Huit sites wallons de smart work centers vont bénéficier d’une aide financière de la Région pour l’implémentation de technologies novatrices permettant de rendre ces centres plus attractifs et de lancer de nouveaux modes de travail (collaboratif, à distance…).
Les 8 sites désignés sont situés à Barchon (Liège), Froyennes, Louvain-la-Neuve/Mont-St-Guibert, Gembloux (Les Isnes), Enghien, Gosselies et Saint-Ghislain.
L’appel à projets, initié l’automne dernier dans le cadre de Creative Wallonia, avait pour but de susciter la formulation de propositions allant au-delà du cadre technologique de base que sont censés proposer tous ces sites de bureaux partagés (WiFi, Internet haut débit, accès sécurisés). Les technologies proposées devaient autoriser l’offre de services à valeur ajoutée favorisant par exemple “le travail ou l’apprentissage à distance, la collaboration, l’échange de documents, la création d’équipes virtuelles.” Autre critère de sélection: “démontrer un potentiel exemplatif afin de générer un effet levier sur l’ensemble des centres du réseau.”
Huit élus
13 dossiers ont finalement été introduits, 8 ont donc été retenus, qui se partageront une enveloppe de 300.000 euros. Nous aurons l’occasion de revenir plus en détails sur certains d’entre eux à mesure qu’ils se mettront en oeuvre mais voici déjà quelques détails sur les huit lauréats.
* A Barchon, un projet de “SWC mini”, initiative d’Alain Leroy (Pentacle), en collaboration avec Philippe Barzin (BSB Management Consulting), vise à mettre en oeuvre des centres de plus petite taille que les smart work centers (SWC) traditionnels. En termes de technologies, le projet mettra en oeuvre des services (central téléphonique, plate-forme collaborative…) basés sur le cloud, un tableau blanc interactif, une solution externalisée de voix et vidéo sur IP (le choix pourrait se porter sur des solutions Aastra). Les services d’encadrement (accueil, secrétariat, comptabilité…) auront la particularité d’être prestés en mode virtuel, par un réseau d’indépendants spécialisés qui se mettront “à la demande” au service des “SWC minis” et de leurs occupants, en exploitant pour ce faire des moyens vidéo. Cible des smart work center mini: les PME et TPE. Mise en oeuvre effective du site de Barchon: septembre. Alain Leroy espère que son idée fera école et permettra à d’autres “SWC mini” de voir le jour, “par exemple au sein de sites de sociétés existants, que ces dernières mettraient en partie à disposition d’occupants temporaires sans devoir pour ce faire investir trop lourdement en équipements et services.”
* Un trio virtuel s’est créé entre les SWC Negundo de Froyennes, La Lanterne d’Enghien et Axis Parc de Mont-Saint-Guibert. Particularité du projet: un système de vidéoconférence avec traduction en simultané (solution 3GSP).
* Le SWC du Parc Créalys, aux Isnes (Gembloux), mettra lui davantage l’accent sur des outils d’apprentissage et de collaboration à distance.
* Le SWC Biopark Incubator 2, basé dans le Centre d’incubation éponyme de Gosselies, implémentera un système de vidéoconférence. Parmi les publics-cible: les utilisateurs internationaux fréquentant le zoning et l’aéroport de Gosselies.
* A Louvain-La-Neuve, le CEI (Centre d’Entreprise et d’Innovation) se veut complémentaire de ce que fait l’Axis Parc voisin et vise donc un public plus jeune (étudiants, start-ups) mais dans une optique de brassage de population. L’idée est de greffer des utilisateurs venus de grandes entreprises, de sociétés déjà bien implantées, éventuellement présentes à l’international, sur ce terreau de porteurs de projets débutants ou d’étudiants. Objectif: favoriser des échanges, une sorte de fertilisation intellectuelle croisée, tournée vers l’innovation. Pour ce faire, les technologies mises en oeuvre seront orientées travail à distance et travail collaboratif (système de téléprésence, outils collaboratifs, outils de formation). A cela viendra s’ajouter un volet d’étude et d’exploration sociologique des nouveaux modes de travail. Il sera animé et piloté par des chercheurs en sciences humaines de l’UCL. “Ils se pencheront sur les mécanismes et ressorts de ces nouveaux modes de travail et tenteront de les améliorer, de rationaliser les pratiques, et de déployer cette dynamique à travers le réseau de smart work centers”, explique Jacques Wenin, directeur du CEI. “Nous nous proposons d’être un site d’innovation où il sera possible d’essayer de nouvelles approches, en ce compris dans le domaine de l’e-learning.” Côté animation et échanges, les croisements s’effectueront entre entrepreneurs, start-up et étudiants mais également avec le nouvel espace de coworking qui ouvrira ses portes, sur le site du CEI, à la rentrée.
