The New Sentinel (TNS) est en phase finale de préparation de sa solution de “géolocalisation douce”. L’algorithme est pratiquement finalisé, le design des boîtiers finalisé, et un test-pilote en cours. Pour initier la phase de commercialisation, la jeune start-up recherche quelques nouveaux moyens financiers.
Créée en 2009 par Benoît Bolland, TNS avait déjà bénéficié d’une aide de la Wallonie (via la DGO6) pour financer la R&D de ses algorithmes et du boîtier ainsi que d’un apport de fonds d’Internet Attitude (50.000 euros pour une première phase d’industrialisation). Aujourd’hui, elle en appelle à des investisseurs privés pour financer les débuts commerciaux, voire sa première phase d’internationalisation. Objectif: pénétrer sur le marché français et y être opérationnel dès 2015.
Géolocalisation douce
Volontairement, la solution “my Position” de TNS n’autorise pas une géolocalisation précise. C’est même là toute son originalité – revendiquée -, à savoir: proposer un potentiel de géolocalisation respectueux de la vie privée (à commencer par celles des employés).
La technologie choisie n’est donc pas celle du GPS mais plutôt celle des LBS (location based services) basés sur la localisation GSM. Cette technique assure une précision variant de 80 à 400 ou 500 mètres selon la densité et la qualité du réseau GSM sur lequel elle s’appuie (on note évidemment de grosses variations selon qu’on se trouve en zone urbaine ou en rase campagne).
Au lieu d’être “tracé” en permanence, l’utilisateur de la solution TNS a la faculté de n’activer le système qu’à des moments précis. L’objectif est d’offrir une solution qui soit à la fois suffisamment performante et qui respecte le droit à la vie privée de l’usager (et le respect de la loi à cet égard), en balayant les réticences des employés – et des syndicats – et en “restaurant la confiance entre employeurs et employés”, explique Alan de Hepcée, patron de la société. “Une solution GPS vous suit au mètre près. C’est particulièrement intrusif et il n’est pas possible de prouver, quelles que soient les promesses, qu’il n’y a pas en effet traçage. Tout dépend de l’application ou d’éventuelles modifications de paramètres… Résultat: la confiance de l’usager n’est jamais totalement acquise.”
Préciser le scénario
Créée en 2009, The New Sentinel avait eu l’occasion de tester sa solution sur le terrain à la faveur d’un projet-pilote avec SecuRail, le département Corporate Security de la SNCB Holding, et Proximus. Les tests avaient toutefois été menés dans un environnement spécifique, quelque peu “privilégié” puisque la densité d’antennes que l’on retrouve en ville ou agglomération, qui plus est à proximité des gares, est plus importante que dans d’autres zones. Les résultats du test avaient été jugés satisfaisants par TNS (sans toutefois déboucher sur un contrat). Toutefois, à l’examen, il apparut comme une évidence qu’il fallait revoir certains paramètres.
Alan de Hepcée: “Les développements existants en matière de géolocalisation GSM/LBS étant insuffisants, tout le monde pense qu’il n’est pas possible de faire mieux. Ce qui est faux et nous le démontrons.”
En 2012-2013, pour franchir une nouvelle étape, TNS a pu bénéficier du programme CxO (voir notre article) et, à ce titre, engager un directeur chargé de définir la stratégie et le positionnement commercial. C’est ainsi qu’Alan de Hepcée, ancien directeur de StarApic, a pris les rênes de la start-up en mars 2013.
Sa mission se définissait en trois niveaux: procéder à une nouvelle analyse de marché et développer une stratégie commerciale; affiner le scénario technologie; et explorer de nouvelles pistes.
L’une des premières choses auxquelles il a veillé fut de rechercher une solution technique de géolocalisation plus efficace et précise que celles qu’autorisent, via technologies GSM/LBS, des solutions telles celles de Google. Pour ce faire, des développements ont été engagés avec le laboratoire Opera de l’ULB (1). L’algorithme mis au point offre une plus grande précision grâce à diverses techniques développées spécifiquement pour la solution (traitement des signaux peu pertinents, optimisation en fonction de l’emplacement des antennes, “nettoyage” des interférences provoquées par une réflexion du signal sur un bâtiment…).
