Transformé – c’est aussi ça la “circularité” -, le Pavillon belge qui avait trôné à Milan lors de l’Exposition universelle se retrouve hôte d’un “nouveau lieu dédié aux cultures numériques”, installé sur l’Esplanade de la Citadelle à Namur.
Sa finalité? Elle est multiple… Tout à la fois espace d’exposition, lieu de découverte interactive des technologies numériques, espace d’expérimentation ludique (le Playground), “labo-vitrine” du savoir-faire numérique wallon (le Lab), lieu de conférences (du moins lorsque ce genre d’activités pourra reprendre)… Au total, quelque 2.500 m2, empilés sur quatre niveaux, exploitables par les animateurs et hôtes de passage.
“Questionner le présent et l’impact des évolutions technologiques”
Ouvert au public à partir de ce samedi 13 mars, pour une période de trois mois qui servira de test et de validation grandeur nature, le Pavillon sera structuré en plusieurs espaces exposant et expliquant (ou interrogeant) sur les bienfaits, potentiels ou dérapages et pièges potentiels du numérique. Et ce, à la fois dans les sphères privée, professionnelle et créative.
On pourra voir, regarder, toucher, interagir avec les pièces, réalisations et installations éparpillées sur les quatre niveaux.
Pour les besoins de l’exposition inaugurale, le vaste hall d’entrée, en mode nef, du Pavillon a été rebaptisé la “Vallée de l’étrange”. Pour une première confrontation du visiteur lambda avec le côté perturbant de la robotique lorsqu’elle se fait humanoïde et remet en question notre socle de certitudes. Qui de cet intervieweur ou de cet interviewé est le robot? Jusqu’où peut aller la police en recourant à des chiens-robot? Peut-on absoudre les robots qui demain enfreindront les lois d’Asimov? Où commence l’art quand un robot peut devenir grapheur-sans-le-savoir?
L’équipe du KIKK à la manoeuvre
Propriété de la ville de Namur, le Pavillon sera “habité” pendant cinq ans par le KIKK. Ce qu’on pourra dès lors voir, découvrir, expérimenter au Pavillon tiendra tout à la fois du numérique pur et dur, du “disruptif” et des nouvelles formes d’expression artistique et/ou expérimentale. En voici quelques exemples.
L’espace central – l’impressionnante Géode imaginée par l’architecte Patrick Genard, “père” du pavillon – propose plusieurs salles thématiques, abritant diverses installations qui nous poussent à nous interroger sur l’immixtion des robots “intelligents” dans notre champ d’originalité humaine et sur le pouvoir d’imitation voire d’invention de l’intelligence artificielle.
Faites-vous “croquer” en mode naturaliste ou impressionniste par une IA qui, via reconnaissance de formes, vous imbriquer dans un tableau “4.0”…
Une intelligence artificielle se nourrit de notre image et de ce que nous lui indiquons comme étant des images d’individus que nous considérons comme “normaux”, pour construire, “bit by bit”, sa propre notion de la normalité humaine.
Un très irrévérencieux robot “oecuménique” pioche sans fil conducteur préalable dans la masse des textes de prières, psaumes et autres versets ou mantras qu’ont générés les différentes religions à travers les âges pour y puiser des bribes grammaticales et les rassembler, (apparemment) de manière aléatoire, pour créer de nouvelles antiennes. Quitte à être condamné par l’homme à aller brûler en Enfer…
Une autre intelligence artificielle se prend pour un artiste musical, créant et diffusant en continu ses créations heavy metal sur YouTube.
Plus sereinement – quoique… – une artiste britannique a constitué une classification, parfaitement scientifique, de 10.000 tulipes et a injecté cette masse d’informations (textes et images) dans l’inconscient d’une IA qui s’en sert pour créer trois nouvelles sortes de tulipes. Mais pas que…
Ces trois nouvelles espèces se morphent en continu, évoluant en caractéristiques (couleurs, formes) au gré des fluctuations… du cours du bitcoin. Lien subliminal entre le phénomène spéculatif qui se produit encore actuellement et ce qui fut la première grande bulle spéculative de l’histoire, au 17ème siècle, lorsque l’objet de tous les désirs de richesse prenait la forme de bulbes de tulipe.
Lab et Playground
Pour les trois mois que durera la phase inaugurale du pavillon, l’espace Lab, situé au deuxième étage, traitera de l’“homme augmenté”. A plus long terme, la finalité de cet espace sera de “valoriser le savoir-faire du territoire wallon et de stimuler l’esprit d’entreprendre.”
Neufs projets et réalisations numériques, imaginés et déjà commercialisés par des entrepreneurs wallons ou étrangers, ont pour mission de donner des exemples concrets des bienfaits et multiples applications de l’intelligence artificielle (ou disons, à tout le moins, de l’analytique et des dispositifs connectés) dans notre vie de tous les jours.
On peut notamment y voir les solutions développées par Sunrise (capteur connecté qui analyse le sommeil), par Bloomlife (dispositif de surveillance personnalisé de grossesse).
Dernier espace: le sous-sol est occupé par le Playground, un espace réservé à des installations plus ludiques, qui visent à séduire à la fois les plus jeunes et leurs aînés. Au programme: reconnaissance faciale en mode grapheur automatique plongeant soudain le corps du visiteur dans un tableau de style naturaliste ou impressionniste ; Tetris géant ; balançoire connectée qui, par les mouvements qu’on lui imprime, fait évoluer la carte du ciel…
En attendant la fin des contraintes…
Dédiée au thème de l’interaction – voire de l’inter-influence – entre l’homo sapiens et l’intelligence artificielle, l’exposition temporaire inaugurale, scénarisée par Marie du Chastel, curatrice du KIKK et commissaire de l’exposition, se tiendra du 13 mars au 13 juin 2021.
Restrictions sanitaires obligent, les visites se feront en mode perlé – 10 personnes par quart d’heure – et l’espace ne sera accessible de la mi-mars à la mi-juin que les mercredi, samedi et dimanche, de 12 à 18 heures. Le reste du temps, il sera potentiellement disponible pour des événements privés.
Deux journées spéciales seront toutefois organisées en mai: un week-end réservé aux familles, avec ateliers de robotique élémentaire par exemple, et une journée pour les professionnels, en mode symposium, sur le thème de l’éthique en Intelligence Artificielle.
A la mi-juin, le Pavillon refermera à nouveau ses volets jusqu’au printemps 2022, le temps d’aménager définitivement l’espace et de repenser éventuellement la disposition et les scénarios d’usage du lieu. Passé ce délai, il devrait reprendre un rythme d’expositions temporaires (un ou deux par an) et aussi – les contraintes sanitaires devant alors être levées – de véritables visites guidées et d’événements du genre conférences, ateliers…
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