AlloCloud lance une solution de vidéo-réunion collaborative

Pratique
Par · 10/11/2016

EyePea, société active depuis plusieurs années dans l’intégration de services télécoms en open source, s’est lancée, voici déjà quelques années dans la téléphonie IP et, plus récemment, dans les solutions de téléphonie hébergée dans le cloud via son offre AlloCloud.

Aujourd’hui, l’entité AlloCloud ajoute une nouvelle fonctionnalité à son catalogue: un espace visuel de collaboration à distance, entièrement basé dans le cloud. Meeting Room, nom de baptême de la solution, n’exige aucune installation ou configuration de logiciels sur les ordinateurs des utilisateurs. C’est en effet le navigateur qui “fait office d’acteur multimédia”. Les communications se font donc exclusivement via la connexion Internet. La vidéo, elle, passe par la caméra intégrée à l’ordinateur et l’écran de ce dernier. Et cet ordinateur peut être un desktop ou un portable.

Ce scénario “agent-less” est rendue possibl par le fait que la solution s’appuie sur le protocole WebRTC.

Fonctionnalités proposées: tableau blanc, partage d’écran, échange et collaboration sur documents partagés, chat (messagerie instantanée), espace comptes-rendus, agenda, espace notes privées.

Tous les documents, fichiers et données sur lesquels les participants à la web-réunion auront travaillé, tout ce qu’ils auront (an)noté, adapté, proposé, sont systématiquement enregistrés et envoyés à tous les participants, une fois la réunion terminée. Seul élément qui n’est pas partagé et demeure accessible uniquement par l’auteur: le contenu de l’espace Notes privées.

Les sessions Meeting Room s’organisent et se réservent comme on le fait sur Doodle (une invitation avec une série de dates possibles est envoyée à tous les participants qui choisissent celle qui leur convient).

Meeting Room peut supporter des échanges entre 5 personnes.

Une solution pour PME

AlloCloud ne veut pas cibler un créneau ou un secteur de marché spécifique. Toutefois, sa solution s’adresse en priorité aux PME, à toute société désireuse de s’économiser des déplacements inutiles (par exemple pour dialoguer avec des partenaires, des clients, des collègues…). Certaines professions pourraient aussi devenir des cibles spécifiques, tels celles de notaire.

Deux versions visant des publics plus spécifiques seront par ailleurs lancées dans les prochains mois (voir plus bas).

D’autres sociétés, en ce compris locales, se sont lancées sur ce terrain des réunions virtuelles – on peut par exemple penser à 3GSP – mais sans rencontrer le succès escompté… A tel point que François-Xavier Despret, fondateur de 3GSP, a jeté l’éponge. Lire ici son témoignage sur ce qu’il estime aujourd’hui être les raisons de l’échec de sa solution.

En quoi AlloCloud espère-t-elle faire mieux que ces tentatives antérieures et se ménager une petite place au soleil face aux gros bras du genre Cisco ou Microsoft, ce dernier ayant désormais ajouté la solution Skype à son catalogue?

Jacques Gripekoven, patron d’AlloCloud, énumère une série d’arguments qu’il espère gagnants et différenciateurs:

WebRTC

Solution open source qui, par le biais d’API JavaScript, permet aux navigateurs et applications mobiles de servir de vecteurs de communications multimédia temps réel. Principaux artisans et partisans de ce protocole: Google, Opera et Mozilla.

WebRTC autorise les communications directes sans serveur Web intermédiaire. Les premiers développements ont vu le jour en 2011. Il a déjà fait l’objet de certaines “déviantes”, tels que le CU-RTC-Web de Microsoft, ce dernier ayant toutefois annoncé vouloir supporter le protocole via son nouveau navigateur Edge. Apple, elle aussi, a démarré des travaux de développement afin de le faire supporter par Safari.

Le protocole est toujours en “cours de travaux”.

– l’option “agent-less”: pas de logiciel à installer et à paramétrer sur l’ordinateur des participants, “contrairement à ce qu’exigent des solutions telles que WebEx ou GoToMeeting”. La solution est “browser based”. Pour accéder à la réunion virtuelle, sur invitation, il suffit d’activer le lien que le système envoie aux participants

– le choix du protocole WebRTC (Web RealTime Communication) ensuite (voir encadré ci-contre)

Petit souci: WebRTC n’est encore supporté que par les navigateurs Chrome, Firefox et Opera. Toutefois, Apple et Microsoft devraient bientôt ajouter ce protocole à leur catalogue, ouvrant de nouvelles clientèles potentielles à AlloCloud. Ces deux sociétés se sont en tout cas engagées à supporter WebRTC.

Pour Microsoft, toutefois, le support de WebRTC, “dans lequel la société s’est engagée à reculons”, ne sera valable que pour son navigateur Edge (lancé en 2015 à l’occasion de l’arrivée de Windows 10), pas pour Internet Explorer, prévient Jacques Gripekoven.

