Qualifio, basée à Louvain-la-Neuve, est l’auteur d’une plate-forme de création et de gestion de contenus interactifs qui joue de ce que l’on pourrait qualifier de stratagèmes numériques ludiques: (chrono) quiz, concours, sondages, jeux concours, tests de personnalité… Objectif: permettre aux sociétés qui adoptent la solution de donner plus de résonance à leur marque, d’animer l’interaction et le dialogue avec leurs clients, de les fidéliser, de quantifier et de monétiser tout ce qui est audience Web, communauté et clientèle.
“Nous sommes et voulons avant tout rester une plate-forme qui procure une panoplie d’outils d’interactivité. Notre but n’est pas de nous transformer en agence de conseil et de stratégie de communication pour nos clients,” souligne Sébastien Desprez, lead digital marketer. Les clients de Qualifio doivent donc avoir, au minimum, une idée de la manière dont ils veulent conduire leur stratégie de “dialogue” avec leurs clients.
Les clients puisent dans le catalogue les outils qui leur conviennent, selon le principe du coût unique, en mode abonnement. Sans considération de nombre d’utilisateurs, de campagnes marketing, de “profils” connectés… C’est le principe du “all you can eat”, souligne Olivier Simonis, directeur de Qualifio. “La récurrence des revenus confère de la valeur à notre société et est par ailleurs plus confortable pour l’équipe. Nous ne voulons pas nous placer dans une logique d’agence où il faut sans cesse s’inquiéter de la manière de décrocher le prochain contrat…”
Ce modèle tarifaire par abonnement pour la “consommation” de ses outils lui assure environ 80% de ses revenus, les 20% restants venant de prestation de services Premium (développement sur mesure, paramétrage, formations…).
Profilage et myriade de données
Le terrain de jeu de Qualifio? Collecter, via les interactions plus ou moins ludiques proposées, un maximum de données sur l’utilisateur, son profil, ses habitudes, goûts, “comportements”… En combinant les données déclaratives (les informations qu’a fournies volontairement l’individu en s’inscrivant ou en remplissant des questionnaires), les données anonymisées mais aussi les données “comportementales”. Si un consommateur a par exemple participé à un concours sur le thème du rock, il sera tagué comme fan de ce genre de musique…
Y a-t-il des formats et vecteurs d’interaction (quiz, concours…) qui marchent plus que d’autres ou qui gagnent en popularité au fil du temps? Pas de grosse tendance à relever, selon Qualifio. Si ce que le mobile et les réseaux sociaux cartonnent depuis quelques années.
Il y a toutefois des “modes” technologiques qui influencent le taux d’utilisation des vecteurs d’interaction. Ainsi la tendance aux ad blockers (outils de blocage automatique des publicités et bannières en-ligne) a pour effet de relancer l’intérêt des sociétés pour les outils d’interaction qui figurent au catalogue de Qualifio. Et le phénomène des DMP (Digital Management Platforms – Adobe, Krux, eXelate…), lui aussi, joue en sa faveur: “Les DMP impliquent un gros investissement qu’il est donc nécessaire d’alimenter avec un maximum de données pour les rentabiliser…”
Intégration pour maximiser l’info
Dans le domaine en effervescence de la viralité et de la monétisation de clientèle et d’audience, ce ne sont évidemment pas les acteurs, les fournisseurs d’outils qui font défaut.
Sa différence, Qualifio la construit en jouant sur sa capacité d’intégration multi-environnement. Elle mise sur une stratégique qui met en avant l’acquisition et l’historicisation de données, une connexion la plus universelle possible à tous les outils de gestion de données existant sur le marché: CMS, logiciels d’analyse, d’e-mailing, CRM, DMP-Digital Management Platforms, mécanismes de paiement en-ligne (pour récupérer les données d’inscription à des événements par exemple)… Cela implique, pour Qualifio, de devoir parfois créer elle-même les connecteurs nécessaires. Ce qui peut s’avérer fort lourd en termes d’investissements et de travail – et qui explique que l’équipe interne de développeurs représente aujourd’hui plus d’un tiers des effectifs (8 développeurs, 4 designers).
