BeNovate: lutter contre l’exil des compétences

Hors-cadre
Par · 21/11/2013

BeNovate, société de consultance en “innovation externe”, est en passe d’ouvrir une antenne dans la Silicon Valley, ou à tout le moins d’y dépêcher un ambassadeur, dès l’année prochaine. Objectif: jouer les relais sur place et convaincre les Américains (qu’ils soient entrepreneurs ou investisseurs) de venir faire un tour en Europe pour y découvrir pépites et opportunités.

Patrick Crasson (BeNovate): “amener en Europe entrepreneurs et investisseurs américains afin d’éviter la fuite des cerveaux.”

“Des formations destinées aux start-ups et aux sociétés innovantes de la Valley seront notamment organisées afin de les préparer à venir de manière plus efficace en Europe”, indique Patrick Crasson, associé de BeNovate.

L’intention est ainsi d’inverser la tendance et de faire venir les moyens au lieu de voir les (hauts) potentiels s’exiler systématiquement.

La passerelle vaudra aussi, bien entendu, dans l’autre sens: “le business model des start-ups locales n’est pas adapté au contexte américain”, souligne Patrick Crasson, partenaire chez BeNovate. “En créant cette passerelle, l’objectif sera aussi de leur faire prendre conscience de ce contexte.”

Deux fois par an, BeNovate se propose donc d’organiser une semaine de formation dans la Silicon Valley. En retour, des start-ups américaines pourront venir de 10 à 15 jours en Europe afin d’y nouer des contacts avec de jeunes pousses locales et rencontrer “d’autres sociétés évoluant dans l’écosystème de BeNovate et qui sont à la recherche de sources d’innovation.”

Plate-forme TV

Autre nouveauté chez BeNovate: l’activation d’une plate-forme de streaming vidéo pour collecte et diffusion de pitchs de projets.

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Cette plate-forme s’appuie sur la solution développée par EyeDo, l’une des start-ups que coache BeNovate. Dirigée par Amos Rozenberg, anciennement producteur de films et de court métrages, cette start-up française devrait bientôt s’implanter au Grand-Duché à la faveur d’une première phase de développement international.

Le principe de la “BeNovate TV”: les start-ups ont l’occasion d’y publier un pitch vidéo d’une dizaine de minutes, qui pourra ensuite être visionné en séance d’information virtuelle pouvant réunir jusqu’à 99 personnes. De la diffusion à la demande est évidemment possible.

A terme, les contenus vidéo seront regroupés en catégories par la plate-forme, afin de “créer des chaînes thématiques – par industrie, métier, sujet…”.

A noter, d’un point de vue réalisation technique, que la plate-forme supporte aussi bien des vidéos générées par une simple webcam que du contenu plus professionnel réalisé par un professionnel et qui peut même être injecté au départ d’une “artillerie lourde” telle qu’un camion de production connecté en streaming par satellite.

Le ‘pitch’ se veut interactif, avec présentations de slides, de documents, chat en temps réel, interaction avec les participants. La session, enregistrée, est ensuite accessible à la demande.

BeNovate s’appuie sur ces ‘pitchs’ pour retenir les meilleurs projets. En l’occurrence, ceux qui auront recueilli le plus de commentaires et de réactions de la part du marché: “Les start-ups utilisent les réseaux sociaux – privés ou de type professionnels – pour diffuser leurs pitchs via les plug-ins intégrés à la plate-forme”, explique Patrick Crasson. “Elles ont toutefois également la possibilité d’inviter leur public pour des sessions davantage privées. Nous sélectionnons celles qui ont eu le plus de succès et puis nous décidons si les projets correspondent à nos standards de qualité et bien sûr aussi s’ils présentent un potentiel business…” (cf. encadré pour en savoir plus sur les critères de sélection)

Il s’agit donc d’un premier filtre: les projets ainsi pré-sélectionnés sont étudiés plus en profondeur par les partenaires de BeNovate qui décideront de les inclure ou non dans leur portefeuille de projets coachés.

L’utilité des pitchs vidéo retenus ne s’arrête pas là. Stockés et rediffusables à l’envi via l’intranet de la BeNovate TV, ils peuvent être visionnés par des sociétés (grandes ou petites), clientes de BeNovate, qui sont à la recherche d’idées, de sources d’innovation nouvelle qu’elles voudraient injecter dans leurs propres produits, services ou processus. Autre audience potentielle: des investisseurs “qui ont ainsi l’avantage de voir des projets préalablement sélectionnés.”

Patrick Crasson (BeNovate): “Les start-ups ne sont pas conscientes du potentiel qu’elles représentent pour de grandes entreprises. Notre but est d’identifier ces potentiels et de créer les contacts.”

BeNovate compte démarrer une campagne de promotion et de récolte de pitchs dès la fin de ce mois de novembre.

