Principe : la start-up dont la valeur pre money (avant investissement externe) est, par exemple, de 400.000 euros offre un lot d’actions ordinaires (sans droit de vote, ni privilèges spéciaux) existantes ou à créer, représentant 25% de son capital-actions pour une valeur approximative de 100.000 euros.
La jeune pousse, au lieu de vendre des actions ordinaires à un investisseur professionnel pour 100.000 euros, organise une loterie dont le prix unique est le lot de 25% des actions.
Pour cela, elle émet 5.000 billets de loterie entrepreneuriale© au prix unitaire de 100 euros. Ainsi elle espère une récolte de capitaux de 500.000 euros.
Chaque participant peut acheter au maximum 10 billets.
Résultat: la start-up fait plus que doubler sa valeur pre money en passant de 0,4 million d’euros à 0,9 million d’euros (si tous les billets ont été vendus). Que la jeune pousse cède des actions déjà créées (et distribuées aux co-fondateurs) ou qu’elle en émette de nouvelles, la dilution est de 25%, mais pour un accroissement de 125% de la valeur financière du capital-actions des fondateurs (rapport de 1 à 5 !).
Bref, une augmentation massive du capital pour une dilution légère et probablement… temporaire. En effet, il y a une forte probabilité que le gagnant du lot préfère revendre sa participation et empocher son gain (un tiens vaut mieux que deux tu l’auras) plutôt que subir les aléas de l’évolution de la valeur de son lot.
La jeune société ayant le cash nécessaire (0,5 million d’euros récoltés), les co-fondateurs (c’est-à-dire les actionnaires historiques) bénéficiant du droit de préemption ont tout intérêt à racheter le lot de titres cédés puisque cela signifie une relution (phénomène inverse que celui de la dilution) rapide de leurs participations originales.
Si l’argent récolté est incorporé au capital social de la start-up, celle-ci réalise un double effet de levier financier puisque la capacité d’endettement de la jeune pousse augmente considérablement tout en gardant une structure du capital saine: pour une société correctement capitalisée, 1 euro de capital de départ procure près de 3 euros de moyens financiers supplémentaires.
Schématiquement : 1 euro de capital de départ engendre déjà 1,33 euro de fonds propres (capital) ou quasi fonds propres (exemple : prêts subordonnés) additionnels apportés par des structures publiques d’accompagnement à la création et au financement d’entreprises. A cela, les banques, rassurées par la solvabilité renforcée de la start-up, peuvent ajouter environ 1,66 euro de crédits à long et/ou à court terme.
L’acheteur du billet de loterie entrepreneuriale© achète la perspective d’un gain substantiel (100.000 euros) ou la chance de participer au rêve d’autrui en devenant actionnaire passif de la jeune pousse. Si le gagnant choisissait de rester au sein de l’entreprise, il ne serait ni plus utile, ni plus nocif qu’un crowdfunder lambda recruté par l’intermédiaire d’une plate-forme de financement participatif.
Par ailleurs, le détenteur du billet gagnant aurait autant de chances que le petit “investisseur de la foule” de tout perdre si la start-up échouait, mais si, par contre, la jeune pousse perçait, le gagnant, au moment de l’exit (tout événement de sortie du capital), empocherait infiniment plus que le crowdfunder quelconque.
Seule contrainte pour que la start-up puisse initier sa levée de fonds en utilisant ce levier ultra-performant : faire établir par un évaluateur externe (un organisme tiers – plate-forme dédiée, cabinet d’évaluation, etc.), pour éviter tout conflit d’intérêt, une valeur pre money. Ce qui compte, c’est que le processus (la combinaison des méthodes employées et la quantification des critères d’évaluation considérés) pour déterminer la valeur pre money soit universel et transparent.
Cette application révolutionnaire du vieux concept de la loterie permet des opérations ponctuelles de levées de capitaux sans les inconvénients d’une altération du bénéfice par action (puisque la dilution n’est pas certaine mais seulement possible), et/ou d’une divergence de valeurs (au contraire, la valeur de marché de la start-up s’accroît en harmonie avec la valeur des actions en circulation), et/ou encore d’une perte de contrôle par les actionnaires historiques, mais avec l’avantage d’un accroissement considérable de la valeur financière des titres en circulation.
Fondamentalement, est-une solution “harrypotteresque” ou sa mise à l’étude vaut-elle la peine d’être envisagée ?
Par exemple, le Cabinet du Ministre fédéral Willy Borsus, en charge des PME, pourrait prendre l’initiative de consulter la population sur l’attractivité de ce concept original de loterie. En cas de résultats probants, il pourrait, avec l’accord du SPF Intérieur, proposer une dérogation à la Loi sur les Loteries du 31 décembre… 1851. Cette autorisation spéciale se justifierait en raison de son utilité économique: faciliter le financement des jeunes entreprises par un mécanisme bien plus souple et moins contraignant que l’appel public à l’épargne !
L’initiative du fédéral pourrait ensuite inspirer les instances régionales. La loterie entrepreneuriale© restant ainsi une loterie régie par une législation fédérale ou régionale.
Carl-Alexandre Robyn
Start-up Financial Architect (Cabinet Valoro)
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