A picture is worth a thousand words. Une image vaut mieux qu’un long discours, dit l’adage. Le principe du “choc des photos” n’est plus à démontrer. De plus en plus, les sociétés, les particuliers s’exposent sur Internet par l’image- que ce soit au travers de CV multimédias, de vidéos d’entreprise, de clips postés sur YouTube…
Le créneau des “visites virtuelles”, quant à lui, se prépare à la grande révolution de la réalité augmentée. En attendant, une première “couche” de valeur ajoutée, d’ores et déjà exploitable, est tout simplement la possibilité de visionner un endroit- restaurant, site architectural, magasin…
Google y a mis le pied en étendant aux espaces professionnels intérieurs l’utilisation de sa technologie de visualisation à 360° Street View. Nom de ce “service”: Google Business Photos – rebaptisé “Google visite virtuelle pour les Pros” dans les pays francophones.
Commerces, établissements en tous genres, centres sportifs ou récréatifs, sociétés peuvent s’attendre, si ce n’est déjà fait, à être sollicités pour permettre à une caméra curieuse de venir faire l’inventaire de leurs locaux. Histoire de s’offrir une belle vitrine sur Google Maps. Seule condition: posséder une page Google+ Local. Pure formalité, d’autant plus que la société n’a pas forcément attendu que les clients potentiels manifestent de l’intérêt pour créer automatiquement une page Google+ Locale pour toute une série d’acteurs commerciaux. Le descriptif est certes minimaliste (parfois une simple adresse liée à un “tag” sur la carte Google Maps) mais le premier pas est franchi. Et l’invitation est lancée aux commerces et autres lieux professionnels de compléter leur petit profil, sans bourse délier.
Le démarchage Google peut dès lors commencer pour le volet “visite virtuelle”. Et il se fait via un réseau de photographes locaux, dûment “certifiés” par Google.
Parmi eux, Jean-Ignace de Villenfagne qui a baptisé ses nouvelles activités 360Pixtour.
“Google ouvre des portes”
Depuis quelques années, Jean-Ignace de Villenfagne s’est en effet découvert une passion pour la photographie-découverte. A savoir celle qui permet, via “visite virtuelle”, de révéler le monde intérieur d’immeubles et lieux, qu’ils soient ou non d’exception. Jean-Ignace de Villenfagne avait pensé convaincre des agences immobilières ou des propriétaires de sites où sont organisés des événements en tous genres. Mais ce monde de la visite virtuelle ne lui a pas réellement ouvert ses portes à ses débuts. A telle enseigne qu’il a préféré, un temps, tenter sa chance sur le marché suisse.
Un tournant est intervenu avec l’arrivée sur le marché belge de Google qui a lancé son programme de “visite virtuelle pour les pros”.
Jean-Ignace de Villenfagne: certaines réticences par rapport à l’idée d’ouvrir son espace intérieur à la visite virtuelle s’estompent quand on présente la carte de visite de Google…
Aujourd’hui Jean-Ignace de Villenfagne et son projet 360Pixtour – de même qu’une quarantaine d’autres photographes belges certifiés par Google – écument le pays à la recherche de propriétaires de sites commerciaux ou professionnels désireux de se donner plus de visibilité sur le Net à l’aide de la technique de visualisation panoramique 360° “à la Street View” adaptée aux intérieurs.
“J’ai opté pour le contrat avec Google en raison du renom et de l’aura de cette société. Ils facilitent les contacts avec les clients que je voulais contacter ou avec d’autres que je n’aurais jamais imaginé contacter”, estime-t-il.
Quelques exemples de réalisations? Visite guidée- et scénarisée- des locaux du collectif Rue du Web à Mont-Saint-Guibert. Découverte d’un concessionnaire Opel à Waterloo (sous l’angle inhabituel de l’intérieur d’une voiture), du restaurant The Lodge à Bruxelles, du showroom d’Espace Kitchen à Woluwe…
La “visite virtuelle” se limite bien évidemment au champ couvert par l’assemblage panoramique de photos. Ce n’est donc pas forcément du véritable “Street View Inside” dans la mesure où la déambulation a inévitablement ses limites.
Tout dépend naturellement du mandat que le client donne au photographe. En multipliant les prises de vues de différents espaces, il devient possible de scénariser une visite. Mais cela a bien entendu un coût…
Le degré de liberté de la visite virtuelle différera d’un site à l’autre. On remarque parfois aussi quelques incohérences quand on déambule dans certains espaces. Dans le cas du collectif de la Rue du Web, par exemple, l’enchaînement des photos et espaces qui se dévoilent est assez chaotique. En cliquant sur une flèche dans l’espoir de découvrir un bureau, on se retrouve vite dans le hall d’entrée de l’immeuble – comme si on avait été expulsé manu militari par un garde invisible…
La fluidité des déplacements n’est pas toujours au rendez-vous. Pour reprendre l’exemple du concessionnaire Opel, le photographe a voulu ajouter une touche d’originalité en permettant de visualiser l’intérieur du showroom comme si on s’était installé à bord de l’une des voitures exposées. Mais passer de l’habitacle de la voiture vers le reste du showroom pose parfois problème. Ou trouver le moyen de rentrer dans l’habitacle…
A la mode Google
S’il se fait démarcher par un photographe agréé Google, c’est avec la société californienne elle-même que tout propriétaire de lieu qui veut faire tirer le portrait panoramique de son établissement signe un contrat. Il autorise ainsi Google à poster les photos sur le site référencé sur Google Maps mais aussi pour d’autres réutilisations sur les autres supports Google. Ce qui, éventuellement, peut ouvrir la porte à d’autres exploitations futures, dont on ignore encore la nature.