D’ici la fin de l’année, la société prévoit en outre de “streamer” un premier événement auquel participeront plusieurs start-ups ayant établi leurs quartiers dans l’incubateur luxembourgeois Technoport (où BeNovate, elle-même, possède un bureau).

Dès le début 2014, l’intention est d’attirer des incubateurs vers la plate-forme: “Cela permettra aux incubateurs qui le désirent de créer de la visibilité d’une manière innovante et très intuitive à destination du monde extérieur qui est la cible de leurs protégés…”

BeNovate dit surtout vouloir travailler avec des incubateurs qui “ont, pour leurs protégés, une stratégie aboutie d’aide de développement et de valorisation (mise pragmatique sur le marché, connexions/collaborations avec le tissu économique…) et qui ont une ouverture importante sur les autres régions. Nous sommes ouverts et motivés à travailler avec tous à condition que leur stratégie de développement et d’accompagnement corresponde à notre propre modèle stratégique basé sur l’“inno-preneuriat”. Nous travaillons et/ou intervenons régulièrement avec des incubateurs comme iMinds en Flandre, Technoport au Grand-Duché ou Solvay Entrepreneurs pour Bruxelles et la Wallonie). Idem avec des incubateurs situés dans les pays limitrophes…”

Jeunes Entrepreneurs en Résidence

Signalons enfin que BeNovate a décroché une accréditation pour participer au programme européen Jeune Entrepreneur en Résidence (JER). Un programme d’internat en grande entreprise, d’une durée de 3 à 6 mois. Les “jeunes entrepreneurs” visés sont de “jeunes diplômés ou en fin d’études souhaitant mettre en pratique leurs compétences en marketing, management ou ingénierie au profit d’une start-up à fort potentiel.”

Source: Gellis Images

L’idée est de faire participer ces jeunes “experts” (en marketing, en engagement social…), venus d’horizons proches (européens) ou lointains, à la vie réelle d’une entreprise pour y amener un souffle nouveau.

“Il ne s’agit pas pour cette personne d’assumer par exemple un rôle de community manager mais d’avoir un réel impact sur le business plan de l’entreprise-hôte. Non seulement l’entreprise en tirera parti, mais l’“interne” repartira lui aussi avec une expérience valorisante qu’il pourra reproduire dans sa propre future société, dans son pays. L’entreprise, elle, y gagne de nouvelles compétences, sans risque, à moindres frais et avec le patronage de BeNovate (ou de tout autre organisme accrédité par le programme) qui coache l’“interne” pendant toute la durée de son séjour. Qui plus est, si la personne retourne dans son pays, elle pourra éventuellement être un relais utile pour la société-hôte si celle-ci décide d’ouvrir une filiale à l’étranger.”

Pour les besoins de ses clients, BeNovate dit rechercher davantage “des profils qui ont des compétences nouvelles en support aux projets d’Innovation que nous conduisons avec et pour nos clients. A savoir des compétences telles que la gestion du changement, des compétences dans les nouveaux médias et les réseaux sociaux, dans le reverse-marketing, dans l’utilisation des outils du genre business model generation canvas ou lean-startup…”

Les coachés de BeNovate

BeNovate dit aujourd’hui compter “plus de 160 start-ups et sociétés innovantes” dans ce qu’elle appelle son “éco-système”. Des sociétés pour lesquelles elle a presté ou preste encore divers services d’accompagnement, “depuis des conseils ‘one-shot’ de quelques heures jusqu’à de l’accompagnement à l’année”.

Parmi ces quelque 160 sociétés, environ 40% sont belges, en majorité néerlandophones. Les start-ups francophones (Wallonie et Bruxelles) en portefeuille ne représentent qu’environ 15% de la totalité de l’“écosystème” de BeNovate.

BeNovate ne conseille et n’encadre que des start-ups “qui sont en  2ème ou 3ème phase de financement. Ce sont en effet là des sociétés déjà plus matures et donc plus aptes à collaborer avec des sociétés traditionnelles [l’autre clientèle de BeNovate – voir aussi l’article que nous avons déjà consacré au “modèle” d’activités de BeNovate] qui cherchent des partenaires avec qui créer de l’innovation conjointe. L’“inno-preneuriat” est en effet le coeur de notre métier. Il est donc essentiel de travailler avec des acteurs fiables. Nous travaillons avec des startups/sociétés innovantes de tout horizon, du moment qu’elles sont capables de nous aider à relever les défis afférents à la création de valeur pour nos clients traditionnels…” Car, estime encore Patrick Crasson, “la relance économique sera intimement liée à des nouvelles activités, à des prises de risque contrôlées et, surtout, à du bon sens dans un esprit de folie entrepreneuriale.” Retour au texte.