdfunding Bolero vient renforcer l’édifice et révèle un peu plus le rôle de levier d’innovation joué par KBC.
Anvers se différencie par ailleurs des autres villes par l’existence d’un Startup Ecosysteem Manager. Evert Bulcke excelle dans ce rôle et est un superbe porte-parole et ambassadeur de la communauté des start-ups anversoises. Il ne se contente pas de soutenir l’écosystème local mais tisse également des liens avec les autres “hubs” de jeunes pousses.
Au Limbourg, ce sont les villes jumelles de Genk et Hasselt qui focalisent l’activité des start-ups. D’un côté, Corda Campus, avec Patrick Kestens et Karl Vankerckhoven. De l’autre, C-mine crib avec Anke Albregts et Peter Vandeurzen. Ce duo dispose, à coup sûr, des plus beaux bâtiments pour start-ups au monde. Ajoutez-y les potentiels de financement de LRM, et on obtient un intéressant cocktail.
A ne pas oublier, les “incubateurs” qui opèrent exclusivement pour les besoins internes d’entreprises. Common Companies et Cronos en sont deux exemples. Près de 160 jeunes pousses ont ainsi pu voir le jour au sein de Cronos, ce qui en fait le plus important – et le moins connu – des incubateurs belges. Au rayon start-ups, c’est essentiellement l’initiative THINK with people de Cronos, placée sous la direction de Bert Van Wassenhove, spécialiste marketing expérimenté, qui s’avère intéressante. Les porteurs d’idées novatrices y trouvent conseils et ressources. Gratos.
Le VAP (Vlaanderen Acceleratieplatform) est, quant à lui, un programme de mentoring de 100 jours. Pour la somme de 6.000 à 7.500 euros, des start-ups en phase de croissance ont accès à une petite armée de mentors et de coachs (plus de 500 !) qui accompagnent les entrepreneurs de manière très concrète. Twikey et Cloud Hammer sont deux projets issus de cet environnement.
Incorporated Angels (Boortmeerbeek) adopte, pour sa part, le modèle de “bâtisseur d’entreprise”. Chacun peut soumettre des idées. Si elles sont considérées comme viables, l’auteur a l’opportunité de devenir entrepreneur/actionnaire. Gert Vanhaeght, qui en est le pilote, a entre-temps attrapé le virus start-up et l’exploite dans le domaine de l’e-santé, après une expérience Hack for Health réussie du côté du MIC de Courtrai.
D’un certain point de vue, des fédérations telles que Unizo et le VOKA opèrent comme des accélérateurs, en proposant une palette de services qui s’adressent aux néo-entrepreneurs. Au sens le plus large du terme. Bryo, le programme d’accompagnement de deux ans du VOKA, a été imaginé par Eric Kenis. Il propose un réseau serré d’entrepreneurs expérimentés et “couve” un grand nombre de start-ups.
De l’importance des écosystèmes
André Duval et Klaus Lommatzsch, rejoints récemment par Marc Bresseel, sont en train de donner naissance à un écosystème orienté marketing – Duval Union – au sein duquel on retrouve à la fois des prestataires de services et des start-ups. C’est un véritable écosystème AdTech “Full Stack” que ce trio est en train de construire qui couvre la totalité du spectre marketing, à la fois dans ses dimensions créatives et technologiques. Un domaine marketing qui s’imprègne de nouvelles technologies à un rythme effréné…
Autrement dit, cette équipe procure aux sociétés et aux marques l’éventail complet d’expertise marketing, tant dans ses composantes techniques que non techniques. D’où l’expression “Full Stack”. Duval Union devient ainsi, de facto, un “intégrateur vertical 2.0”, unique au monde.
Dans le même domaine, Heaven Can Wait et Wijs, initiés respectivement par le charismatique Sven Luyten et le visionnaire Bart De Waele, sont deux écosystèmes marketing en voie de formation. Ils jouent tous deux la carte de l’innovation mais ne suivent par contre pas une stratégie “full stack”.
