Qualifiée de “moment historique pour la Belgique” par le Vice-Premier Ministre et Ministre de l’agenda numérique Alexander De Croo (voir également notre encadré ci-dessous), l’inauguration de la plate-forme Bit4You, une réalisation 100% belge, permet selon lui à la Belgique “de reprendre le commandement” en matière d’innovation numérique. Du moins, est-on tenté de dire, dans le registre finance…
L’idée d’une telle plate-forme d’échange de crypto-actifs a été lancée par le jeune entrepreneur autodidacte Sacha Vandamme (24 ans). Très rapidement, il s’est adjoint les services de Marc Toledo (Toledo Telecom) et José Zurstrassen (Skynet, Keytrade Bank, MyMicroInvest, LeanSquare) pour accélérer la mise au point de Bit4You.
Petite remarque sémantique au passage: la société parle de “crypto-actifs”, préférant ne pas utiliser le terme de crypto-monnaie puisque la seule ‘monnaie’ reconnue en Belgique est l’euro et qu’au plan juridique, les crypto-actifs n’ont pas un cours légal reconnu et ne peuvent être utilisés comme moyen de paiement.
Soutien des pouvoirs publics
Présent pour procéder à la première transaction en crypto-actifs sur Bit4You, Alexander De Croo a estimé que notre pays et ses citoyens devraient afficher une “attitude plus positive vis-à-vis des technologies numériques et ne pas les subir afin d’en exploiter pleinement le potentiel. La confiance est essentielle pour permettre à la technologie de se généraliser.”
Et d’insister sur le fait que le gouvernement mettait tout en œuvre pour créer un environnement favorable. Ainsi, il a évoqué la volonté du gouvernement d’ouvrir le marché des télécoms à une plus grande concurrence (avec un futur 4e opérateur GSM), de promouvoir les formations au numérique (avec e.a. le Digital Skills Fund ou encore le campus BeCentral) et de lancer différentes initiatives publiques (dont le groupe de travail blockchain ou la collaboration avec une ONG belge qui utilise la chaîne de blocs pour tracer les dépenses en matière de coopération au développement).
Basée sur la technologie de la chaîne de blocs, la plateforme permet l’achat et la vente de dix crypto-actifs – soit les principaux que sont bitcoin, litecoin, tether, ethereum ou dash, même si d’autres pourraient s’ajouter mais n’ont pas encore été retenus pour des questions juridiques.
Pour s’assurer que le projet était conforme à la législation et aux réglementations sectorielles, Bit4You s’est entouré du cabinet d’avocats Ebelius (un an de préparation a été nécessaire), tout en informant de son initiative la Banque Nationale de Belgique et la FSMA (l’autorité des services et marchés financiers).
Par ailleurs, Bit4You a conclu un partenariat avec la société Worldline (leader du marché européen dans les services de paiement et de transaction) pour laquelle cette crypto-transaction est “une première mondiale”, de même qu’avec Belgian Mobile IT et son application mobile Itsme pour l’identification (faute de quoi Bit4You vérifiera l’identité de l’utilisateur par la carte d’identité et une preuve d’adresse). Des “pistes de collaboration” ont également été “explorées” avec BNP Paribas Fortis (et son hub technologique notamment) mais sans qu’une convention de partenariat n’ait encore été décidée.
D’autres partenaires sont et/ou pourraient être également parties prenantes, mais Sacha Vandamme préfère pour l’instant taire leur nom. “Il n’existe pas de licence dans notre domaine, mais nous mettons tout en œuvre pour rassurer les autorités”, fait remarquer Marc Toledo.
Marc Toledo: “Il n’existe pas de licence dans notre domaine, mais nous mettons tout en œuvre pour rassurer les autorités.”
Face à la concurrence d’une plate-forme comme Binance (300 personnes pour une capitalisation boursière de 1,3 milliard de dollars), Bit4You se positionne davantage pour des utilisateurs non-expérimentés et ne nécessite pas de devoir disposer de devises à l’entrée. En outre, “la société est détenue par des personnes physiques [Ndlr: 40% plus une voix pour Sacha Vandamme, 40% moins une voix pour Marc Toledo et le reste pour José Zurstrassen] qui engagent leur propre responsabilité”, tient à insister Marc Toledo.
Quel marché?
Pour se rémunérer, Bit4You facture de 2 à 5% de commission, précisant que “le prix affiché est le prix payé et donc sans surprise”, contrairement à ce qui peut se passer sur d’autres plates-formes, mais que ce pourcentage pourrait rapidement descendre à 1 à 1,5%. L’inscription sur le site est gratuite et l’identification est sécurisée. Ajoutons que pour l’instant, il n’est pas possible de se créer un ‘wallet’, surtout pour des questions de lutte contre le blanchiment d’argent, mais cette fonction existe bel et bien sur la plate-forme.
Aujourd’hui, le marché des transactions en crypto-actifs est estimé à 400 milliards d’euros par mois dans le monde, dont un peu moins de 20% en Europe. D’ici l’an prochain, la société espère séduire près de 50.000 clients pour un chiffre d’affaires de 5 millions d’euros et un effectif d’une dizaine de collaborateurs (contre 4 actuellement). Tout en envisageant prochainement un nouveau tour de table financier, sans vouloir en dévoiler les détails.
Il faut dire que la plate-forme pourrait parfaitement s’étendre au niveau européen et mondial, “même si certaines fonctions devraient être restreintes selon la législation spécifique à un pays”, insiste encore Sacha Vandamme.
Alexander De Croo: “Notre pays et ses citoyens devraient afficher une attitude plus positive vis-à-vis des technologies numériques et ne pas les subir afin d’en exploiter pleinement le potentiel. La confiance est essentielle pour permettre à la technologie de se généraliser.”
Cela dit, l’avenir des crypto-actifs s’annonce positif, sachant qu’ils vont dépasser le stade du paiement d’un bien ou service pour permettre des paiements instantanés (ce qui évite les intermédiaires qui prennent leur commission et ralentissent les opérations) ainsi que pour le financement en ‘crowdfunding’ par exemple [la mode du financement de start-ups par des crypto-monnaies a déjà été lancée…]
De g. à dr.: Sacha Vandamme, Marc Toledo et José Zurstrassen (fondateurs de Bit4You), Alexander De Croo (ministre de l’agenda numérique) et Stijn Gasthuys (global sales director de Worldline).
“Les crypto-actifs sont toujours mieux encadrés et régulés, tout en gagnant en maturité, d’où une plus grande confiance”, fait encore remarquer Marc Toledo qui identifie une vingtaine de secteurs qui seront impactés. Et de citer notamment les ‘smart contracts’ des compagnies d’assurances qui permettent par exemple de se couvrir contre les retards d’avion (avec calcul automatique de l’indemnité grâce à la blockchain). Sans parler de pizza.be qui permet de payer sa pizza en bitcoins…
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