En l’espace de cinq ans, depuis sa création, la société EMAsphere, auteur de la solution de gestion et de pilotage comptable, financier et prévisionnel EMAfinance, a levé 7,5 millions d’euros. Dont 4,5 millions juste avant l’été (un tiers de cette somme étant le résultat de la conversion d’un prêt).
Avant d’en venir aux raisons de cette nouvelle levée de fonds, soulignons qu’“environ 90% des employés ont participé au dernier tour de table”, souligne Didier Vankeerberghen, co-fondateur d’EMAsphere. “C’est là une preuve de leur motivation par rapport au projet.”
Ensemble, les employés ont aligné environ 10% des capitaux frais levés, ce qui est appréciable vu la somme. Deux clients ont également participé au tour de table (un groupe familial “notamment actif dans les domaines de la logistique et de l’immobilier” et une société spécialisée dans la gestion d’actifs).
Le gros de l’injection a été assurée par les fondateurs et dirigeants (50% du total) et par des business angels, en majorité belges mais avec quelques Français dans le lot (environ 40% des capitaux amenés).
Nourrir la capacité d’innovation
EMAsphere avait deux raisons de repartir en quête de fonds frais: d’une part, la nécessité de progresser rapidement en termes d’enrichissement des fonctions et de développement de nouvelles capacités pour son produit EMAfinance et, de l’autre, la volonté de se projeter à l’international.
Premier but: renforcer et étendre la fonctionnalité. “Le besoin [du marché] est énorme. De 80 à 90% des entreprises belges, essentiellement des PME, sont encore mal équipées en termes de solutions de gestion numérique. La gestion financière passe encore souvent par Excel”, constate Didier Vankeerberghen.
La volonté d’EMAsphere est donc de proposer une solution de gestion comptable, financière et prévisionnelle la plus complète possible. De quoi se démarquer et convaincre. “Les différents exercices d’évaluation de marché auxquels nous avons procédé nous ont conforté dans l’idée que nous avons réellement un avantage distinctif. Nous nous différencions par la richesse de notre outil qui sert tout à la fois de tableau de bord, d’outil de pilotage, de consolidation financière, de gestion prévisionnelle, de gestion de trésorerie, de création de budgets et de plans d’affaires, et qui gère à la fois des données comptables, financières et business.
Ces derniers temps, nous avons déjà renforcé la capacité qu’a EMAfinance d’intégrer des données non comptables, venant de logiciels de CRM, de gestion des ressources humaines, de la production… A l’avenir, nous voulons pousser plus loin le développement de verticaux, permettant ainsi aux utilisateurs d’obtenir des tableaux de bord, indicateurs et graphiques dans des domaines dépassant la gestion comptable et financière, notamment via une bibliothèque de connecteurs standard vers des solutions telles qu’Efficy, Salesforce ou Teamleader dans le domaine du CRM.”
Autres priorités de la société en termes d’évolution fonctionnelle: le renforcement de la version mobile, un potentiel d’évaluation comparative (données et indicateurs permettant à une société de comparer ses résultats et performances avec ceux d’une autre entité du groupe ou d’un concurrent), ou encore des fonctions de notification et d’alerte proactive, avec des contenus “prédigérés” pour dirigeants ou responsables d’entreprise.
Une autre piste que la société dit vouloir explorer, en se trouvant un partenaire pour développer la fonctionnalité: une fonction d’analyse automatique qui proposerait automatiquement au chef d’entreprise qui recherche par exemple une solution bancaire à un problème de trésorerie les produits pertinents auprès de son organisme bancaire.
