La deuxième session du programme d’accélération MedTech organisé par le cluster Lifetech.brussels vient à son terme. L’occasion pour les responsables de donner la parole à certains des participants, pour recueillir leurs impressions. Qu’en ont-ils retiré? Quel impact cela a-t-il eu sur leurs projets e-santé? Petit florilège de ce qui s’est dit lors d’une rencontre-débat avec 5 des participants.
Mais avant de passer au bilan de ces 6 mois d’accompagnement, vus par les participants, commençons par une petite précision: le programme d’accélération MedTech accueille des projets e-santé qui en sont à des stades de maturité variables. Certains porteurs de projets ont déjà constitué une start-up ou une spin-off, dans le cas des projets d’origine universitaire. D’autres doivent encore franchir le pas. L’échéance pour le grand saut de la commercialisation se situe, elle aussi, à des horizons variables. Certains prototypes sont quasiment finalisés ; la finalisation d’un produit nécessitera, pour d’autres, encore quelques mois voir un an ou deux de développement.
Dans le cadre du programme MedTech, on parle donc bien d’“accélération” de projet et non de société. Autrement dit, un boost donné à une idée ou à un proto, en permettant aux participants d’acquérir des connaissances, des compétences ou de nouer des contacts intéressants dans un domaine qu’ils maîtrisent moins.
A lire également dans cet autre article: pourquoi la Région bruxelloise mise-t-elle sur le secteur “medtech/e-health” comme axe économique d’avenir?
10 projets avaient été acceptés pour la deuxième édition du programme d’accélération MedTech du cluster Lifetech.brussels. Ce jeudi, pour la traditionnelle séance de pitchs de fin d’accélération, devant un parterre de professionnels de la santé, de partenaires commerciaux et d’investisseurs potentiels, ils ne seront toutefois que 5 à exposer l’avancée de leur projet. Non que les autres aient nécessairement abandonné en cours de route mais l’assiduité n’ayant pas été optimale, de leur côté, les progrès accomplis et le degré de concrétisation du projet ne leur donnent pas droit aux feux de la rampe. Voir un bref descriptif des 5 projets “pitcheurs” en fin d’article.
Ce constat d’assiduité insuffisante devrait d’ailleurs pousser les responsables du programme à rendre quelque peu plus strictes les règles lors la sélection de futurs projets qui poseront leur candidature pour l’édition suivante (démarrant en février 2018).
Erreurs évitées, temps gagné
Pour cette édition du programme d’accélération, la majorité des projets (9 sur 10) étaient d’origine universitaire, souvent portés par des ingénieurs ou des chercheurs. Dès lors, les lacunes qu’ils cherchaient à combler étaient surtout d’ordre financier, commercial (business model) ou réglementaire (spécificités du secteur de la santé).
Bien que porteurs de projets très différents (logiciels, dispositifs médicaux, “plates-formes” orientées santé), les participants du programme d’accélération MedTech semblent en avoir tiré des bénéfices fort semblables, qui se résument notamment comme suit: “erreurs évitées, temps gagné.”
Tous soulignent l’effet positif qu’a eu sur leur projet le fait de pouvoir tester l’idée, de la confronter à la réaliré de terrain. Dans le domaine santé qui est le leur, on pourrit raisonnablement imaginer qu’ils aient, dès le départ, penser à l’utilité pour l’utilisateur final – tant le patient que le professionnel de la santé. Et ce fut le cas pour la plupart d’entre eux. Mais les tests n’avaient souvent encore été que partiels.
Ainsi, Axiles Bionics n’avait encore vérifié que le fonctionnement de son dispositif médical. “Grâce au programme d’accélération, nous avons modifié la manière dont nous avions de poser les questions”, indique Pierre Cherelle, fondateur de la spin-off (VUB) et docteur en robotique de revalisation. Ce qui suppose que l’“expérience utilisateur” a davantage été mise au centre du jeu. “Nous avons élargi le point de vue qui n’est donc plus uniquement celui de l’ingénieur.”
Jean-Sébastien Struyf (Advelox) estime lui aussi que le passage par MedTech a permis de compléter la validation faite antérieurement. “Nous avions validé le logiciel auprès d’utilisateurs et via l’expertise présente dans l’équipe. Grâce au cluster Lifetech, nous avons pu procéder à une phase de tests plus objective, explorer de nouveaux canaux de communication potentiels entre patients et médecins. De quoi apporter les corrections nécessaires. Cet été, nous procéderons à un nouveau test, cette fois avec un professeur en économie de la santé, afin de déterminer l’impact économique de notre solution.”
Pour V-Tech, l’avantage du programme MedTech fut de pouvoir mener de front l’étape de validation du concept (dispositif de rééducation de hanche avec injection de données d’analyse de la force musculaire) et celle du prototypage. “Cela autorise des adaptations et modifications plus rapides. Nous devons maintenant encore passer à la phase des tests cliniques”, déclare Pierre Viviers. “Le programme nous a également permis d’éviter le piège classique: être convaincu d’avoir une super-idée mais ne pas l’avoir validée auprès des utilisateurs.”