“Désormais, les sociétés se sont engagées dans une stratégie de data, de profilages. De nouveaux départements dédiés se créent tous les jours. Les données sont devenues l’actif le plus important. Un actif peu exploité jusqu’ici. Or, les profils déclarés, les données que fournissent sur demande les clients et consommateurs ne suffisent pas. Un autre élément majeur de la donne actuelle”, souligne Olivier Simonis, directeur de Qualifio, “est le fait qu’il n’y a plus un seul outil qui fait tout. L’intégration, qu’elle s’effectue via API ou services Web, devient essentielle.
Olivier Simonis: “Nous voulons être le meilleur acteur européen sur le terrain des mécaniques d’animation de communauté et de la collecte de données, en garantissant une interaction forte avec tous les outils du marché…”
C’est dans cette double perspective que nous voulons nous positionner comme composante de l’écosystème data. Notre positionnement est celui d’un créateur d’animation ludique entre une société et sa communauté mais toujours dans une logique data [et d’exploitation de ces données]. Nous devenons en quelque sorte la façade de la stratégie data de la société. Et nous investissons de gros moyens techniques pour créer les passerelles afin d’alimenter les solutions de CRM, de gestion de campagnes, de reciblage… Ce sont nos interfaçages qui nous permettent de rentrer dans de grands groupes. Comme ce fut le cas par exemple auprès de Prisa en Espagne [groupe qui chapeaute notamment El país].”
Un investissement lourd au départ “mais gage de fidélité de nos clients”, ajoute encore Olivier Simonis.
Les médias d’abord
Olivier Simonis: “Profiter du contenu pour “engager” le lecteur ou le consommateur.” L’occasion, aussi, de collecter davantage d’informations sur lui. Et de boucler la boucle…
Le principal secteur que vise Qualifio est celui des médias (un bon 65% de son chiffre d’affaires). Viennent ensuite les agences (média, web, web marketing…) et les marques. “Mais c’est toujours par le monde des médias que nous rentrons sur un marché. Ce fut notamment le cas en Espagne (via El país) et aux Pays-Bas (via le groupe Sanoma).
Profil de la clientèle, tous secteurs d’activités confondus? Essentiellement de grands groupes, marques et enseignes. Quelques noms? Rossel, Lagardère, TF1, M6, Colruyt, Decathlon, Sanoma, Danone, Carrefour, Intermarché, Beiersdorf, Lays, Thomas Cook, ING, BNP Paribas, Groupama, la Rtbf, Media Markt…
Premier marché, hors frontières: la France. Marché naturel pour des raisons linguistiques mais aussi en raison de cibles privilégiées de clientèle – la France est généreuse en termes de d’éditeurs, de titres, de grands groupes et présente l’avantage d’être un pays très centralisé…
Expansion
Qualifio a récemment racheté Swelly, petite société bruxelloise spécialisée dans l’interactivité avec une audience (Web) de fans de sports. Ses outils, qui visent notamment les environnements Facebook, Twitter ou Instagram (notamment la technique des “hashtag battles”), seront intégrés ou rajoutés à ceux de Qualifio.
Qualifie complète son arsenal d’outils d’interactivité. Les « hashtag battles » en sont un exemple récent…
Après la France, l’Espagne et les Pays-Bas, quelles sont les prochaines étapes dans le processus d’expansion géographique (internationale) de Qualifio? Pas de cible précise d’ores et déjà déterminée mais une volonté d’“ouvrir un ou deux marchés par an.” Pour l’heure, Qualifio compte quelques clients en Italie et en Allemagne “mais de manière anecdotique”. La Suisse, elle, est couverte à partir de Paris.
Le Royaume-Uni? Trop compliqué, avec un marché déjà très bien exploité par des concurrents, essentiellement venus des Etats-Unis.
La société emploie actuellement 30 personnes dont 21 basées au QG de Louvain-la-Neuve. Les autres opèrent dans les antennes commerciales ouvertes à Paris, à Madrid (inaugurée en juin) et à Hoofddorp (Pays-Bas).
Signalons enfin que Qualifio vient tout récemment d’engager quatre nouvelles personnes, dont deux développeurs (front-end et back-end) et deux commerciaux (chacun allant renforcer les antennes française et néerlandaise).
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