Entre juin et septembre 2013, Technofutur TIC a effectué une enquête tendant à déterminer quelles sont les pratiques des entreprises wallonnes en termes de formation professionnelle continue à destination leurs salariés en matière d’IT et de compétences numériques.
Bien que les résultats puissent difficilement être extrapolés de manière représentative (voir la méthodologie), les auteurs de l’étude n’en déduisent pas moins que la situation est “en demi-teinte, voire décevante dans la perspective d’une transition vers l’économie numérique”.
Il s’avère en effet qu’un salarié sur deux (52%) n’a suivi aucune formation en 2012.
Ceux qui ont eu droit à une formation n’y ont pas forcément consacré beaucoup de temps: moins de 20% ont en effet bénéficié de plus de 3 jours de formation (environ un-tiers des personnes interrogées se situent dans la tranche “1 à 3 jours”). Voilà qui “confirme une tendance lourde à l’auto-formation”, en conclut Pierre Lelong, directeur du Pôle Ressources et Diffusion de Technofutur TIC. Et d’ajouter: “cela soulève des questions en termes de validation de compétences.”
Si les chiffres analysés portent sur l’année 2012, la situation ne se sera sans doute pas améliorée en 2013. Interrogées sur ce point, les sociétés parlent surtout d’un statu quo. 20% penchent pour une amélioration. 19% pour un recul.
La carence risque d’être d’autant plus lourde que les plans de formation définis par les entreprises “sont peu ou mal formalisés (37% des réponses” voire pas du tout (28%)”, constatent avec regret les auteurs de l’étude. Qui plus est les formations sont rarement évaluées (moins d’un cas sur deux). Comment, dans ce cas, juger de leur pertinence ou efficacité?
Cette lacune ne manque d’ailleurs pas de décevoir les salariés eux-mêmes: moins d’un tiers d’entre eux disent entièrement ou assez satisfaits de la politique de formation menée par leur entreprise. 19,5% sont carrément mécontents. 47% sont peu satisfaits ou restent sur leur faim.
Pierre Lelong (Technofutur TIC): “Certains résultats de l’enquête soulèvent des questions en termes de validation de compétences.”
L’absence de plan de formation touche-t-elle davantage certaines catégories de sociétés? “Pour l’IT, la corrélation est directe avec la taille des entreprises et il faut atteindre des tailles de plus de 100 personnes (où la fonction RH est probablement mieux structurée et ne se limite plus à l’administration de la paie, etc.) pour voir chuter ce chiffre”, commente Pierre Lelong.
“Pour les travailleurs IT côté clients marchands (environ 25% des répondants), le niveau “informel” de la formation reste élevé, mais je n’ai pas assez de répondants pour en tirer des conclusions. Un facteur, bien connu, pouvant être que les ressources IT échappent au champ de compréhension et de gestion des directions et des DRH. Il est en effet fréquent, dans les grands groupes comme les banques, que le département IT dispose de son propre service RH “partiel”.
A contrario et hors enquête, il existe des PME ou TPE où il existe une véritable politique interne de compétences collectives et individuelles.”
Progression de l’e-learning
Autre constat posé par l’enquête: les formations à distance (e-learning) sont devenues un élément constant dans le paysage (près de 50% des réponses) même si le présentiel demeure le champion toutes catégories.
A noter que l’on relève une différence non négligeable lorsque l’on compare les chiffres qu’avait récoltés récemment l’AWT en matière d’e-learning au sein des entreprises à ceux de l’enquête Technofutur TIC.
Si cette dernière parle de 50%, le Baromètre AWT 2013 (chiffres de marché pour 2012) signalait un score moyen de 19%. A moduler selon la taille des entreprises: 14% pour les PME, 31% pour les grandes entreprises. Voir notre autre article pour une confrontation de ces chiffres et une explication sur les différences.
Autre constat de l’enquête: le “blended learning” est quasiment absent. Il se fait même dépasser par le “tutorat” (formation accompagnée d’un tuteur ou coach). La perspective d’un coaching post-formation semble en outre séduire: 50% des personnes interrogées seraient preneuses, à condition toutefois que le coût demeure modéré. Mais d’une manière générale, “les nouveaux modes d’apprentissage (e-learning, blended, coaching…) demeurent hautement minoritaires.”
L’étude relève par ailleurs une progression des formations organisées au sein-même des entreprises (et non plus dans des sites prévus à cet effet). Au cours des trois dernières années, 46% des personnes sondées ont bénéficié de ce scénario.
Ce type de formation est considéré comme plus adapté pour différentes raisons: attentes davantage satisfaites, apprentissage plus efficace, souplesse de planification, homogénéité du groupe, qualité des échanges, formations plus courtes.
Les attentes des salariés? Personnalisation, adaptation plus étroite de l’offre par rapport aux besoins, avec une forte de demande de formations sur-mesure, meilleur suivi, plus grande variété dans les formations proposées.
Les raisons du choix
Comment les entreprises et leurs salariés (qui, en majorité, décident eux-mêmes des formations qu’ils veulent suivre) sélectionnent-ils les organismes de formation?
Le critère label de qualité ne semble guère peser dans la balance. Les paramètres qui servent de facteurs de décision sont davantage l’adéquation au besoin spécifique, la réputation de l’organisme ou le bouche-à-oreille. Le prix arrive en milieu de classement des raisons citées.
On le retrouve d’ailleurs caracolant en tête des raisons pour faire l’impasse sur les formations. C’est surtout le cas – fort logiquement – dans la catégorie TPE. Cela et… le manque de temps. 46% des personnes interrogées estiment que les formations devraient durer idéalement de deux à trois jours. On note toutefois que 40% ne semblent pas mettre de limite précise, estimant qu’une formation doit “durer le temps nécessaire.”
Méthodologie
Nombre de réponses prises en considération: 279 (dont 68% d’hommes)
L’échantillon, reconnaissent les responsables de l’étude, ne permet pas de dégager des conclusions réellement représentatives: il s’agit “davantage d’une photographie instantanée, mais les résultats en confortent d’autres, plus partiels.”
Répartition sectorielle:
- prestataires de services informatiques (IT et Web): 29,3%
- secteur public: 29,3%
- secteur privé marchand (services): 19,2%
- secteur privé marchand (industrie): 6,3%
- secteur hospitalier: 006%
- autres non-marchand, éducation, ONG: 15,3%.
Environ 80% des personnes sondées occupent des fonctions IT (réseaux, infrastructure, DB, BI, programmation, développement…). Les 20% restants ont des fonctions orientées Web et Internet.
Taille des entreprises pour lesquelles elles travaillent: en majorité des TPE (moins de 5 personnes) et des grandes entreprises (plus de 250 personnes). Ce qui, une fois encore, ne permet pas d’extrapoler les résultats, “ces deux catégories étant sur-représentées par rapport à leur pourcentage sur le marché.”
Découvrez-nous sur Facebook
Suivez-nous sur Twitter
Retrouvez-nous sur LinkedIn
Régional-IT est affilié au portail d’infos Tribu Médias.