Scan-minute d’EMAsphere
L’équipe d’EMAsphere compte actuellement 40 personnes, réparties essentiellement sur ses deux sites belges de Mont-Saint-Guibert et de Gand. La moitié des effectifs est affectée à des tâches de développement de produit. D’ici la fin de l’année, la barre a été placée à 50. Profils recherchés? Des développeurs, un concepteur Web, du renfort en marketing et en consultance…
Ces derniers trimestres, EMAsphere dit avoir vu la composition de sa clientèle se modifier quelque peu. “Nous avions tout d’abord attiré des clients de petite à moyenne envergure, des sociétés employant au minimum une dizaine de personnes et réalisant un chiffre d’affaires au-delà des 1 ou 2 millions d’euros et pouvant aller jusqu’à 20 ou 30 millions d’euros. Aujourd’hui, nombre de clients se situent dans la tranche au-delà des 30 millions, parfois bien au-delà.” Parmi ses clients figurent par exemple de grands noms tels que Deloitte, BDO France ou Grant & Thornton.
“Nous avons “pitché” l’idée lors du hackathon récemment organisé par B-Hive et nous avons décroché le prix dans la catégorie Financial Management for SMEs and Professionals.
L’idée est de faire en sorte que la solution EMAsphere, sur base des chiffres financiers réels, actuels, de l’entreprise, sélectionne les indicateurs dont a besoin un banquier pour décider d’accepter ou non une demande d’aide bancaire. Le logiciel crée un catalogue de produits bancaires intéressants et, par ailleurs, identifie les chiffres dont le banquier a besoin pour prendre sa décision. Ces indicateurs sont rendus accessibles par le banquier – après validation et autorisation par la direction de la société concernée.” Une sorte d’EDI consultatif d’un genre nouveau. “L’avantage est que le banquier a ainsi accès à des informations précises, fiables, rapides et peut donc accélérer le processus d’approbation de l’octroi d’un prêt ou autre mécanisme bancaire.”
L’idée n’en est encore qu’à sa phase préliminaire. “Le proof of concept a été élaboré. Pour concrétiser cet axe de développement, nous avons besoin d’une banque-pilote avec qui confirmer le potentiel d’industrialisation”, déclare Didier Vankeerberghen.
Se muscler hors frontières
L’autre raison du tour de table de juin était la constitution d’une tirelire pouvant financer l’expansion à l’international.
Depuis le mois de juin, EMAsphere dispose d’une antenne commerciale en France qu’elle espère voir passer à 8 personnes dès la fin de l’année. “C’est un marché très porteur qui, à terme, deviendra sans doute notre principal marché”, estime Didier Vankeerberghen.
Didier Vankeerberghen (EMAsphere): “La France un marché très porteur qui, à terme, deviendra sans doute notre principal marché”.
Prochaine étape: le Royaume-Uni, avec ouverture d’une antenne début 2019. Autre pays dans le collimateur: les Pays-Bas mais de manière plus prudente. “Le marché néerlandais figure parmi les marchés les plus avancés en termes d’implémentation de solutions numériques.” Sans compter que, dans le secteur de la gestion comptable et financière, quelques éditeurs “régionaux de l’étape” sont des concurrents sérieux. Signalons d’ailleurs au passage qu’EMAsphere a été “chiper” Olivier Constant chez Exact pour en faire son directeur commercial.
Pour les Pays-Bas, EMAsphere procèdera sans doute d’abord de manière indirecte, en explorant le marché au départ de la Belgique. Mais l’ouverture d’une antenne, à plus long terme, n’est en rien négligée: “un premier exercice d’évaluation d’opportunité a prouvé que nous avions quelques chose à apporter en termes de panel fonctionnel.”
Pour ce qui est de la progression à l’international, Didier Vankeerberghen affiche sa volonté de progresser rapidement. Ou, en tout cas, “le plus vite possible”. “Nous voulons être incontournable en Europe d’ici trois ans et d’ici cinq ans au niveau global.”
Dans cette optique, un nouveau tour de table a de fortes chances de devoir intervenir dès la fin 2019. “La question du profil des investisseurs se posera alors.” Lisez: non seulement leur envergure mais aussi leur origine. “Si on veut aller au-delà de l’Europe, il faudra en effet penser investisseurs internationaux…”
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