* Dernier projet retenu: le SWC Val D’Haine de Saint-Ghislain, près de Mons, installera un système d’audioconférence pouvant être exploité pour des collaborations à distance impliquant navetteurs et transfrontaliers.
Exemples à suivre
Si les grandes orientations technologiques ont été données dans les divers projets présentés au jury et finalement sélectionnés, certains choix doivent encore se faire. L’idéal serait en effet de préserver une cohérence la plus poussée possible entre ces différents projets afin qu’ils s’insèrent harmonieusement dans le réseau de SWC et permettent ainsi aux personnes qui les utiliseront de retrouver les mêmes outils, où qu’ils se trouvent. Histoire, notamment, de favoriser et faciliter la mobilité.
Toutefois, il n’y a pas réelle obligation pour les divers projets de viser l’harmonie parfaite. Contrairement aux équipements “de base” d’un smart work center voulant adhérer au réseau piloté par EuroGreen IT (systèmes de réservation, WiFi sécurisé…), ces technologies plus évoluées ou spécifiques ont pour objectif de donner naissance à des SWC offrant un potentiel moderne de travail flexible. Des SWC qui serviraient de pilotes et de cas d’école à reproduire par les autres SWC (existants ou futurs).
Des réunions doivent encore avoir lieu avec les différents gestionnaires de centre et EuroGreen IT. Certains choix ou arbitrages technologiques pourraient éventuellement en découler mais sans pour autant brider les implémentations (ce qui irait à l’encontre des objectifs de l’appel à projets qui vise à favoriser l’innovation). Quoi qu’il en soit, l’inauguration officielle de ces différents sites devrait intervenir à la rentrée de septembre.
Vers un réseau à deux vitesses?
Jacques Wenin, directeur du CEI de Louvain-la-Neuve, plaide pour une cohérence optimale entre SWC mais aussi pour une approche pragmatique qui tiennent compte de facteurs tels que la diversité des publics-cible, les moyens financiers disponibles dans les différents centres (ceux disposant de subsides seront, en finale, une minorité), la nécessité d’optimiser la mobilité des usagers ainsi que la compatibilité technologique entre centres. A cet égard, il ne faut pas oublier que les communications s’établiront aussi avec des centres extra-régionaux, en ce compris à l’étranger, dans des pays où les moyens de communication ne sont pas forcément au même niveau. L’UCL, notamment, et les différents acteurs qui évoluent dans son écosystème entretiennent par exemple des relations avec des interlocuteurs et centres situés dans des pays aussi lointains et différents que les Etats-Unis, la Chine, le Brésil ou le Japon…
“Il est certes nécessaire de s’équiper, par exemple, d’un système de téléprésence autorisant une véritable interaction. Du Skype, par exemple, ne donne pas toujours les meilleurs résultats. Une meilleure qualité de son et d’image doit être au rendez-vous pour permettre de véritables communications. Des interactions, par exemple avec nos interlocuteurs chinois, ne doivent pas être affaiblies par une mauvaise qualité audio/vidéo ou par l’impossibilité des interlocuteurs de bien se positionner face aux équipements vidéo. Quant à savoir s’il faut absolument visé un équipement super haut de gamme… Je préfère disposer de plusieurs salles avec du matériel correct, pas forcément hyper-raffiné, mais de quoi offrir à plusieurs personnes ou groupes d’utilisateurs le même service de qualité que de ne disposer que d’une seule salle très efficaces avec un super service que je ne parviendrait pas à exploiter et à rentabiliser ou que je ne pourrais pas interconnecter avec d’autres SWC”, souligne Jacques Wenin. “La solution installée ne doit pas être trop onéreuse, afin de ne pas en bloquer le déploiement à travers le réseau de SWC. Je n’exclus toutefois pas la possibilité de voir une distinction s’instaurer entre des SWC super équipés qui seraient en pointe et des SWC simplement bien équipés, qui suivraient le mouvement. Mais avec, d’une manière ou d’une autre, une passerelle entre les deux…”.
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