Sans vouloir relancer ici le débat sur les paramètres qui déterminent si une société tombe dans la catégorie “start-up” ou “starter”, nous utiliserons ici la définition classique suivante: une start-up crée et commercialise un produit innovant qu’elle a elle-même développé et qui lui permet de croître rapidement, à l’échelle internationale, sans être linéairement tributaire de son capital humain.
En d’autres termes, une start-up est une petite équipe qui se lance à la conquête du monde.
Profusion d’exemples
Pensez par exemple à des start-ups telles que Snapchat ou Instagram qui comptent plus de 30 millions d’utilisateurs alors qu’elles n’emploient respectivement que 30 et 13 collaborateurs.
Autre exemple: Skype, qui n’emploie que 1.600 collaborateurs mais qui n’en représente pas moins 40% du marché international de la téléphonie. Comparez ce chiffre avec ceux de Belgacom: plus de 15.000 personnes travaillent pour l’opérateur alors que ce dernier ne peut revendiquer qu’une fraction du volume d’appels de Skype. Belgacom investit par ailleurs une fortune dans une infrastructure onéreuse… que Skype est heureuse de pouvoir mettre à profit.
En d’autres termes: Skype tire parti des actifs d’un tiers en guise de levier gratuit.
Airbnb en est une autre illustration. Aujourd’hui, cette start-up a d’ores et déjà plus de valeur que les chaînes hôtelières Accor, Hyatt et Intercontinental Hotels réunies. Sa valeur a par ailleurs dépassé la moitié de celle de la chaîne d’hôtels Hilton, pourtant centenaire.
Un impact maximal pour une production minimale d’efforts.
Avec à peine 600 collaborateurs, Airbnb est responsable d’une offre de plus d’un demi-million de chambres. Sans avoir dû investir le moindre cent en immobilier… Hilton a par contre besoin de plus de 300.000 collaborateurs, sur site, afin de pouvoir proposer 680.000 chambres.
En d’autres termes: Airbnb tire parti des actifs d’un tiers en guise de levier gratuit.
C’est là une constante chez les entreprises hyper-évolutives (“hyper scalable”): une équipe particulièrement réduite peut avoir un impact disproportionné sur le marché. Pensez par exemple à des sociétés telles que Uber, Twitter, Netflix, Zappos, Eventbrite, Dropbox, Evernote, Zipcar ou booking.com
Un jeu avec ses propres règles
Mais comment faire en sorte que votre projet se transforme en société “hyper-évolutive”? Quels sont les ingrédients, dans leur modèle commercial, qui déterminent ce phénomène? Pour trouver une réponse à cette question, il vous faut connaître les règles du jeu qui gouvernent le monde numérique et les utiliser pour en faire un gigantesque levier de croissance. Pour être plus précis, il vous faut combiner les points forts des machines (précision et évolutivité) avec ceux des humains (perception et créativité). Cette combinaison est la clé qui vous ouvrira la voie de l’innovation et de la croissance extrême.
Les ingrédients d’un modèle hyper-évolutif
Je considère que trois conditions essentielles sont nécessaires pour concrétiser un business modèle de type hyper-croissance:
1. Un Business Modèle Hyper-Evolutif se nourrit d’actifs immatériels en guise de carburant
Pensez musique, livres, films, photos… mais aussi brevets, marques, algorithmes (logiciels) et données. Dans l’univers numérique, les coûts de reproduction des actifs immatériels sont quasiment nuls tandis que la qualité demeure optimale.
2. Un Business Modèle Hyper-Evolutif utilise la technologie en guise de levier
La notion d’“évolutivité”, d’extrême croissance, était étrangère à la musique au Moyen-Âge. Un troubadour se produisait sur les marchés et dans les châteaux et était payé en fonction de sa prestation, selon le principe d’une petite facture horaire. La musique est devenue “évolutive”, “redimensionnable”, en 1877 grâce à l’invention du phonographe par Thomas Edison.
Utiliser la technologie comme levier.
A partir de ce moment, il est devenu possible d’enregistrer la musique, de la diffuser et de l’écouter sans que le musicien doive être physiquement présent. Cela a eu pour effet de faire disparaître toute contrainte en termes d’espace et de temps. Rien d’étonnant par conséquent à ce que ce progrès technologique signale l’avènement d’une nouvelle espèce dans le biotope musicale, à savoir celle des stars du rock, simple synonyme de l’Artiste Hyper-Evolutif.
La technologie fait office de levier… aujourd’hui plus que jamais, à l’heure où les atomes se connectent aux bits grâce à l’essor exponentiel des capteurs.
3. Un Business Modèle Hyper-Evolutif utilise Internet comme canal de distribution gratuit
Internet nous permet désormais de toucher 40% de la population mondiale, aux quatre coins de la planète. Dès l’instant où nous nous connectons, nous entrons en contact avec le reste du monde. Une société peut désormais proposer des services numériques à des clients se trouvant en Australie, en fournissant le même effort que pour un client qui est situé au coin de la rue. Vous n’avez qu’à demander à un fabricant de chocolat belge s’il est difficile de mettre ses produits dans les rayons d’une boutique australienne…
Dans le cas de la musique, la combinaison du format MP3 avec l’Internet, qui opère comme canal de distribution gratuit, a révolutionné le secteur. Posez plutôt la question aux survivants de l’“ancienne” industrie musicale qui a été complètement chamboulée par l’arrivée des “new-kids-on-the-block” que sont notamment des sociétés technologiques telles que YouTube, Apple et Spotify.
Conclusion: En exploitant les trois principes de base des Business Modèles Hyper-Evolutifs (create, replicate & scale) en guise de levier, une entreprise peut se hisser au niveau de l’Hyper-Evolutivité.
Comment d’ailleurs expliquer autrement que WhatsApp ait réussi à envoyer 30 milliards de messages par jour en ne s’appuyant, en tout et pour tout, que sur 30 ingénieurs? Ce chiffre est en outre 50% supérieur à la somme de messages SMS – 20 milliards – que l’ensemble des utilisateurs, partout sur la planète, envoient chaque jour.
L’Hyper-Evolutivité est également à la portée des sociétés qui sont basées en Belgique. Puissance d’innovation et créativité n’ont pas de limites.
Jamais l’époque n’a été aussi autant propice pour développer des produits numériques novateurs avec un minimum d’investissement. The sky is no longer the limit. L’Hyper-Evolutivité est également à la portée des sociétés qui sont basées en Belgique. En dépit de la rareté des matières premières qui caractérise notre pays, notre puissance d’innovation et notre créativité n’ont pas de limites. Et même si le coût du travail est élevé, vous pouvez atteindre l’Hyper-Evolutivité en vous appuyant sur une poignée de gens talentueux.
Je terminerai en citant Oliver Samwer: “God has given you the Internet!”.
Omar Mohout
conseiller et “growth engineer” au Sirris
Découvrez-nous sur Facebook
Suivez-nous sur Twitter
Retrouvez-nous sur LinkedIn
Régional-IT est affilié au portail d’infos Tribu Médias.