On peut par exemple imaginer que le géant californien, un peu selon la méthode Facebook, décide un jour de monétiser les contenus photos (marques commerciales, par exemple, figurant dans l’espace). Le contrat passé ne stipule d’ailleurs pas ce genre de détail.
Hormis le fait que les photos panoramiques se retrouveront sur Google, le client a bien évidemment la possibilité de les intégrer à son propre site Internet ou dans ses présences sur réseau social.
La publication des photos 360° sur Internet répond aux mêmes “réserves” que celles appliquées par Google pour Street View. A savoir: floutage des visages ou, par exemple, des plaques minéralogiques si le site visité est un garage par exemple.
Le contrat et les règles de conduite édictées par Google laissent subsister des zones d’ombre. Restez vigilants…
Mais la technique du floutage ne s’applique pas à tout. En tout cas pas si on se limite aux termes du contrat-type proposé.
Le contrat et les règles de conduite édictées par Google ne concernent en effet que le floutage des visages de personnes se situant dans l’espace ainsi photographié. Mais pas, par exemple, les photos de personnes affichées dans des cadres ou punaisées au mur. C’est donc au photographe de s’imposer – ou non – certaines règles. Jean-Ignace de Villenfagne, par exemple, floute systématiquement les portraits d’enfants.
Le client peut, lui aussi, exiger le floutage de certaines choses: systèmes de sécurité, noms de clients affichés à un tableau ou autres choses qu’il estime sensibles ou trop révélatrices de sa vie privée…
Autre précision: en cas de plainte, le recours du client devra être introduit contre Google. C’est toutefois le photographe qui doit veiller à effectuer le floutage nécessaire, la société californienne vérifiant le travail fini “et se réservant le droit de refuser certains clichés”.
A noter que Google “s’interdit” de réaliser des images virtuelles de certains lieux “sensibles”. Parmi eux: des commerces vendant… des produits relevant du domaine du sexe. Ou encore des lieux touchant à la santé. Pas d’hôpitaux, par exemple, ou alors uniquement des espaces vierges de toute présence humaine.
Saine concurrence?
On dénombre, selon Jean-Ignace de Villenfagne, une quarantaine de photographes opérant sur le territoire belge. Si ce nombre devait augmenter, cela signifierait inévitablement une rude concurrence. Les photographes devront donc proposer des services supplémentaires pour protéger leur business et pré carré. “Certains jouent déjà sur les tarifs, parfois au ras des pâquerettes” [Google ne leur impose qu’une fourchette de tarifs, leur laissant toute latitude d’appliquer les prix qu’ils désirent]. “Il s’agit donc de se différencier par la qualité du service, des photos, l’originalité des réalisations. Il faut sans cesse innover, trouver des sites intéressants, uniques, des premières…
Le collectif Rue du Web (Mont-Saint-Guibert) se met en scène via “Google Inside”
Google ne laisse pas une totale latitude dans le choix des lieux. Le programme Business Photos (le nom ne laisse d’ailleurs aucun doute) s’applique en effet exclusivement aux bâtiments commerciaux ou professionnels (boutiques, sociétés…).
D’autres secteurs, non commerciaux (privés, culturels, publics…), sont classés dans d’autres catégories du portefeuille Google. C’est par exemple le cas des Special Collects ou des Indoor Maps (qui se limitent à des relevés et plans architecturaux, sans illustration, “par exemple pour des églises ou des universités”, explique Google). Le secteur culturel, lui, est encore une zone relativement grise que Google pourrait éventuellement décider d’exploiter plus avant via Google Art (projet de visites virtuelles de musées).
La visite virtuelle du 16 rue de la Loi (bureaux du Premier ministre) a quant à elle été réalisée par Google lui-même, dans le cadre de son programme “Special Collects”.
Quels sont les sites qui intéressent Google? La société renvoie, pour la réponse, à celle publiée dans la “foire aux questions” de son site: “Nous souhaitons collecter des images de lieux qui suscitent l’intérêt de nos utilisateurs. Par exemple, nous sommes intéressés par les zoos, parcs, universités, parcs d’attraction, marchés de plein air, monuments et destinations touristiques, etc. Néanmoins, nous sommes toujours à l’affût de nouvelles idées. Aussi, n’hésitez pas à nous faire part de vos suggestions si vous pensez qu’elles peuvent intéresser le public. […] Nous sommes toujours à la recherche de photos de nouveaux sites passionnants. […] Si votre établissement est sélectionné, nous vous contacterons très rapidement afin de vous inviter à rejoindre notre programme de partenariat et de convenir avec vous d’une date pour collecter les images. En raison du très grand nombre de demandes que nous recevons, nous ne vous contacterons que si votre établissement est sélectionné dans le cadre de ce programme. Merci de votre compréhension.”
Par ailleurs, tous les pays ne sont pas forcément (encore) sur un même pied d’égalité…
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