Le week-end dernier, la fintech liégeoise Gambit Financial Solutions organisait un hackathon afin de faire plancher de jeunes (ou moins jeunes) codeurs sur le thème “Changer la vie grâce à la banque (mobile) de demain”.
Le Hack’Ademic avait notamment pour but, au-delà de la visibilité qu’un tel événement donne à une société, de permettre à Gambit d’entrer en contact et de repérer des talents en vue d’un possible recrutement, d’“offrir aux étudiants des opportunités d’embauche, de stages, de mémoires, ou encore d’envisager l’organisation d’ateliers et/ou conférences avec nos experts afin qu’ils puissent leur donner une réalité de terrain.”
Le besoin de Gambit en nouveaux collaborateurs ne se dément en effet pas. La société a engagé une quinzaine de personnes ces six derniers mois, affiche désormais un total d’une centaine de personnes, et s’emploie à se développer à l’international (voir encadré ci-dessous). Le besoin de nouvelles recrues est constant, souligne Geoffroy de Schrevel, CEO de la société. A commencer par des développeurs (intelligence artificielle, UX…) mais aussi des chefs de projet et des testeurs.
Geoffroy de Schrevel (Gambit): “Nous sommes toujours en recherche de talents. En ce compris pour notre développement à l’international, au-delà du Benelux et de la France. Nous comptons actuellement plus d’un million d’utilisateurs de notre solution et nous sommes persuadés que nous enregistrerons une importante croissance à deux chiffres au cours des années à venir.”
Autre objectif du hackathon, lié au précédent mais devant se concrétiser sur le plus long terme: le développement de collaborations et de partenariats avec des écoles.
Le Hack’Ademic avait deux connotations spécifiques. Primo, il était sciemment destiné à des profils de programmeurs/codeurs. Deuzio, la société l’avait voulu international, “afin de favoriser une diversité culturelle que nous apprécions beaucoup”, souligne Geoffroy de Schrevel.
Le Hack’Ademic, une réussite?
Selon Geoffroy de Schrevel, le hackathon a rempli ses objectifs. “Avons-nous détecté des talents? C’est absolument certain. Le hackathon nous a permis d’entrer en contact avec des étudiants. Les plus prometteurs et/ou les plus intéressés nous rejoindront éventuellement à l’issue de leurs études. Nous verrons en tout cas comment les accompagner au mieux, notamment dans le cadre de leur projet de fin d’année.
Le hackathon nous a également permis de prendre contact avec des professeurs, d’apprendre à nous connaître afin de travailler de concert sur de futurs projets partagés, pour de nouveaux développements, notamment en matière d’Internet des Objets ou d’intelligence artificielle.”
Geoffroy de Schrevel (Gambit): “Tous les observateurs, en ce compris les membres du jury, ont estimé que le concours avait été d’une très bonne facture. Les écoles participantes avaient bien préparé l’exercice en amont.”
L’investissement consenti (tant en termes financiers qu’humains) dans ce hackathon en valait-il dès lors la peine?
Les premières impressions font plutôt pencher la réponse du côté positif. Mais la preuve n’en sera donnée qu’à terme, d’ici un an ou deux. “Nous avons fait un pari. Si, grâce au hackathon, nous trouvons quatre ou cinq nouveaux talents à engager, il aura été profitable”, estime Geoffroy de Schrevel.
“Les retours que nous avons des participants, des écoles, mais aussi des sponsors [Ndlr: le principal sponsor était Hello Bank] sont en tout cas tellement bons que tout le monde veut recommencer…”
A son niveau, abstraction faite du recrutement éventuel de nouveaux talents, le CEO de Gambit tire un bilan positif en termes de contacts noués mais aussi “parce que nous avons appris des choses. Les participants sont venus avec des idées, qui n’étaient pas toujours abouties, mais qui nous poussent à réfléchir, des idées passionnantes auxquelles nous n’avions pas forcément pensé.”
L’un des messages-clé? “Les utilisateurs veulent avant tout des choses simples pour gérer leurs finances. Le message passé était sans ambages: fournissez-nous des choses simples et ne vous cachez pas derrière l’argument des régulations pour ne pas le faire.
Gambit Financial Solutions emploie actuellement une centaine de personnes, en majorité à Liège et Louvain-la-Neuve.
La société dispose également d’une antenne à Luxembourg (pour sa branche B2C Birdee) et à Paris (gestion de projets, support technique des clients français, marketing).
