A Charleroi, la période de confinement et de contraction d’activités physiques, imposée par la pandémie Covid-19, a été mise à profit pour faire avancer certains dossiers de transformation numérique des services (internes ou davantage tournés vers l’extérieur). Certains projets étaient déjà dans les cartons, d’autres ont pris une autre dimension. Pour quelques-uns, ils sont la résultante d’une prise de conscience décuplée de la nécessité de faire de l’outil numérique un instrument de meilleure insertion sociale, professionnelle voire simplement (humainement) relationnelle.
Grands fils rouges: le haut débit en connectivité (perspectives 5G, extension du réseau en fibre optique, multiplication des points d’accès WiFi), le soutien à l’enseignement (primaire et secondaire) via un programme d’équipement, et l’inclusion numérique sociale visant des publics en “décrochage numérique”.
Pour définir ces projets et les rendre les plus pertinents possibles, le conseil communal a décidé de consulter régulièrement un comité d’experts, venus de divers horizons (mais géographiquement liés à la région carolo).
Un comité d’experts pour guider (inspirer) le politique
Depuis ce printemps, coïncidant avec la période de confinement, la Ville de Charleroi a constitué un comité réunissant des personnes plongées au quotidien dans des projets et activités numériques afin de servir de caisse de résonance et de partenaire de réflexion pour les échevins amenés à être confrontés à des projets mâtinés de numérique. En particulier, l’échevin chargé du Développement numérique, Eric Goffart, qui a également les travaux publics, les entreprises et les indépendants dans ses attributions. D’autres échevins, au fil des dossiers, seront sans doute appelés à participer aux réunions de ce comité d’experts, par exemple l’échevine chargée de l’enseignement, Julie Patte.
“Ce comité est précieux”, déclare Eric Goffart. “Il nous donne un feedback par rapport à notre positionnement, nos projets. Il est à même de formuler une vision, de servir de boîte à idées pour les prochaines années… Sa composition est volontairement diversifiée afin de représenter différents domaines et sphères d’activités.”
Composition de ce comité?
Pierre Lelong (Technofutur TIC), Nicolas Installé (FuturoCité), Mathieu Demaré (CoStation, Sambrinvest), Marine Keresztes (intercommunale Igretec), Abd-Samad Habbachi (centre A6K-E6K), Laurent Blanchart (BSCA), Dominique Demonté (Agoria Wallonie), Delphine Dauby (fablab de Charleroi), Stéphanie Toussaint (hub créatif de Charleroi), Olivier Marchal (Cité des Métiers), Arnaud Meulemeester (Dirty Monitor).
Inclusion numérique
L’un des projets, multi-facettes, qu’a élaboré la Ville vise à favoriser l’inclusion (ou anti-fracture) numérique. “Le confinement fut pour nous l’occasion d’une véritable prise de conscience qu’il est nécessaire de progresser en matière d’inclusion numérique sociale et de réduction de la fracture numérique”, déclare Eric Goffart. “Le confinement a en effet démontré plus que jamais et amplifié les risques d’exclusion de la vie sociale pour toute une série de personnes.”
Le plan “Inclusion numérique sociale” que la Ville a dès lors défini sera déployé selon trois axes thématiques: formation et accompagnement ; renfort de la connectivité ; équipements numériques.
Former 100 aidants numériques
Lutter contre l’exclusion numérico-sociale, multi-forme, qui touche de multiples profils et publics et qui ne cesse de progresser à mesure que le numérique devient l’ADN de notre société. Voilà un long combat qui passe par une main tendue à ces personnes – jeunes ou âgées, éduquées ou non, en situation de difficultés financières ou familiales plus ou moins marquées.
L’une des manières de procéder est de multiplier les lieux et “ressources” que ces “démunis du numérique” peuvent solliciter, de rapprocher offre et besoins – en ce compris géographiquement.
Pour rappel, un “aidant numérique” a pour but d’accompagner des personnes dites en décrochage ou de précarité numérique afin de les épauler dans leurs démarches virtuelles ou de les aider à acquérir un minimum de savoir-faire numérique.
C’est le principe que veut appliquer le concept des “aidants numériques” de proximité dont nous vous parlions encore tout récemment dans notre article consacré au projet Interreg “Cross & Learn”.
A Charleroi, un projet de ce type est en préparation, en collaboration avec WeTechCare (acteur pilote du projet Interreg) et avec le soutien (probable) de la Fondation Roi Baudouin.
La Ville veut former 100 aidants numériques, issus des rangs de ses fonctionnaires et agents municipaux, afin qu’ils puissent aider, conscientiser, former eux-mêmes les citoyens en mal de connaissances numériques lorsqu’ils les rencontrent dans le cadre de leur travail au quotidien.
