Le Social Media Lab (UCLouvain) ouvre son Usability Lab aux projets d’entreprise

Pratique
Par · 11/03/2022

Créé en 2016, à la faveur d’un projet Feder, le Social Media Lab de l’UCLouvain, basé sur le campus montois (FUCaM), a d’emblée eu pour “cible” les professionnels de la communication, les développeurs de solutions orientées Internet et Web ainsi que les sociétés cherchant à renouveler leur catalogue ou à initier de nouveaux projets “2.0”. 

Les aspects sur lesquels le SML travaille plus spécifiquement, développant outils et méthodologies? “L’intelligibilité et la visualisation des données, les techniques collaboratives – et leurs potentiels, l’utilisabilité des dispositifs numériques, l’étude des usages et des appropriations”.

Son apport aux entreprises prend la forme de formations et de sessions d’“accompagnement pratique” – ou comment allier le dire et le faire.

Sur base de l’expertise préexistante ou acquise dans le cadre de projets de recherche, l’équipe du “SML” veut en effet mettre ce savoir et ces ressources à disposition des entreprises locales – plus spécifiquement, des PME et start-ups, sous la forme d’un accompagnement en co-conception, test et/ou amélioration de concepts et de produits.

C’était déjà chose faite depuis quelque temps pour l’axe “analyse de données et intelligibilité des données”. Depuis novembre 2021, la même démarche est appliquée à l’expertise acquise au sein du Usability Lab. Nous avions eu l’occasion de vous présenter ce Usability Lab voici déjà quelques années.

L’objectif n’est pas de se substituer à des prestataires commerciaux mais plutôt de guider et de mettre le pied des sociétés à l’étrier, plus en amont. A savoir, dès le stade de la réflexion préliminaire. “Les sociétés peuvent par exemple avoir un embryon d’idée pour la création d’un site ou d’une plate-forme. Le Social Media Lab peut les assister sous forme de co-conception, d’aide à la réflexion”, indique Clara Maindiaux, assistance de recherche au Social Media Lab. “Cela se fait souvent sous forme de conseils. Notre équipe soumet ensuite un petit rapport ou évaluation à la société qui est libre ensuite de lui donner la suite qu’elle désire.”

L’intervention du Usability Lab du SML est dictée par ce qui fait l’une de ses principales spécificités, que l’on retrouve en partie dans son nom de baptême: “faire en sorte que la société prenne l’utilisateur final en compte, dès le départ”. Ce qu’on a désormais coutume de désigner par le buzzword “expérience utilisateur”.

 

Clara Maindiaux (Social Media Lab): “Nous proposons notre aide aux entreprises wallonnes, qu’elles aient déjà une application ou un site Internet dont elles souhaiteraient améliorer ou tester l’ergonomie, ou qu’elles se trouvent encore dans le processus de réflexion ou de création d’une nouvelle plate-forme.”

 

Pour proposer ses conseils, l’équipe du SML (six personnes) allie des compétences en user experience, interaction homme-machine, compréhension des données, comportement de consommateurs, programmation, design thinking, tests d’utilisabilité…

Dans le cadre de ses recherches dans le domaine de l’utilisabilité des matériels et dispositifs numériques, une série d’outils, d’approches, de méthodologies de conception ont été mis au point. Notamment sur base d’un dispositif d’oculomotrice (“eye cracking”) pour l’analyse des éléments qui favorisent l’attention ou, a contrario, qui suscitent des problèmes de la part de l’utilisateur d’un ordinateur, d’une tablette, d’un smartphone ou encore de lunettes AR/VR ; d’un logiciel d’identification d’émotions exprimées par les expressions du visage ; ou encore d’un “biopac”, un dispositif de collecte de données biométriques (voir plus de détails ci-dessous).

Avis aux sociétés intéressées…

Après avoir mis au point, dans le cadre d’une thèse, des méthodologies de test et de conception  “user experience centered” dans un contexte de recherche pure, l’étape suivante de leur validation via confrontation à la réalité des entreprises, de leurs besoins et contraintes, a été engagée. Objectif: optimiser les méthodologies développées et les rendre plus efficaces, “plus légères” afin que les (petites) entreprises puissent se les approprier ou les moduler. Autrement dit, appliquer les techniques du développement agile, du “lean”, pour rendre la démarche scientifique plus digeste et exploitable.

De manière plus spécifique, l’offre de services s’adresse à des sociétés ayant plus particulièrement subi les effets de la récente crise sanitaire (notamment dans le secteur des soins, du développement durable…). Bénéficiaire d’un budget Feder React (Plan de Relance) dans le cadre du volet React-EU du programme Wallonie-2020, le SML a commencé, en novembre dernier, à faire passer le message qu’il pouvait mettre son expertise à disposition, plusieurs petites sociétés se sont déjà manifestées.