Son objectif est désormais de croître au-delà du Benelux et de la France. D’ici quelques semaines, Gambit ouvrira un bureau à Singapour, “qui déploiera un éventail complet d’activités commerciales”, souligne Geoffroy de Schrevel.
Prochaine étape: l’Amérique du Sud. Si le lieu d’implantation n’est pas encore choisi, le premier pays visé sera le Brésil, suivi de l’Argentine et du Chili.
L’Europe n’est pas oubliée pour autant. En ligne de mire, l’Italie et l’Espagne.
Cela nous force à constamment réfléchir, à sortir de notre zone de confort et à voir les choses différemment. Ce genre de feedback n’a pas de prix…”
Gambit compte s’en inspirer directement pour de futurs produits ou fonctionnalités, “afin de démocratiser, simplifier, ouvrir la démarche en matière de gestion de son argent”.
Des écoles “de tous poils”`
Treize écoles avaient délégué au minimum une équipe au Hack’Ademic de Gambit (au total, 52 participants). Si l’on dénombrait une majorité de Belges, d’autres équipes étaient venues de plus loin – de Marseille, Lausanne, Lille ou encore Paris.
Les participants que la société souhaitait attirer – réussissant d’ailleurs son coup – étaient aussi bien des étudiants (dernière ou avant-dernière année d’école supérieure ou d’université), des chercheurs d’emploi que des personnes en reconversion professionnelle. Les écoles qui avaient répondu à l’appel étaient déjà lors aussi bien des universités et Hautes Ecoles “traditionnelles” (parmi elles, la KUL et HEC Liège) mais aussi des centres de formation (Technifutur avait envoyé une équipe qui a d’ailleurs remporté l’un des prix) et une école de codage (en l’occurrence, la nouvelle antenne bruxelloise de la Wild Code School – qui a décroché le premier prix).
Là encore, Gambit avait voulu susciter la diversité et la mixité des talents, profils et catégories d’âge: “ce qui nous intéresse surtout, ce sont les talents et l’enthousiasme.” Moins réussi mais sans que cela soit une réelle déception: on n’a enregistré que 10% de femmes parmi les participants, “ce qui est toutefois déjà supérieur à la moyenne que l’on rencontre dans ce genre d’études”, souligne Geoffroy de Schrevel.
Dernière précision au sujet de la composition des équipes: si les profils désirés étaient essentiellement des codeurs, les équipes avaient été le plus possible constituées afin d’inclure un profil davantage “métier”. “Nos propres équipes ont par ailleurs coaché activement les équipes pour apporter l’expérience métier nécessaire.”
Des projets – et des idées – qui auront une suite
Les projets sur lesquels les participants ont “hackathonnés” tout un week-end furent très variés, le thème, assez générique – “Step into a new life with a digital bank” – retenu par Gambit s’y prêtait plutôt bien. “Réinventer la banque” pour “améliorer le quotidien” laisse en effet place à l’imagination. Il y eut donc des projets purement bancaires mais aussi des idées qui déconnectent ce type de service de leur ancrage traditionnel.
La preuve? Les projets portés par l’équipe de la Wild Code School et celle de Technifutur et qui ont été récompensés.
Côté Wild Code School, une solution “d’épargne pédagogique” aidant les jeunes enfants (6-12 ans) à maîtriser le concept d’épargne. “Piggy” est une application, à installer sur le smartphone de l’enfant ou des parents, qui figure un petit cochon connecté qui… change de couleurs à mesure que la cagnotte de l’enfant s’arrondit ou en fonction des achats qu’il fait.
L’équipe de Technifutur a quant à elle imaginé un bracelet connecté, également pour les jeunes utilisateurs, une sorte de portemonnaie d’un genre nouveau, leur permettant à la fois d’épargner et de payer.
Troisième lauréat: l’équipe de la Haute Ecole HELMo (“coup de coeur du jury”) pour une solution mobile de gestion de budget personnalisé. L’utilisateur peut déterminer la répartition de son budget mensuel, recevoir des alertes en cas de dépassement dans l’une des tranches programmées, obtenir des conseils et recommandations d’épargne.
Le quatrième et dernière prix est revenu à l’équipe d’Epitech (Lille) pour une solution de recommandation de produits d’investissement basée sur l’intelligence artificielle. Sur base de questions auxquels l’utilisateur est invité à répondre, il se construit un profil d’investissement sur lequel un algorithme se base pour lui faire des recommandations au fil de l’eau.
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