Profiter du sillon déjà tracé

Un autre élément a changé la donne, selon Jacques Gripekoven. En l’occurrence… la montée en puissance, ces dernières années, d’un concurrent – Microsoft pour ne pas le nommer – qui “a fait bouger le marché” en rendant le principe de la vidéoconférence plus “mainstream”.

“Depuis un an, Microsoft pousse beaucoup Skype for Business, de même que des services de communication (chat, vidéo…) dans le cloud. Pour la première fois, le marché est demandeur.”

Pour justifier le lancement de Meeting Room, Jacques Gripekoven ajoute encore l’argument d’une solution proposée par un acteur local qui garantit un hébergement des web-sessions et un stockage strictement local – lisez: en Belgique et dans des pays proches, sur le sol européen.

Jacques Gripekoven (AlloCloud): “Depuis un an, Microsoft pousse beaucoup Skype for Business, de même que des services de communication (chat, vidéo…) dans le cloud. Pour la première fois, le marché est demandeur.”

AlloCloud s’appuie en effet exclusivement sur quatre data centers situés en Belgique, en France, aux Pays-Bas et en Suisse.

“Ces data centers gèrent l’infrastructure pour nous. Nous nous contentons de louer les accès, les équipements, VMware…” Le data center qui entre en jeu pour une web-réunion est sélectionné de manière aléatoire, selon la charge requise.

“C’est le genre d’argument qui est porteur vis-à-vis de nombreuses entreprises qui redoutent de laisser des acteurs américains avoir libre accès à leurs données. L’espionnage industriel a connu une recrudescence sous le couvert du Patriot Act”, déclare Jacques Gripekoven. “Airbus en sait quelque chose. Certaines conversations ont été interceptées, en toute légalité, par Boeing…”

Dernier élément sur lequel AlloCloud compte pour se différencier: une politique commerciale qui inclura un volet marque blanche. “C’était déjà l’approche d’AlloCloud. Plusieurs partenaires revendent la solution de téléphonie sous leur propre nom.”

Quels partenaires AlloCloud recherche-t-elle pour le rebranding de Meeting Room (et des versions ultérieures)? “Des prestataires de services qui proposent déjà des services cloud mais à qui la collaboration temps réel fait encore défaut. Il peut s’agir par exemple d’hébergeurs, d’opérateurs qui vendent du trafic ou des minutes telco, ou encore des acteurs positionnés sur des créneaux spécifiques. Par exemple, des prestataires qui s’adresseraient à divers métiers qui ont besoin de s’échanger et de collaborer sur documents, par exemple des notaires…”

Modèle tarifaire

La solution Meeting Room, hébergée et gérée dans le cloud, se plie au modèle de tarification qui prévaut classiquement dans ce contexte. A savoir: une facturation “à l’usage”.

Meeting Room d’AlloCloud, dans sa version “package”, avec hub.

AlloCloud propose des abonnements de 3, 6 ou 12 mois.

Tarif: 25 à 30 euros par mois (tarif dégressif selon la durée de l’abonnement) par “salle virtuelle”, sans limitation du nombre de participants, de réunions organisées, de volumes de données échangées, de modules fonctionnels utilisés…

La société propose par ailleurs un “package” qui permet aux clients de s’équiper d’un espace Web-conference plus élaboré.

Il se compose d’un “hub” (qui intègre espace de stockage, micro, haut-parleur), d’un câble USB (reliant le hub au PC) et d’une caméra permettant par exemple de zoomer sur les intervenants et de projeter l’image sur un écran TV. Coût de l’ensemble: 1.450 euros.

Futures versions

Meeting Room devrait bientôt être rejoint par deux versions similaires mais dédiées à des publics bien précis. La première, attendue au quatrième trimestre de cette année, sera baptisée Board Room et supportera des échanges entre 10 personnes et autorisera l’enregistrement vidéo des réunions. “C’est là une fonctionnalité intéressante par exemple pour revoir des réunions parlant des résultats financiers d’une société ou encore pour diffuser de la formation sur produits.”

Autre version future: Class Room, qui sera destinée au monde de l’enseignement et de la formation. La solution pourra supporter deux formateurs et 50 participants (étudiants ou apprenants).

On le voit, AlloCloud prévoit une montée en puissance – ou, plus exactement, en capacité – de sa solution. L’augmentation du nombre de participants aux web-réunions n’aura-t-elle pas un impact sur la bande passante et, dès lors, la qualité des échanges? “Contrairement à une solution classique de vidéoconférence, du genre Polycom, nous pouvons, grâce au cloud, proposer un énorme codec qui agrège tous les flux. Chaque site qui se connecte doit uniquement gérer son propre flux vidéo.”