Depuis trois ans, Odoo s’était lancé à l’assaut des fiduciaires et des cabinets comptables afin de les convaincre de l’utilité qu’il y avait pour eux à recourir à son module comptable, comme élément constitutif d’un plus grand ensemble de fonctionnalités (gestion commerciale, des stocks, de la production, des ressources humaines…). Histoire de leur démontrer qu’un éditeur venu du monde de l’ERP pouvait leur être utile dans la transformation de leur propre métier – abandonnant ou minimisant les pratiques de réencodage de chiffres et factures pour adopter un rôle de conseiller et de co-gestionnaire temps réel des grandes tendances des sociétés-clientes.
En ce mois de juin, Odoo a annoncé avoir ferré un gros poisson puisqu’il s’agit ni plus ni moins de KPMG.
Inspiration à la source
Pour faire évoluer son module de gestion comptable, Odoo s’est tourné depuis trois ans vers des fiduciaires. A l’origine, c’est vers les petits cabinets (de une à cinq personnes) qu’elle s’est tournée. Une trentaine d’entre eux ont ainsi fait office d’early adopters/beta testers. Histoire de récolter idées, conseils, propositions de fonctionnalités ou de fonctionnement de son outil, contre la proposition de leur mettre la solution gratuitement à disposition et de les former tout aussi gratuitement à son utilisation.
La formule a bien fonctionné puisque cela a permis à Odoo de faire sensiblement évoluer son module comptable. Diverses fonctionnalités ont ainsi été ajoutées, successivement, dans les versions 13 et 14. “Nous en sommes aujourd’hui à la version 15 et nous l’avons jugée suffisamment mature pour nous tourner vers les cabinets et fiscalistes de plus grande envergure”, explique Wynand Tastenhoye, responsable business service et sociétés comptables chez Odoo.
La démarche appliquée fut la même: encore renforcer l’outil est proposant de la co-création. Et cela s’est fait avec KPMG qui a ainsi pu proposer des potentiels répondant plus spécifiquement aux cabinets comptables employant des équipes plus nombreuses, travaillant pour de grosses clientèles, devant traiter de gros volumes.
Parmi les apports de KPMG, Wynand Tastenhoye cite un potentiel d’exportation de toutes les images de facture, en format PDF, par exemple pour les besoins d’un contrôle fiscal, le chargement des factures de vente via reconnaissance OCR…
Outre son “statut” de consultant pour l’évolution du module Odoo, KPMG a décidé de faire de la solution de la société branbançonne son outil interne, pour ses propres besoins et ceux de ses clients – quelle que soit leur taille.
Dans un premier temps, KPMG utilisera l’application de gestion comptable et le module de gestion de documents. Il en ira de même pour la majorité de ses clients. D’autres clients seront sans doute intéressés par l’utilisation d’autres modules. Une session d’informations en ce sens sera organisée en septembre chez KPMG à destination de ses clients pour leur présenter les autres potentiels de l’intégré Odoo.
L’argument du “tout-en-un” pour se positionner, en tant qu’éditeur venu du monde de l’ERP, face au peloton d’éditeurs qui viennent d’une optique plus directement, voire exclusivement, comptable – les Sage, Exact, Winbooks, Horus, Visma…
Nouvelle clientèle
La convention de partenariat passée avec KPMG ouvre bien entendu de nouvelles perspectives commerciales à Odoo, puisque cela lui permet de toucher une clientèle de cabinets d’experts-comptables.
A rebours, estime Wynand Tastenhoye, “le fait d’utiliser Odoo ouvre aussi un nouvel axe d’activités à KPMG. Ils peuvent en effet se positionner au-delà de l’offre de services purement comptables. En utilisant d’autres applis de notre intégré, ils peuvent se transformer en “trusted advisor” de leurs clients.
Désormais, il n’est plus possible pour une société telle que KPMG de se contenter de proposer et facturer des heures pour du simple réencodage.” Il leur faut trouver un moyen de hausser la valeur et la teneur de leurs services.
L’argument d’Odoo: l’intégration entre divers modules au sein d’un même environnement…
L’heure est en effet à la comptabilité temps réel, avec intervention au fil de l’eau. Avec possibilité pour clients et experts comptables et fiduciaires d’accéder aux mêmes infos, intégrées ou intégrables (comptabilité, facturation, ventes, gestion bancaire…), dans une même base de données (celle du client), sur une même plate-forme, en accédant et agissant sur les chiffres, transactions et opérations réactualisés en permanence. Avec aussi, dès lors, la possibilité pour les professionnels du chiffre d’opérer davantage en conseillers qu’en avaliseurs.
Même s’ils ne constituent pas la majorité, certains de ces cabinets comptables et fiduciaires sont eux-mêmes déjà clients d’Odoo (la société dit compter environ 90 clients en Belgique dans ce domaine). “Ces fiduciaires, voyant leurs clients travailler avec Odoo, sont donc incitées à se former elles-mêmes à son utilisation.”
Odoo, évidemment, dit ambitionner de convaincre désormais d’autres gros cabinets…
La concurrence sera rude tant le marché est déjà bien occupé par des éditeurs tels que Sage, Exact, Winbooks, Horus, Visma… Si Odoo manie l’argument du “tout-en-un”, des modules de gestion intégrés et intégrables, sans devoir sortir de l’environnement Odoo, la société aura fort à faire pour tenir le rythme.
L’un des chantiers reste celui de la localisation. Si le module de gestion comptable Odoo est pleinement fonctionnel et répond aux spécificités de la comptabilité belge et luxembourgeoise, ses fonctionnalités pour d’autres pays se réduisent encore à l’essentiel: plan comptable, bilan, codes TVA, compte de résultats. Une adaptation ou localisation doit intervenir, pour chaque pays, afin de répondre aux spécificités de la législation locale. Prochaines étapes dans ce registre: une solution comptable pleinement fonctionnelle pour le marché français, sans doute encore d’ici la fin de l’année, et la même chose pour les Pays-Bas, probablement en 2023…
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