Trasis a été créée en 2004 par Jean-Luc Morelle et Gauthier Philippart. Cette PME liègeoise est spécialisée dans le développement d’appareillages automatisés de préparation et conditionnement de substances radio-pharmaceutiques pour le secteur de la médecine nucléaire et de l’imagerie médicale.
Jean-Luc Morelle: » Nous fabriquons des équipements pour la production de substances radiopharmaceutiques utilisées en médecine nucléaire et destinés à l’injection in vivo. Ce sont de petits labos de chimie miniaturisés qu’on appelle boîtes à chimie qui, à partir d’un certain nombre d’ingrédients, produisent une substance radio-pharmaceutique de qualité injectable. Au départ, on songeait, mon associé et moi, nous concentrer sur des projets complémentaires à ceux d’une première entreprise, Coincidences Technologies, revendue en 2001 à GE Medical Systems. L’idée portait sur des systèmes de fractionnement de doses mais il y avait suffisamment de ces petites machines sur le marché. On s’est alors penché sur un domaine qui nous paraissait plus utile: l’exposition aux radiations des techniciens des hôpitaux. »
Protéger le personnel médical des radiations
« Nous avons commencé à mettre au point des produits de fractionnement de dose individuelle automatique pour les patients. Il s’agit d’une petite machine embouteillée qui émets des doses radioactives en seringue sans que le personnel médical ne soit irradié en faisant la préparation. Cela n’existait pas. Nous avons lancé sur le marché quelque chose qui n’existait pas et c’est toujours de ce produit là que vit l’entreprise. Cela représente encore les deux tiers de notre revenu actuel. Trasis s’adresse principalement aux services nucléaires des hôpitaux. « Avec un ancrage français même si nous vendons aussi au Moyen-Orient et en Asie. Pour le moment, l’essentiel de nos ventes sont réalisées soit en direct, soit via des agents sur place, des agents belges, notamment via l’Awex. Nous sommes en train de développer un réseau de distributeurs et d’agents. »
Nul n’est prophète…
« En Belgique nous avons équipé un seul centre, à Namur, en 2008 et nous venons d’enregistrer une commande du CHU de Liège. L’essentiel de notre activité se situe en France.
Ce système permettant de préparer les doses est relativement cher, de l’ordre de 12 à 13.000 euros par installation. Il se fait que, dans le domaine de la radio-protection, le cadre législatif français est plus contraignant que le cadre belge. En France, les hôpitaux doivent démontrer de manière très concrète les efforts effectués pour réduire l’exposition de leur personnel aux radiations ionisantes. La loi est coercitive.
En Belgique, chaque hôpital est le propre responsable de cette politique et vous comprendrez dès lors que, comparée aux investissements dans des systèmes permettant d’améliorer le résultat médical sur les patients, la radio-protection soit plutôt le parent pauvre de l’affaire. »
Nouveaux produits de synthèse
« Aujourd’hui dans un contexte économique où les budgets de sécurité sociale sont de plus en plus serrés, ce marché devient de plus en plus difficile, d’où le développement d’une nouvelle gamme de produits de synthèse. C’est actuellement notre priorité, même si ce segment ne représente pour l’instant qu’un tiers de notre chiffre d’affaires. La nouvelle gamme répond à l’augmentation croissante du nombre de traceurs mis sur le marché par les sociétés pharmaceutiques. Je m’explique : lorsque l’on fait de l’imagerie médicale, on injecte des molécules dont le rôle spécifique est de visualiser le métabolisme du glucose. Et bien nous travaillons à des systèmes qui permettent de voir autre chose que le glucose. Nous en avons développé une quinzaine jusqu’à présent. Il s’agit de visualiser des molécules brevetées par des sociétés pharmaceutiques qui nécessitent des appareillages de synthèse spécialisés, les nôtres si possible! . Nous avons ainsi un équipement destiné au diagnostic de la maladie d’Alzheimer qui est en phase 3 de test clinique, c’est à dire en bout de parcours. D’autres concernent les maladies cardiaques. On peut ainsi dire que ces nouvelles molécules constituent pour Trasis une nouvelle opportunité. »
Tellement de mal à recruter
Le lien avec Creative Wallonia? » Nous avons été sollicité, et souvent bien aidé par l’Awex et la Région wallonne. On ne voulait pas dire non à toutes les demandes qui nous sont adressées. Et puis, si cela pouvait déboucher sur une candidature spontanée. On a tellement de mal à recruter… «
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