La réussite de ces grappes marketing est essentielle pour un pays tel le nôtre. En effet, si nous avons de bons ingénieurs logiciels, nos start-ups ont encore beaucoup à apprendre dès l’instant où l’on parle marketing et ventes. Je me réjouis dès à présent de voir se structurer des mécanismes Pay-it-Forward au départ de ces clusters, processus qui ensemence le reste du paysage #BeTech de telle sorte à donner naissance à un mini-Hyper Island local. Dès à présent, Thomas Joos, sorti de l’écurie Heaven Can Wait, a donné le bon exemple dans le domaine du design de produits en lançant le concept de product design meetup.
Les communautés
Le BetaGroup règne en maître sur la scène bruxelloise. Lancé par l’hyper-enthousiaste Jean Derély, et passé aujourd’hui sous la houlette experte de Julie Foulon, le BetaGroup est le coeur de tout ce qui touche aux start-ups dans la capitale et à des kilomètres à la ronde. Le modèle est d’une simplicité trompeuse et très efficace: chaque start-up dispose très exactement de 5 minutes pour délivrer son “pitch” et séduire investisseurs, partenaires et développeurs.
La plus grande communauté tech de Belgique a essuyé un coup dur en début d’année lorsque son financement a été interrompu. Elle revient aujourd’hui sur le devant de la scène, sans jamais l’avoir réellement quittée. Le BetaGroup dispose également d’une antenne à Courtrai, pilotée par Jürgen De Smet, qui travaille d’arrache-pied à semer les germes d’une communauté dédiée aux start-ups courtraisiennes. Chose qui, vu le profil technophile du bourgmestre, ne semble pas être mission impossible.
[ Ndlr: le bourgmestre de Courtrai n’est autre que Vincent Van Quickenborne, l’ex-“Mr Q” du gouvernement fédéral. Ajoutons encore, en complément, que le BetaGroup a aussi ouvert deux antennes en région wallonne, la première à Charleroi, dans les locaux du Coworking, la seconde à Nivelles, en partenariat avec l’incubateur Cap Innove – relire notre récent article à ce sujet ]
App Alliance et Mobile Monday, de l’infatigable Tanguy De Lestré, sont deux initiatives d’Agoria. Cible: les développeurs d’applis. Il est intéressant de noter comment ce groupe-cible a évolué, en l’espace de quelques années, d’un phénomène confiné aux alcôves (techno-bricolo) à un monde de véritables start-ups grâce à l’essor exponentiel du mobile.
Créé en 2014, Leuven.io est une initiative impulsée par des acteurs de terrain qui rencontre un joli succès dans sa mission de rassemblement de la communauté start-up louvaniste. Le petit monde des start-ups semble en effet apprécier diverses de ses expériences imaginées dans un style “unconference”, comme par exemple des réunions par affinités (“Birds of a Feather”).
L’initiative est animée par une équipe sympathique formée de Zenjoy, An Tanghe et Thomas Cleenewerck. Depuis peu, Arun Luykx et Maciej Myslinski sont venus leur prêter main forte. L’initiative a en tout cas attiré l’attention des acteurs locaux et également celle de la Ville de Louvain. Il faut dire qu’il s’agit là d’une formule qui peut devenir une excellente source d’inspiration pour des villes plus modestes telles que Courtrai, Bruges et Genk mais aussi Namur, Nivelles et Mons – l’énergie et le dynamisme qu’elle génère, sans le moindre argent public, méritent bien un coup de chapeau aux organisateurs.
Les grandes villes (universitaires) devraient, pour leur part, s’inspirer de Gand où Ghent Web Valley, Gent M et Gentrepreneur donnent le ton.
Westartup, lancée par Leo Exter, est une communauté en-ligne pour start-ups où elles peuvent tisser leur réseau et échanger des ressources.
Pour ce qui est du très vaste éventail de Meetups (groupes informels) dédiés aux start-ups, nous nous en tiendrons aux trois plus populaires, à savoir:
1. Growth Hacking Belgium (1.220 membres) – méthodes innovantes pour favoriser la croissance de start-ups
2. BigData.be (829 membres) – tout ce qui touche au “Big Data”, à NoSQL et à d’autres technologies liées aux “data sciences”
3. Finance for Startups (457 membres) – comment et où les start-ups peuvent-elles trouver les indispensables fonds dont elles ont besoin.
