DigitalCity.brussels, nom du Pôle bruxellois Emploi-Formation aux métiers du numérique, organisait, cette semaine, un forum sur le thème des compétences et métiers en pénurie en Région de Bruxelles-Capitale, avec un gros focus sur les compétences numériques.
Parmi les orateurs et débatteurs invités, Bruxelles Formation, la cellule Inclusion numérique du CIRB, le Cefora et Saskia Van Uffelen, animatrice de la Coalition belge pour les compétences numériques. Ou encore Agoria.
Tout au long des exposés, au-delà de la présentation des rôles de chacun, il fut donc question de formations, de besoins en compétences et de la manière de mieux articuler offre et demande. En d’autres termes, l’éventail d’acteurs et de services proposés est-il suffisant, correctement conçu, efficacement organisé et coordonné? Acteurs de la formation et de la recherche d’emploi répondent-ils vraiment aux besoins des entreprises et employeurs? Sur quelles priorités concentrer les efforts?
En deuxième partie du forum Digital Skills, une table ronde a réuni les différents acteurs précités ainsi que les représentants des sociétés Proximus et Fujitsu. Objectif: faire émerger des idées pour faire disparaître, comme l’exprimait Jean-Pierre Rucci, directeur général de DigitalCity.brussels, les “disparités entre profils disponibles et métiers en pénurie ainsi que des idées d’accompagnement pour les entreprises afin qu’elles puissent mieux s’atteler à la formation adéquate de leurs équipes, trouver des profils qualifiés, et se projeter dans l’avenir, en termes de compétences à favoriser et accueillir”.
Pourquoi offre et demande ne se rencontrent-elles pas et quelles actions mettre en oeuvre, au niveau des acteurs présents autour de la table, pour y remédier?
Au niveau du Cefora, la principale difficulté, estimait Stéphanie Peremans, responsable Service & Product Portfolio, est de “déterminer les véritables besoins des employeurs”. Impossible, par ailleurs de “généraliser les besoins, de tirer des conclusions au sujet des profils et compétences qui conviendront au plus grand nombre”.
Une proposition a dès lors été mise sur la table par Olivia P’tito, directrice générale de Bruxelles Formation: “favoriser des partenariats avec les employeurs afin de mieux connaître leurs besoins, éventuellement au travers d’une convention de partenariat qui serait portée par DigitalCity.brussels”
Stéphanie Peremans (Cefora): “Conscientiser les plus jeunes aux sciences, aux technologies, aux maths doit se faire dès le plus jeune âge. Pour permettre aux opérateurs de formation de travailler sur des bases déjà acquises…”
Coacher, mieux informer les entreprises
Fujitsu (Kim Van Petegem, responsable RH): “On dispose, à Bruxelles, d’un très important réservoir de personnes possédant des compétences, des capacités cognitives, de réflexion, de raisonnement mais à qui il manque encore de l’expérience, de formation… Ce qui manque encore aux entreprises, c’est quelqu’un, du côté des organismes de formation ou de DigitalCity.brussels qui, chaque année, vienne, proactivement, expliquer les possibilités de mise à l’emploi de ressources disponibles afin de mettre en place des schémas de collaboration efficaces.”
Un forum bruxellois (en distanciel) pour parler besoins en formations et profils numériques…
Pour l’instant, le seul canal d’“approvisionnement” en profils est celui des recruteurs et des agences qui démarchent les entreprises pour proposer des profils qui figurent dans leur base de données… Selon lui, les entreprises ont donc besoin, de la part des acteurs publics, de démarches plus “proactives” pour “coacher les entreprises, les aider à recruter et ensuite poursuivre la formation au sein des entreprises”.
Mais ce n’est pas là le seul besoin des entreprises. Jeroen Fransen, conseiller en marché du travail chez Agoria, soulignait par exemple que “la plupart des entreprises ont appris à présenter leur stratégie pour l’avenir. Mais une grande majorité d’entre elles ne parviennent pas à transposer cette stratégie en termes de compétences. Il faut donc les aider… Il faut les coacher.”
Autre lacune à ses yeux: la manière dont certains publics-cible sont approchés et la le côté trop “binaire” du marché belge de l’emploi: “La Belgique est le pays où on travaille de manière la plus binaire. Soit on ne travaille pas, soit on travaille vollenbak… Toute une série de personnes – les NEETs, les femmes avec un background d’immigration, les personnes peu qualifiées… – ne se reconnaissent pas dans cette organisation du travail tellement binaire.
Pour ces personnes, il convient donc de réfléchir davantage en termes de projets – de courte durée – afin de pouvoir déjà démontrer l’impact d’une formation de telle sorte qu’elles puissent augmenter progressivement leur niveau d’employabilité. Selon une progression pas à pas…”
Adapter le discours et le canal de communication
Un autre problème, déjà maintes fois signalé dans les analyses de la pénurie de profils, est la nécessité qu’il y a, pour attirer vers les métiers de l’IT et du numérique, à simplifier le vocabulaire, le discours.
Tania Maamary (cellule Inclusion numérique du CIRB): “Il faut démystifier l’IT, déstigmatiser, sensibiliser l’ensemble de la population, en ce compris bien entendu les chercheurs d’emploi;, sur les pénuries d’emplois en informatique, dans toute leur variété, et sur les possibilités nombreuses de carrières et le fait qu’elles sont véritablement accessibles.”
Le canal de communication, à choisir, est également essentiel. Cela a-t-il par exemple un sens de vouloir passer par Internet et par les réseaux sociaux pour toucher et sensibiliser aux potentiels de l’IT et du numérique des personnes qui sont en rupture ou “en délicatesse” avec le numérique parce que ne possédant pas les compétences et/ou les outils pour hanter ces lieux? D’où le message de Tania Maamary qui recommande de se tourner vers des méthodes nettement plus traditionnelles afin d’être présents dans les lieux que fréquentent ces “décrochés”.
Tout comme on se tourne vers Instagram ou vers TikTok pour toucher les (toute) jeunes générations, les “décrochés” ne peuvent être approchés et potentiellement “raccrochés” que par des moyens souvent non numériques… Pas forcément des hommes-sandwich à tous les coins de rue mais “en tout cas, en revenir à des canaux de communications qui sont plus à la portée de personnes éloignées du numérique”. Et au plus proche de ces personnes, à savoir notamment via les services et espaces communaux, les EPN…
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