Une nouvelle solution de communication et de partage d’informations destinée au monde de l’enseignement est en cours de développement à Liège, avec des ambitions de séduire d’autres établissements.

Développée en open source par la société be-Cloud (Theux), elle est, dans un premier temps, une réponse à un besoin du Conservatoire Royal de Liège qui ne trouvait plus dans son logiciel de gestion des études, développé sur mesure et sensiblement vieilli, une solution adéquate pouvant faire face aux nouveaux besoins induits par l’arrivée du “Décret Paysage”.

Ce décret modifie en effet sensiblement la manière dont un établissement d’enseignement structure son offre de cours et permet aux différentes parties concernées (étudiants, enseignants, administration) de gérer les éléments qui l’intéresse directement.

“Chaque étudiant dispose de son propre parcours individualisé. Il doit donc disposer de nouveaux outils afin de définir son parcours”, souligne Jérôme Sonnet, patron de be-Cloud qui a décroché le contrat de développement d’une nouvelle solution.

“Cela a un impact sur le processus d’inscription et de validation des choix posés. Certains prérequis doivent être respectés. Les professeurs, de leur côté, doivent pouvoir vérifier qui est inscrit à leurs cours. La nouvelle manière de procéder a un impact sur le suivi, les mécanismes de vérification de la progression de l’étudiant dans son parcours, la manière dont il accumule les crédits, sur les délibérations… Quant à l’administration, elle a besoin d’une vue globale.

La nouvelle flexibilité qu’introduit le Décret Paysage se fait au prix d’une plus grande complexité dans la gestion des études et nécessite une communication qui, elle aussi, doit être également largement individualisée. Il faut donc un outil qui puisse apporter le support nécessaire.”

Dialogue à trois

Et c’est ce défi qu’ambitionne de relever Horizon, nom choisi pour la nouvelle solution. “Ce n’est pas un LMS ou une solution d’e-learning mais plutôt une plate-forme de communications entre les trois parties concernées (étudiants, enseignants, administration). Le but est de leur permettre de se parler de manière efficace. Ce qui existait sur le marché se limitait à des solutions purement administratives qui ne permettaient pas un accès et des échanges avec et entre les professeurs et les étudiants”, commente Jérôme Sonnet.

“La nouvelle solution fait entrer la révolution numérique au coeur de la communication entre les différents acteurs de l’enseignement supérieur.

Le Conservatoire s’était tout d’abord tourné vers une solution utilisée par l’Université de Liège mais ils se sont rapidement rendue compte qu’elle était surdimensionnée par rapport à leur propre structure. Il leur fallait quelque chose de plus flexible pour mieux coller à un programme qui comporte de nombreuses options”, indique-t-il.

Une solution Odoo

La solution proposée s’appuie sur la version communautaire d’Odoo, à laquelle une série de modules spécifiques sont venus et continueront de venir s’ajouter. Odoo était un choix logique dans l’esprit de Jérôme Sonnet. Il utilise cette “solution ERP communautaire”, depuis quelques années, pour développer des solutions destinées à des PME ou encore à des clubs sportifs.

“S’appuyer sur Odoo, qui propose pas mal de fonctionnalités déjà bien stabilisées, permettait de délivrer une solution rapidement.” Et de compter sur une communauté active de développeurs pouvant potentiellement intervenir, tant au stade initial que pour l’évolution future de la solution.

Nom de baptême choisi pour la solution destinée au Conservatoire: Horizon.

Elle sera structurée en une série de “modules-nuages” qui empruntent leur nom à la terminologie météorologique.

Cirrus est destiné à devenir le composant site-vitrine qui permet à l’établissement de publier et de tenir à jour son offre pédagogique. L’étudiant peut y choisir sa filière, y puiser les éléments de son parcours, découvrir les profils d’enseignement proposés… L’outil guide l’étudiant dans ses choix dans la mesure où, sur base de sa sélection, une série de pré-requis et co-requis (appellations typiques du monde de l’enseignement) sont identifiés pour garantir un parcours pédagogique suffisant et cohérent.