Pour terminer, signalons Le Wagon, un groupe informel dédié à l’apprentissage de la programmation. De telle sorte que plus personne n’ait une excuse pour ne pas se frotter aux codes.
Startup Weekend
Un Startup Weekend a pour but, en l’espace d’un week-end, d’ébaucher un MVP [minimum viable product] et un modèle économique. Ce concept est surtout populaire dans le sud du pays où Mons, Liège mais aussi Bruxelles ont déjà accueilli ce genre d’événement. Le Startup Weekend est un accélérateur gonflé aux stéroïdes qui donne des résultats stupéfiants. A la barre: Michel Duchateau. Depuis le début de l’année, Louvain a organisé son propre Startup Weekend grâce à Shamma Raghib. Prochaine étape: Anvers.
Startups.be
Startups.be est de facto le fédérateur de l’écosystème start-up. C’est la bonne adresse pour quiconque propose – de près ou de loin – des produits ou des services s’adressant aux jeunes pousses. En quelque petites années, Startups.be a réussi à se bâtir une solide réputation. Ses grands événements attirent des centaines de participants et les noms des orateurs invités n’ont rien à envier à personne. Startups.be déploie ses ailes au-delà du sol belge pour couvrir également toutes les initiatives qui ciblent les start-ups en dehors de nos frontières. Et ce n’est pas du luxe au vu des besoins spécifiques des start-ups et du fait que l’exportation, dans notre petit pays fragmenté, est un domaine que se répartissent trois agences régionales. Startups.be a été lancé par la très active Karen Boers, une véritable one-woman-show qui tisse assidûment sa toile afin d’inclure tout et tout le monde.
CoWorking
Travailler dans le cadre d’espaces de coworking est un phénomène populaire dans les rangs des start-ups qui commence également à prendre racine en Belgique. Outre des connexions Internet ultra-rapides, du café de qualité et une localisation bien choisie, ces centres proposent en guise de plus-value des relations non permanentes avec des collègues co-workers et la participation à des ateliers et événements. Le BetaCowork, créé en 2010 à Etterbeek, est le plus important espace de coworking, avec pas moins de 200 membres. Il est dirigé par Ramón Suárez, une figure de proue dans le petit monde des start-ups qui a récemment publié un livre sur la manière de gérer un espace de coworking. [“Coworking Handbook: the Guide for Owners and Managers”. Plus de détails via ce lien ].
Autre nom qui vaut la peine d’être cité: CoWallonia, un réseau de 8 espaces de coworking en Wallonie, ainsi que Bar d’Office, le réseau de Flanders DC qui couvre l’ensemble de la Flandre.
N’oublions surtout pas les dizaines d’espaces de coworking, de petite à très petite taille (par exemple, respectivement, LikeBirds et ParkOffice) qui sont dispersés à travers tout le pays. Tous apportent leur contribution à l’écosystème.
La presse #BeTech
L’intérêt de la presse pour les start-ups est chose acquise grâce aux plumes de Robin Wauters (tech.eu), Raf Weverbergh (Whiteboard), Frederik Tibau (Data News), Simon Van Dorpe (Trends) et Brigitte Doucet (Régional IT). Ajoutez-y des blogs et plates-formes numériques telles que Bloovi, Technologium, les publications hebdomadaires HockeyStickWeekly et AllTheSmallThings produites respectivement par Nick Boucart et Tijs Vrolix, et vous obtenez une somme de sources de découverte plus qu’appréciable. Ajoutons une petite ode post-mortem au podcast Tech Brew, disparu du paysage, qui était animé par Gilbert West et Andrew Matheson.
Last but not least…
L’argent est l’huile de moteur qui permet aux start-ups de tourner. Cette composante essentielle de l’écosystème mérite toutefois un article à part entière.
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