Le récent VR Hackathon de Bruxelles a permis de faire émerger un projet qui a particulièrement séduit le jury. Son thème: l’utilisation de la réalité virtuelle pour évaluer la personnalité et les capacités d’une personne posant sa candidature à un poste à pourvoir. Au-delà, l’espoir est de pouvoir étayer et rendre plus “efficace” le processus de recrutement.
Ce n’est évidemment pas la première fois que de nouveaux médias et scénarisations sont proposés pour dynamiser ou moderniser cette tâche. Jeux de rôles et jeux sérieux, notamment, ont déjà été appelés en renfort. Cette fois, l’argument défendu par les partisans de la réalité virtuelle est que ce nouveau vecteur peut potentiellement permettre aux entreprises qui engagent de “retirer toute subjectivité à l’évaluation des candidats”, de “réduire le coût du processus” et de l’automatiser. Tels sont en tout cas les arguments avancés par le duo qui a remporté le premier prix du VR Hackathon bruxellois.
Côté neutralité, l’idée est de pallier aux risques de subjectivité des personnes chargées du recrutement en donnant la main à des algorithmes, à la fois pour le pilotage du scénario et pour l’analyse des résultats.
Côté efficacité, l’espoir est de pouvoir développer une solution modulaire, aisément reproductible, avec des scénarios d’immersion virtuelle qui s’adaptent aux diverses situations, contextes d’entreprise, particularités sectorielles, exigences métier. Moyennant le développement d’un catalogue de scénarios.
L’idée est aussi d’automatiser à la fois l’interprétation des résultats et la production de rapports. “Recourir à des recruteurs et testeurs humains revient cher pour les entreprises. Il y a donc un potentiel intéressant à proposer, grâce à la VR, pour un marché B2B”, estime Jérôme Hordies, l’un des porteurs du projet. Cible de clientèle? “Les grandes entreprises, les agences de recrutement, les centres d’évaluation.”
“Hire Smarter”
Le projet, au départ, avait été baptisé “AssessVR”. Ses deux initiateurs – Jérôme Hordies et Maxime Czetwertynski – l’ont aujourd’hui rebaptisé Hire Smarter.
Le premier est actif dans la VR depuis quelque temps – et un habitué des hackathons. La société de conseils – BNome – qu’il a créé avec Nicolas Chalon s’est lancée dans des réalisations VR sous le patronyme VectionVR.
Jérôme Hordies (BNome, VectionVR), à g. sur la photo: “Recourir à des recruteurs et testeurs humains revient cher pour les entreprises. Il y a donc un potentiel intéressant à proposer, grâce à la VR, pour un marché B2B.”
Maxime Czetwertynski, pour sa part, organise notamment des “battles” pour développeurs au cours desquelles ils peuvent tester de nouvelles technologies pour des clients et/ou se faire repérer par des sociétés cherchant à recruter.
Le prototype qu’ils ont ficelé en un peu moins de deux jours est encore minimaliste mais, selon eux – et selon le jury -, a permis de prouver la faisabilité et la valeur potentielle de l’outil.
Le scénario? A l’aide d’un casque HTC Vive et des dispositifs de contrôle qui lui sont associés (pour les interactions avec les objets et l’environnement physique), le candidat se retrouve immergé dans un environnement factice où les stimuli et événements testeront progressivement ses capacités.
Dans un environnement tout d’abord simple et calme, ses capacités fondamentales de compréhension des instructions données sont testées. Ensuite les choses se compliquent progressivement. Des éléments de distraction sont insérés, le scénario s’accélère, un paramètre contradictoire à l’instruction se présente, l’environnement devient bruyant…
Scénariser un environnement de travail qui, soudain, devient hostile et perturbateur… pour jauger les capacités du candidat.
Jusqu’à devenir à ce point hostile qu’il rend la tâche impossible. “Tout cela permet de mesurer la capacité de concentration, de réaction, d’adaptation, la capacité de réactivité cognitive, la résilience. Et quand il n’est plus possible de réaliser la tâche, nous pouvons mesurer combien de temps la personne met de temps pour s’en rendre compte”, explique Jérôme Hordies.
Les avantages de la VR, tels que les défend Jérôme Hordies dans le contexte d’un recrutement? “Le fait que l’environnement soit entièrement contrôlé. Cela permet de mesurer la réaction du candidat, sa capacité à résoudre un problème, à explorer son environnement, à résister au stress… On peut scénariser des situations qu’il n’est pas possible de reproduire dans la réalité.”
L’interaction avec l’environnement tant virtuel que réel est rendue possible par les contrôleurs du HTC Vive. “Nous pouvons déjà mesurer toute une série de paramètres: la rapidité du mouvement, sa fluidité – le candidat hésite-t-il, change-t-il d’avis en cours de mouvement… Les données extraites sont objectives et peuvent être analysées.”
L’un des éléments déterminants sera la capacité à reproduire et à décliner le scénario afin de pouvoir proposer la solution à un maximum d’entreprises.
Période d’apprentissage
Leur prototype en poche, un long chemin attend encore le duo. “Nous n’avons pas la prétention de connaître tous les tests de recrutement qui pourraient être adaptés afin de rendre la solution généralisable. Nous sommes actuellement en pleine période de réflexion et de prise de renseignements au sujet des méthodes, des types de tests… Nous désirons nous associer à des psychologues et à des professionnels du recrutement afin de développer d’autres scénarios.”
Il s’agira aussi de tester la solution sur un échantillon représentatif.
Jusqu’ici, la solution prototype ne permet encore que de produire des résultats (scores) bruts. Reste à y ajouter une couche d’analyse puisque l’une des intentions – et l’un des arguments à démontrer pour en faire une réelle solution – est que la VR soit en mesure d’automatiser le processus, de remplacer (ou d’épauler) le recruteur humain afin de “gommer sa subjectivité”.
Pour cela, l’analyse des résultats et la production des rapports devront, elles aussi, être automatisées.
Prochaine étape? Elle pourrait passer par les Etats-Unis. Le premier prix décerné par le VR Hackathon était en effet la possibilité de postuler auprès de l’accélérateur californien Boost VC, spécialisé notamment en réalité virtuelle et blockchain.
Le programme de 3 mois démarre en février prochain à San Mateo, en Californie.
Les initiateurs du projet Hire Smarter se tâtent encore. Pour plusieurs raisons. D’une part, cela impliquerait de laisser tomber, un temps, leurs autres activités. De l’autre, le projet en est encore à un stade fort préliminaire alors que Boost VC n’accueille généralement que des start-ups ayant déjà un peu de bouteille et cherchant à attirer les regards d’investisseurs pre-seed.
Ils ont jusqu’à la fin du mois pour déposer leur candidature. Le verdict tomberait alors à la mi-décembre. “Si nous sommes acceptés, nous prendrons alors une décision finale”, indique Jérôme Hordies.
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