“Recourir aux services de Google, tel qu’imaginé aux débuts du projet par son initiateur Benoît Bolland, présentait plusieurs désavantages”, souligne Alan de Hepcée. Outre une précision jugée insuffisante, “cela ne nous garantissait aucune différenciation, tout le monde pouvant faire usage de ces services.”
Une géoloc’ complémentaire
Les solutions existant sur le marché manquent de précision, estime le CEO de TNS, parce que le marché s’est désintéressé du positionnement LBS depuis plusieurs années. Depuis 2005, c’est devenu du “tout au GPS”. “Les développements existants étant insuffisants, tout le monde pense qu’il n’est pas possible de faire mieux. Ce qui est faux et nous le démontrons.”
Le marché potentiel de la solution TNS est évidemment moins vaste que celui de la géoloc’ via GPS en raison même de son degré de précision moindre. L’objectif n’est donc pas de concurrencer le GPS mais plutôt de jouer les compléments. “Notre cible n’est pas la géolocalisation des véhicules, qui sont déjà bien équipés et pour lesquels le GPS est plus utile, mais plutôt de permettre une géolocalisation “à la demande” et non intrusive de la personne. Par exemple, pour savoir si elle est bien sur son lieu de travail ou l’amener là où on a besoin d’elle… Notre solution se positionne comme un back-up du GPS ou pour le remplacer là où il n’est pas disponible (par exemple, à l’intérieur des bâtiments), lorsqu’il est défaillant ou pour procurer un processus de localisation plus rapide, les délais d’acquisition via GPS étant plus longs.”
Parmi les marchés-cible identifiés: les professionnels de la maintenance industrielle, les équipes de support technique, les sociétés de nettoyage, les services d’aide aux personnes…
Solution 100% belge
Que ce soit pour le développement de la solution proprement dite, celui de l’algorithme (Laboratoire Opera), pour le design électronique (Taipro et Thelis), pour la conception du boîtier (IOL) ou pour le processus d’industrialisation de la solution (Thelis), tous les intervenants sont des acteurs locaux. De même, la production sera effectuée par un partenaire belge (qui doit encore être désigné).
Autre partenaire local: Proximus, dont TNS utilise la plate-forme M2M pour le transfert des données.
Double finalité
Le boîtier conçu par TNS comporte deux boutons. Le premier sert à la géolocalisation; le second est un bouton d’alerte que le détenteur peut déclencher pour signaler par exemple un accident ou une situation de détresse. Dès qu’il presse le bouton, un SMS est envoyé au serveur TNS qui, par comparaison avec les données de localisation LBS, identifie le lieu d’appel et la personne concernée, et envoie dès lors un message à l’employeur ou tout autre destinataire désigné qui recevra l’alerte, au choix, sur son GSM, via e-mail…
“Nous ne visons pas forcément les transporteurs de fonds qui seraient confrontés à un problème, parce qu’ils sont équipés [eux-mêmes ou leurs véhicules] de moyens de localisation plus précis, mais par exemple des ouvriers communaux qui auraient un accident dans une zone relativement isolée.”
Après les personnes, les “objets”?
Le scénario de la localisation de la personne sera le premier scénario exploité par TNS. Mais elle envisage de s’attaquer à un autre marché prometteur: la géolocalisation des “objets”. Le modèle commercial consisterait alors à proposer, non plus des boîtiers et solutions complètes, mais plutôt de vendre les algorithmes à des fabricants et opérateurs qui les intégreraient eux-mêmes aux objets connectés. L’identification des possibilités qu’offre ce nouveau scénario doit encore être faite. Là aussi, l’idée serait d’offrir une solution de rechange pour les “objets” qui ne sont pas particulièrement adaptés à l’inclusion d’un potentiel GPS ou Wi-Fi.
(1) Laboratoire Opéra: Optique, Photonique, Electro-magnétisme, Radiocommunications et Acoustique)
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