Gabriel Abedrabbo, “entrepreneur-chercheur” (UCL), membre de l’équipe de SpineDyn, parle quant à lui surtout d’un gain de temps. “MedTech nous a permis de rédiger le cahier des charges qui nous permettra de passer du stade de prototype à celuis de produit final. C’est là une étape problématique pour de nombreuses spin-offs qui, souvent, arrivent très tard à ce stade après avoir fait de nombreux changements en cours de route. Mieux vaut rédiger ce cahier de charges plus tôt…”
Plusieurs participants disent en outre avoir apprécié leur passage par le programme d’accélération en raison de la vision plus synoptique qu’il leur a permis d’avoir sur les diverses dimensions de leur projet. “Il nous a permis de faire le bilan complet sur le travail accompli depuis plusieurs années”, déclare Pierre Cherelle (Axiles Bionics). “Nous avons obtenu une vue globale sur tous les tenants et aboutissants à prendre en compte”, confirme Louis Philippe Broze (Spentys).
La “soft value” d’un programme d’accélération
Au cours du petit débat qui avait été organisé par le cluster Lifetech.brussels, les différents porteurs de projets ont mis en avant ce qui les a le plus aidé ou frappé au cours du programme d’accélération. Petit florilège…
Pierre Cherelle (Axiles Bionics): “Pouvoir obtenir la vision d’un coach, notamment en matière de modèle business, en l’occurrence un coach qui n’y connaît rien en robotique, est utile parce que cela apporte une vision différente. Axiles Bionics est accompagné depuis 3 ans par la Région bruxelloise [via un financement Innoviris] mais nous étions jusqu’ici seuls dans notre laboratoire, où personne n’a d’expérience avec cet aspect des choses. Le fait de pouvoir venir ne fut-ce qu’une fois par semaine à l’accélérateur est donc bénéfique, sur un aspect des choses qui est toujours perçu comme “bizarre” en milieu académique. C’est par ailleurs motivant de se retrouver dans un environnement entrepreneurial.”
Pierre Viviers (M-Vitec): “MedTech nous a permis de franchir un mur. Désormais, grâce aux contacts pris avec des professionnels, nous savons qui solliciter pour résoudre les différents défis ou problèmes.”
Pierre Viviers (M-Vitec): “Le programme nous a également permis d’éviter le piège classique: être convaincu d’avoir une super-idée mais ne pas l’avoir validée auprès des utilisateurs.”
Louis Philippe Broze (Spentys): “Être passé par le programme MedTech donnera plus de légitimité au projet lorsque nous nous adresserons plus tard à de possibles partenaires [financiers notamment].”
Jean-Sébastien Struyf (Advelox): “Le fait d’être en contact avec d’autres start-ups, même travaillant sur des projets très différents, permet d’unir ses forces et d’éviter de développer la même chose. Cela permet d’éviter de se concurrencer et d’éliminer de son propre projet ce qui n’est pas notre coeur de métier.”
Louis Philippe Broze (Spentys): “MedTech nous permet de bénéficier des conseils gratuits de coachs spécialisés. Nous sommes potentiellement intéressés à poursuivre avec le coach, quitte à prévoir ce coût dans notre plan financier. Ce qui de toute façon pourra servir d’argument dans nos discussions avec de possibles investisseurs.”
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Parmi les 5 “finalistes” (par ordre alphabétique, Advelox, Axiles Bionics, M-Vitec, Spentys et SpineDyn), plusieurs ont un lien plus immédiat avec le monde du numérique.
- Advelox: une solution de dialogue (en mode sécurisé) entre médecin traitant et patient permettant à ce dernier de contacter le professionnel de santé sans devoir en passer par une consultation – pour des questions liées par exemple au suivi d’un traitement régulier (pour maladie chronique), une demande d’avis au sujet de résultats d’analyses médicales ou le renouvellement d’une prescription. Objectif: désengorger les salles d’attente et éviter le canal téléphonique rarement aisé à programmer pour de telles questions. Reste à obtenir toutes les autorisations et homologations pour ce genre de canal virtuel d’échanges.
- Spentys: solution de scanning, modélisation et impression 3D de contentions orthopédiques (des “plâtres” produits en polymère biocompatibles). Avantages: légèreté, création d’une contention réellement adaptée à chaque personne et au type de blessure encouru (via le dessin du plâtre, l’endroit de la plaie restera par exemple accessible pour des soins).
- SpineDyn; solution de planification chirurgicale de la colonne vertébrale qui se base sur la collecte, l’analyse et la modélisation 3D des données “quantitatives” de chaque patient. Les données 2D des radios ou tomos du patient sont transformées en 3D. S’y ajoutent les données de l’analyse cinématique des mouvements (marche) du patient (images collectées par 8 caméras à infrarouge) afin de produire un modèle biomécanique de la colonne. Reste encore à l’équipe à ajouter la “couche” de modélisation musculaire.
Les deux autres projets, en bref:
- Axiles Bionics: un projet de prothèse de pied bionique servant à regénérer une marche et posture naturelles
- M-Vitec: un appareil de rééducation de hanche, associé à un moniteur externe dans lesquels sont injectés les paramètres de rééducation spécifiques à chaque personne. [ Retour au texte ]
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