A noter que dans cette offre de services et de conseils aux PME et start-ups, le SML n’intervient pas seul. Il fait en réalité équipe avec l’Open Hub de Louvain-la-Neuve “qui prend en charge m’aspect de suivi technologique des projets”, souligne François Lambotte, directeur et fondateur du Social Media Lab. “Le SML entre en jeu lorsque la problématique touche directement à l’utilisateur.”

Depuis novembre 2021, le SML est déjà intervenu (ou est encore en phase d’intervention) pour quatre projets.

Dans le cadre de son Centre d’excellence en Consumers and Marketing Strategy et du  LouRIM (Louvain Research Institute in Management and organizations), une chaire en digital marketing permet aux étudiants de se spécialiser en sciences managériales et business engineering. C’est dans ce contexte que le SLM a eu l’occasion d’effectuer de premiers tests  de validation et optimisation des méthodologies imaginées en situation de “vie réelle” auprès de sociétés accueillant des étudiants (Voo, Kids&Us, PartenaMut, Altissia, Media Markt, la Croix-Rouge…).

Un autre projet de collaboration et de test avec entreprise concerne la société AW Europe (rebaptisée entre-temps Aisin Europe). Le projet? “Viaduct”. Le sujet: la création d’un tableau de bord pour voiture autonome et le test d’utilisabilité ou, plus spécifiquement, l’analyse de la manière dont la configuration du tableau de bord, le type d’informations qui s’y affichent et la manière dont elles le sont influent sur le conducteur, voire sur les occupants de la voiture. “Outil” d’analyse? Le “biopac” créé par le SML. Au départ, il sert à collecter et mesurer les constantes d’un individu (niveau de stress, pulsations cardiaques, sudation…) par le biais d’un ensemble d’électrodes, de transducteurs et de dispositifs de capture de signaux. Ici, il est mis au service de l’analyse des réactions dans l’habitable d’un véhicule autonome, pour en optimiser la conception et l’impact comportemental.

Pour les besoins de la start-up gantoise MoveUp, auteur d’une appli et d’un programme de réadaptation et revalidation personnalisé après opération chirurgicale (hanche et genou), le SML a apporté son expertise afin de faciliter la procédure d’encodage de données (petits questionnaires) ou encore la manière dont les patients peuvent réaliser, sur leur smartphone, les petites capsules vidéo pour filmer des séances de rééducation que le kiné pourra analyser pour évaluer les progrès de la revalidation… Les patients n’étant pas forcément très à l’aise avec la technologie, les interfaces conçues à l’origine par la start-up posaient parfois des problèmes.

L’équipe du SML a également travaillé sur le protocole de connexion entre le dispositif et l’appli MoveUp.

Le labo a également ajouté son grain de sel “user first” dans un projet pour enfants. Psychologue de formation, Séverine de Sadeleer est à l’origine d’Ama la Girafe. Au départ, une simple peluche qui a aujourd’hui évolué vers un univers plus virtuel, sous la forme d’une plate-forme qui vise à faire naître une “communauté solidaire” (formulation qui, vu la cible – des enfants de 5 à 11 ans -, est préférée à celle de “réseau social”).

Ama la Girafe se positionne comme un outil pédagogique destiné à permettre à des enfants, où qu’ils soient dans le monde, venus d’horizons différents, d’entrer en contact, d’interagir, de partager des “aventures” ou des vidéos – afin de favoriser et de “renforcer la confiance en soi, l’empathie, la quête du bonheur et l’ouverture aux autres”.

Appel à intérêt

Aujourd’hui, le Social Media Lab lance un appel aux sociétés wallonnes qui, elles aussi, seraient intéressées à faire appel à ses services. Ces derniers, pour l’instant, demeurent gratuits puisque “financés” par un projet Feder. Durée de ce dernier: de fin 2021 à la mi-2023.

A terme toutefois, le SML pourrait évoluer vers un modèle payant. Rappelons que, dès 2018, François Lambotte évoquait la possibilité de faire émerger une ou plusieurs spin-offs – par définition des entités commerciales – au départ du SML, piste qui ne s’est pas encore concrétisée mais qui est bel et bien toujours en ligne de mire.

“Un POC est en cours dans l’axe data analytics, intelligibilité des données, logiciels et pratiques collaboratives, ces dernières ayant encore gagné en visibilité pendant la période Covid”, déclare François Lambotte. “La logique dans laquelle s’inscrit le SML est de travailler sur la manière d’améliorer ces pratiques collaboratives en environnement d’entreprise, la manière de les développer, leur mise en application, leurs finalités…

Une spin-off pourrait voir le jour en 2023 afin d’allier notre expertise en analytique de données et les pratiques en entreprise.

Pour ce qui est du Usability Lab, nous en sommes encore au début de l’ouverture à des projets d’entreprise. Si le travail sur les méthodologies développées porte ses fruits, une spin-off pourrait potentiellement être lancée à plus long terme. La réflexion, en tout cas, a été engagée en collaboration avec d’autres professeurs et chercheurs des FUCaM “afin de développer un service d’accompagnement en transformation numérique mettant à profit les techniques et méthodologies d’utilisabilité et d’appropriation.”