Jérôme Sonnet (be-Cloud): “une plate-forme de type Odoo permet d’envisager un très large éventail d’interactions entre les différents participants: sites Web, portails, chat, forums, mais également des sites communautaires tels qu’on peut les retrouver sur les médias sociaux.”

Deuxième “module-nuage”: Stratus. Il s’adresse au personnel administratif. “Il leur permet de gérer des concepts nouveaux tels que blocs d’études, unités d’enseignement, activités d’apprentissage. Stratus permet d’encoder la signalétique de chaque étudiant, de lui attribuer un programme spécifique sur base d’une bibliothèque préétablie, de gérer ses valorisations de crédits, son minerval et de communiquer avec lui par courriel. Il crée automatiquement un répertoire des étudiants, des enseignants et des autres personnels.”

Ce module gèrera également les délibérations et génèrera les documents officiels (attestations, feuilles de résultats, listes d’étudiants, diplômes et suppléments diplômes…).

Troisième “module-nuage”: Cumulus. C’est le module Communications, destiné à autoriser un dialogue entre étudiants et enseignants.

Pour ce volet, be-Cloud n’a pas voulu réinventer la roue mais a préféré intégrer tout simplement Google Classroom, via l’API mise à disposition par Google, afin d’autoriser la publication et l’échange de documents (documents officiels, documents scannés, vidéo…), chatter…

“Un professeur peut créer un groupe et y inviter les étudiants ou groupes d’étudiants inscrits dans les activités d’enseignement dont il a la charge, éventuellement en collaboration avec d’autres pédagogues. Il peut créer des groupes selon ses propres critères, les fusionner, ou simplement ajouter ou supprimer des étudiants.

Un site collaboratif peut être mis en place pour chaque groupe d’étudiants, le tout dans un environnement sécurisé.”

Etat d’avancement

Pour l’heure, le volet back-office (“Stratus”) a été développé pour les besoins du Conservatoire et est opérationnel depuis juin. Reste à finaliser le développement et à déployer les volets communications (“Cumulus”, pour un dialogue et des échanges de messages et de documents entre étudiants, enseignants et personnel administratif) et “Cirrus”, autrement dit le site où sera publiée l’offre de formations proposées par le Conservatoire Royal de Liège (ce dernier intégrera Horizon à son site Internet global, actuellement en phase de rénovation).

Tout comme l’enseignant, l’étudiant disposera par ailleurs aussi de son propre espace, baptisé “Cumulo-Nimbus”. Il y retrouvera son programme, ses documents (personnels ou destinés à son groupe), des messages…

Liège et au-delà ?

L’espoir de Jérôme Sonnet est désormais de convaincre d’autres établissements scolaires et Hautes Ecoles d’adopter le logiciel.

“Pour les écoles qui disposent déjà d’une solution de back-office, nous pouvons parfaitement prévoir une intégration à d’autres architectures. Horizon leur procurerait ainsi la dimension qui leur manque encore, à savoir une solution de communications et d’échanges.”

Mais il voit aussi plus loin. “Pourquoi ne pas regrouper le catalogue des programmes de formations proposés par les établissements d’enseignement afin de pouvoir publier, en un lieu unique, la totalité des programmes parmi lesquels les étudiants pourraient faire leur choix? Il serait intéressant de créer une communauté d’établissements et de Hautes Ecoles. Cela permettrait à chacun de comparer les programmes”, indique Jérôme Sonnet.

Il entrevoit ainsi une offre tarifaire basée sur l’offre de licences (pour les modules qui viennent compléter la solution Odoo de base) et des prestations en régie pour le support.

Pour ce qui est du stockage et de l’hébergement des documents (en tous genres) dans le cloud, des partenariats pourraient être conclus avec divers grands fournisseurs. L’idée étant aussi, via le lancement de Horizon, de “pousser davantage les établissements d’enseignement vers des solutions IT virtuelles.”