Smart Cities. L’Internet (des Objets) au service du citoyen

Pratique
Par · 08/12/2016

L’Internet des Objets devient progressivement la nouvelle tendance de fond de la nouvelle économie et la promesse de révolutions majeures dans nos sociétés.

Si cela reste obscur pour beaucoup de citoyens, et si les experts prédisent qu’il impactera principalement les entreprises (selon McKinsey, 70% du potentiel ira aux applications B2B), il est un domaine qui permet à chacun de comprendre en quoi l’Internet (et notamment celui des objets) va bouleverser nos habitudes. Il s’agit en l’occurrence des “Smart Cities”.

Les Smart Cities, c’est mettre la technologie au service du citoyen et de la ville, afin de permettre d’améliorer la vie de chacun, d’optimiser les services rendus par les services publics, et par là, d’offrir une meilleure gestion du développement urbain.

L’explosion démographique, l’inextricable problème de la mobilité, l’insécurité liée à la pauvreté, la surpopulation et au terrorisme, la pollution et le manque de moyens financiers de nos villes, sont autant de facteurs qui vont amener la technologie, sous le vocable Smart Cities, à se généraliser pour améliorer le quotidien de chacun.

Portails citoyens

Améliorer les services aux citoyens au travers de portails citoyens offrant des services en-ligne, mais aussi (ou surtout) interconnecter différents services et sources de données pour apporter encore plus de valeur… L’open data jouera dans ce domaine un rôle majeur. Déclaration d’impôts en-ligne, demande de formulaires, etc.

Voici, dans le domaine scolaire, un bel exemple de ce que la technologie peut apporter. A Moscou, mégapole de plus de 20 millions d’habitants, toutes les écoles sont reliées à des services Web mis en commun et offrent au parents une application mobile leur permettant de consulter, quelles que soit les écoles fréquentées par leurs enfants, l’horaire des cours, les devoirs à faire, les résultats des tests, mais aussi les heures d’arrivée et de départ de chaque enfant. Elle leur permet également le paiement de la cantine scolaire par exemple.

Simplification administrative, sécurisation, suppression de l’argent, meilleur suivi de l’éducation…

La mobilité

La congestion croissante de nos villes n’est pas une fatalité. La mesure en temps réel du trafic, des panneaux indicateurs dynamiques pour distribuer ce trafic (smart traffic), la gestion dynamique des places de parking (smart parking), et bien sûr l’extension des transports en communs, des véhicules partagés ou autonomes, et des formes alternatives de transport (vélo électrique…) sont autant de solutions liées aux smart cities. Sans oublier tous les services online qui permettront d’éviter des déplacements inutiles…

Une étude américaine (Richard W Wilson – 2015) a montré qu’à Los Angeles, à l’heure de pointe, 94% du trafic était généré par des véhicules cherchant une place de parking !

Borne ou robo-policier? Image de la sécurité de demain?

La sécurité

Sécuriser la ville, tant d’un point du point de vue de la violence et des attentats, que de la protection civile, sont autant de sujets liés aux smart cities. Réseaux de caméras et détection automatisée de problèmes, ouverture / fermeture à distance de portes, dispatching intelligent d’alertes (incendie, catastrophe) en fonction de la localisation de la population…

Si l’on peut y voir un risque d’atteinte à la liberté individuelle / vie privée, il s’agit aussi de rendre la ville plus sûre. Le débat ne fait que commencer…

La gestion énergétique

L’énergie, que ce soit au niveau du réseau de distribution, pour répondre aux problématiques des variations de demande, d’offre (notamment liée aux énergies renouvelables – dont la production est discontinue), de l’optimisation de son utilisation, tant au domicile (smart home, smart metering) que dans les entreprises. Ou encore dans l’espace public (par exemple, via une gestion intelligente de l’éclairage urbain – smart lighting -, à savoir l’éclairage en fonction de la présence…).

L’environnement

Mesure et gestion de la pollution liée aux transports et aux industries, et liaison avec la gestion du trafic urbain, afin de maintenir une qualité de l’air suffisante.

Gestion des déchets via la mesure en temps réel du taux de remplissage, afin d’optimiser le ramassage. Autant de domaines où la technologie va aider.

L’agriculture urbaine

Avec une démographique galopante, les villes vont se retrouver face au défi de nourrir tous leurs citoyens. La demande croissante du circuit court, du bio, les problèmes et les coûts liés aux transports, vont pousser les villes à promouvoir l’agriculture urbaine, notamment via l’hydroponie. La smart agriculture et l’agriculture urbaine vont se développer, avec l’aide de la technologie, comme l’illustre par exemple le projet belge Odyseed.

Un marché énorme…

Selon Orbis Research, le marché du logiciel dédié à l’Internet des Objets atteindra 379 Milliard de Dollars d’ici  2021. Enorme. Les grands acteurs se positionnent de manière transversale, à l’image de Amazon (IOT suite), Microsoft, IBM ou encore Samsung, ZTE… Il verra aussi l’émergence d’acteurs spécialisés (verticaux) et des acteurs locaux.

La Belgique et les Smart Cities…

Récemment a eu lieu le Smart Cities Expo World Congress (15-17 novembre 2016) à Barcelone. Une délégation bruxelloise, organisée par le CIRB (Centre Informatique de la Région Bruxelloise), avec le support des Attachés économiques de Bruxelles à Madrid et Barcelone, avec la Secrétaire d’Etat Bruxelloise Bianca Debaets, Agoria (fédération des industries technologiques), Brussels.Impulse (Aide aux entreprises à Bruxelles), le BECI (chambre de commerce de Bruxelles) et des Entrepreneurs bruxellois (dont je faisais partie), a eu l’occasion de constater les projets en cours dans le domaine, un peu partout dans le monde.

Le stand de Digital Wallonia à Barcelone…

Ce fut aussi l’occasion de visiter le stand de la région wallonne, stand qui sera étendu à la région bruxelloise l’an prochain. Une dizaine d’entreprises et d’acteurs publics y étaient présents (GRE Liège, LetsGo City, Multitel, Opinum, RVC, Skylane Optics, SmartNodes, Smart City Institute, Technobel).

Et Bruxelles?

Il faut une volonté politique de mettre un cadre, tant administratif, légal que technologique au développement des smart cities. Les initiatives récentes des ministres Gosuin (Economie et Emploi), Debaets et Jodogne, de développer une politique autour de l’économie numérique (support aux entreprises), le développement de l’open data, du Wi-Fi pour tous et la disponibilité (quasi unique dans le monde à ce jour) de réseaux IoT dédiés (SigFox et LoRa par Proximus sont disponibles, et bientôt NB-IoT !) sont autant de signaux positifs qui font de Bruxelles un potentiel important pour le développement des smart cities…
Pour conclure, l’urbanisation galopante, liée à l’exode rural et aux migrations, va conduire à l’augmentation des problèmes pour nos villes. Lors d’une rencontre récente avec des représentants Smart Cities d’Inde, S.S Kshatriya, Chief Secretary du Gouvernement de Maharashtra (région of Mumbai), expliquait qu’avec une croissance économique de 8% par an, l’Inde enregistrait une croissance exponentielle de la population dans les villes, avec dès lors des problèmes de mobilité, logement, alimentation, sécurisation… Et ils considéraient les Smart Cities comme une des solutions à ce problème. Les technologies Smart Cities rencontrent donc de réelles problématiques d’aujourd’hui, et de demain.

Lionel Anciaux

Consultant IoT

Fondateur de IOT Factory.
Président du board Cluster Software.Brussels