Baromètre Digital Wallonia: portrait du citoyen wallon connecté (ou pas)

Pratique
Par · 23/06/2017

Nouveau rapport de l’Agence du Numérique (AdN) sur les usages numériques en Wallonie. Cette fois, le traditionnel “Baromètre”, désormais estampillé Digital Wallonia, s’est focalisé sur les usages – privés ou moins privés – du citoyen. Ont ainsi été passés au crible les usages et évolutions d’utilisation en matière d’accès Internet, d’équipements numériques et/ou mobiles, d’e-commerce, ainsi que les nouvelles “formes” (ou modalités) de travail et la question toujours aussi actuelle de la fracture numérique.

Taille de l’échantillon: 2.126 citoyens âgés d’au moins 15 ans.

Voici quelques chiffres et constats, piochés dans ce Baromètre, consultable via le portail Digital Wallonia.

Equipement Internet

  • Très légère progression du nombre de ménages disposant d’une connexion Internet : 81% soit un point de mieux qu’il y a deux ans, lorsqu’avait été réalisé le Baromètre Citoyens précédent voir notre article de l’époque) ; 95% des ménages connectés sont en outre équipés d’un WiFi.
  • Cela donne donc 19% de ménages non connectés à Internet, ce qui demeure beaucoup. Certains facteurs socio-démographiques continuent d’influencer l’adhésion ou non des citoyens à l’“âge du tout-connecté”. Parmi les facteurs déterminants: le niveau de revenu ou l’âge. Ainsi, au-delà de 60 ans, le taux de non-connectés est de 29% et atteint les 69% pour les 75 ans ou plus.
  • A noter que la majorité des “have nots” (16% sur les 19%) ne disposent strictement d’aucun équipement informatique ou numérique.
  • Du côté des connectés/équipés, 45% ont opté pour la tablette, soit une progression de 5% par rapport à 2015. Ici encore, l’AdN s’est livrée à une petite analyse socio-démographique afin de déterminer ce qui prédispose un ménage à utiliser exclusivement des dispositifs mobiles. Résultat? “Les ménages dotés uniquement de terminaux mobiles partagent deux caractéristiques majeures: un niveau de revenus peu élevé et l’âge – situé majoritairement entre 30 et 44 ans (48%) et entre 55 et 69 ans.” Ce qui amène l’AdN à la conclusion que les dispositifs mobiles contribueraient à réduire (un tantinet) la fracture numérique.
  • Quant au concept du 2ème écran (celui qu’on utilise au sein d’un foyer en même temps que la télévision pour permettre à plusieurs personnes de profiter de différents programmes télé), il a contaminé 33% des citoyens wallons.
  • Signalons également une petite et encore très timide apparition des casques de réalité augmentée dans les foyers: 2% de taux de pénétration. Les liseuses, elles, sont en recul (6 % contre 9% voici 2 ans), sous l’effet sans doute du succès des tablettes mais aussi de la bonne résistance du livre papier.
  • Quid des objets connectés? La montre connectée, couplée à un smartphone, demeure rare, avec seulement 4% de taux de pénétration. Pas mieux pour les bracelets à capteurs intégrés (3%). Ces derniers ne semblent guère convaincre les jeunes générations, moins en tout cas que des personnes plus âgées (au-delà des 60 ans). Seule indication socio-démographique réellement significative en ce qui concerne ces objets personnels “intelligents”: ils séduisent sensiblement plus les hommes que les femmes: le rapport est de 1 à 3 ou 4).

Usages Internet

Le cloud a-t-il séduit le citoyen wallon? Profile-t-il davantage de ces plates-formes déportées pour lui confier ses données ou des services numériques?

L’AdN parle d’une “progression significative” de l’utilisation des services SaaS (software as a service.

Dropbox est désormais utilisé par 29% des internautes, une progression de 8 points en deux ans. Des solutions de bureautique dans le cloud (du genre Office 365) ne décollent par contre pas vraiment: 22% des internautes, soit un gain de 2 points seulement. Les agendas dématérialisés (et ou partagés) ont plus de chances, avec une hausse de 7% en deux ans (20%).

L’utilisation des réseaux sociaux est en progression: 56%, contre 47% deux ans plus tôt. Facebook continue de faire la course en tête et devient de plus en plus un canal pour l’économie du partage, au niveau du P2P (particulier à particulier, autrement dit des échanges et ventes de biens entre citoyens). Voir tableau ci-dessous.

 

 

Taux de pénétration des autres réseaux sociaux auprès des citoyens wallons:

  • Instagram: 10%
  • Twitter: 6%
  • LinkedIn: 6% (étonnant d’ailleurs que ces deux derniers réseaux, aux ADN très différents, soient à égalité)
  • Google+: 4%
  • Snapchat: 4%
  • Pinterest: 2%

Dans un tout autre registre, le Wallon accentue-t-il son utilisation des services publics en-ligne? Le tableau ci-dessous qui étudie le taux d’utilisation à divers niveaux de pouvoir ne signale pas de réel déclic. Il y a même des reculs…

 

 

Les citoyens y ont essentiellement recours pour y rechercher des informations (48%), remplir certains documents ou formalités devenus obligatoires, tels que Tax On Web (20%) ou commander des documents (seulement 14%).