“La Ville compte pas moins de 3.500 fonctionnaires, à la commune, dans les différents services tels que le bureau Etat civil et Population, dans les écoles, les antennes locales des CPAS, les centres du troisième âge, les maisons des jeunes…”, énumère Eric Goffart. “Ils sont, quotidiennement, en contact avec la population. Nombreux sont actifs au coeur des quartiers.
Nous voulons donc transformer un certain nombre de ces fonctionnaires en aidants, pour qu’ils accompagnent des personnes en souffrance ou en rupture numérique, qu’ils les aident à franchir les premières étapes, à apprendre les gestes de base du numérique – pour effectuer des démarches, des transactions du quotidien.”
Source: Aidants Connect (gouv.fr)
Pour former ces fonctionnaires, la Ville s’appuiera sur le contenu du site 123Digit, mis en oeuvre par WeTechCare, “un contenu qui a déjà fait ses preuves au travers de la contribution et de l’usage qu’en font, côté français [Ndlr: 123Digit est la version belge de la plate-forme pédagogique française Les Bons Clics], de nombreuses collectivités.” Le programme de formation est actuellement en cours d’élaboration, en collaboration avec WeTechCare. La formation se déroulera pour partie en présentiel, pour partie en-ligne.
L’espoir de l’échevin carolo, dans le cadre de ce projet de formation de fonctionnaires-aidants, est en outre de s’accrocher à la locomotive de la Fondation Roi Baudouin dans le cadre de ses propres projets de lutte contre le décrochage numérique social. “La Fondation désire désigner, dans le pays, plusieurs communes-pilote déployant un programme volontariste d’inclusion numérique. En Flandre, ce sera Gand. Il y aura sans doute deux communes à Bruxelles. Charleroi espère être celle que la Fondation choisira en Wallonie.
Le but n’est pas de nous faire financer mais plutôt de bénéficier de l’expertise que la Fondation Roi Baudouin déploiera à cette occasion et qui concerne l’évaluation de la politique publique mise en oeuvre.” Les enseignements et bonnes pratiques qui en émergeront pourront potentiellement inspirer d’autres communes ou collectivités.
Le “recrutement” (sur candidature volontaire) des fonctionnaires désireux de devenir aidants numériques est en cours. Eric Goffart espère pouvoir lancer les formations au premier trimestre 2021. “Et si l’expérience est un succès, pourquoi ne pas étendre l’initiative au monde associatif, afin de toucher d’autres publics?”.
Veiller à l’infrastructure
Le deuxième axe du plan “Insertion numérique sociale” de la Ville de Charleroi porte sur le renfort de la connectivité et se place dans le cadre d’une volonté plus large de veiller à une meilleure couverture haut débit du territoire de la Ville. Nous y reviendrons d’ailleurs plus en détail dans un second article, où il sera question des projets ou espoirs de Charleroi en termes de déploiement de la 5G, de l’extension de la fibre optique et de la multiplication des points d’accès Wi-Fi.
Dans le cadre plus précis de son projet “Insertion numérique sociale”, la Ville prévoit d’allouer chaque année, jusqu’à la fin de la mandature en cours (il reste 4 ans), un budget d’un million d’euros à l’équipement de bâtiments publics en Wi-Fi. “La moitié de nos quelque 550 bâtiments communaux – bibliothèques, écoles, centres du 3ème âge, maisons de jeunes… – sont accessibles au public mais souffrent d’une image désuète, peu attractive, avec une offre Wi-Fi, quand elle existe, qui est réservée au seul personnel.”
L’idée est de casser cette image – et cette réalité – en équipant les bâtiments, par vagues successives, et en ouvrant potentiellement de nouveaux EPN ou espaces de création et collaboration…
Pour ce faire, un marché sera lancé pour constituer une réserve d’équipements. Les déploiements s’effectueront “à la fois en raison de la demande et en fonction de certains critères objectifs, notamment une desserte préexistante en haut débit”. Tous les secteurs – enseignement, culture, sports, action sociale… – devraient bénéficier, chaque année, d’une partie du budget.
Le dernier axe du projet Inclusion – Equipements numériques – vise la mise à disposition de matériels dans une série de lieux publics, par exemple les bibliothèques de la ville. Et ce, de deux manières. D’une part, un reconditionnement systématique des PC de l’administration que cette dernière remplace pour son propre usage (et cela peut porter sur quelque 200 à 300 PC chaque année). D’autre part, le déblocage d’un budget pour l’achat de tablettes et d’ordinateurs portables (le budget pourrait être de 200.000 euros par an).
A suivre:
– un article sur les projets ou espoirs de la Ville de Charleroi en termes de déploiement de la 5G, de l’extension de la fibre optique et de la multiplication des points d’accès Wi-Fi
– un article sur un projet d’équipement numérique destiné aux écoles (primaires et secondaires).
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