Usages mobiles

95% des Wallons de plus de 15 ans disposent d’un téléphone mobile. Le “score” du smartphone est de 56% en hausse de 15 points par rapport aux résultats de l’étude 2015. En termes d’usages, celui du smartphone comme instrument pour effectuer des paiements mobiles figure parmi les tendances les plus marquées, avec un score de 48% des usagers qui acceptent désormais ce canal de transactions (en hausse de 23% par rapport à 2015).

 

 

Quels sont les applications ou usages mobiles dont les citoyens wallons interrogés disent “ne plus pouvoir se passer”? Le virus des réseaux sociaux est le plus virulent (47% se sentiraient tout dépourvus sans eux). Suivent le courriel électronique (42%), la messagerie instantanée (28%, nettement moins entrée dans les moeurs donc que dans d’autres pays) et les opérations bancaires (22%). Un dernier chiffre qui confirme pleinement l’évolution des habitudes et le recul des craintes.

Types de paiements? Par ordre décroissant d’importance: les virements entre comptes, les transferts de personne à personne, les paiements via NFC ou codes QR.

Toutefois, l’âge continue de jouer un rôle majeur dans l’adoption du mobile comme support de paiement.

Ainsi les opérations bancaires sur mobiles sont très en vogue auprès des 30-44 ans (43%), plus qu’auprès de personnes plus âgées (33% dans la tranche d’âge des 45-59 ans et seulement 7% au-delà de 60 ans) mais aussi par rapport à des plus jeunes puisque seuls 16% des personnes âgées de 15 à 29 ans confient ce genre d’opérations au mobile (il serait intéressant de restreindre la fourchette aux 18 ou 20-29 ans…).

 

e-commerce. Cette évolution dans les mentalités se reflète également dans le bond en avant que fait l’e-commerce mobile, avec un volume d’achats via smartphone qui a doublé, passant de 6 à 12%. L’ordinateur portable conserve, en la matière, une confortable avance (61%). La tablette gagne du terrain (55% des cas d’utilisation). Tous deux détrônent l’ordinateur fixe (32%).

Dépenses e-commerce des Wallons en 2016: + 7%. Valeur globale: 3,6 milliards d’euros. Source: BeCommerce.

46% des Wallons continuent de bouder tout processus d’achat en-ligne. Raisons majeures invoquées: une préférence donnée à une relation réelle (54%) ; un manque de confiance (36%) ; le désir de bénéficier des conseils d’un vendeur en chair et en os (35%).

Relativement peu friands, apparemment, de paiements mobiles, les plus jeunes (15-29 ans) sont par contre de véritables dévoreurs d’échanges de photos et contenus vidéo (59%), surclassant les autres tranches d’âge.

Le guidage GPS a davantage de succès auprès des 30-44 ans 48%) que des 45-59 as (30%) ou des plus âgés (4% chez les 60-69 ans).

Travail à distance

Internet et usages mobiles ont beau progresser, le travail à distance demeure un sujet délicat. Il se pratique certes davantage que par le passé mais sans qu’il y ait de réel déclic. La pratique du télétravail se contente de grappiller du terrain: 33% des employeurs l’admettent désormais, soit un progrès de 4 points.

Mais l’autorisation demeure souvent octroyée de manière parcimonieuse. Pour 15% des personnes qui y sont autorisées, ce ne n’est que “de façon exceptionnelle” – par exemple, lors de conditions météo hivernales à rebuter un Eskimo.

6% des employés admis au télétravail ne peuvent en bénéficier qu’un jour par semaine. 12% ont plus de chance et peuvent le faire plusieurs fois par semaine.

Fracture et inclusion

On l’a vu plus haut, 19% des ménages ne sont toujours pas connectés à Internet. Principales raisons invoquées: inutilité, complexité, ou âge de l’usager. Nous le signalions également plus haut, au-delà de 60 ans, le taux de non-connectés est de 29% et atteint les 69% pour les 75 ans ou plus.

Autre facteur discriminant: la catégorie socio-professionnelle. Voici ce qu’en disent les analystes Digital Wallonia: “Parmi les non-connectés, on observe 38% de retraités et 15% de demandeurs d’emplois. Si on croise la catégorie socio-professionnelle avec l’âge, on constate une majorité de non-utilisateurs actifs âgés de moins de 60 ans, composée de demandeurs d’emploi et d’étudiants (30% des non-connectés).”

Les détails de cette étude sont publiés sur le site-portail de Digital Wallonia.