La Wallonie avait déjà laissé passer sa chance, voici… 20 ans. Si, si! Une certaine Materialize a en effet vu le jour, sur base de travaux et compétences R&D qu’avait déployé le Sirris. Mais voilà, l’étincelle était allée trouver du carburant et une terre fertile en Flandre.
Depuis quelques trimestres, sous l’emblème de l’industrie 4.0, la fabrication additive retient à nouveau l’attention des acteurs locaux – tant privés que publics.
Preuve que la Wallonie veut aider ce créneau de la fabrication additive, à des fins professionnelles et industrielles: elle a débloqué un budget d’aide à la recherche de près de 6,5 millions d’euros qui pourra être utilisé par diverses sociétés (Any-Shape est l’une d’elles) mais aussi par des centres de recherche. Lors de l’inauguration officielle du site de production d’Any-Shape à Flémalle, Jean-Claude Marcourt estimait que l’arrivée de cette société – et de quelques autres – sur le marché était un “signe encourageant, le signe qu’un processus de retour à l’innovation est en marche.”
Autre point qu’il estime intéressant: le fait qu’Any-Shape ait choisi, comme nous le soulignons dans l’article consacré à la société, de s’insérer dans une “chaîne de valeur” intégrée, incluant notamment des centres de recherches, un éditeur de logiciel, un bureau d’études, grâce à laquelle elle compte créer un “effet de levier” et acquérir plus rapidement des compétences.
“C’est essentiel pour rester au fait de l’état de l’art, pour être compétitif au niveau européen, et proposer un catalogue de produits et services qui couvre tout le spectre des besoins”, soulignait Roger Cocle, l’un des deux fondateurs d’Any-Shape.
Cette approche par consortium est saluée par Jean-Claude Marcourt, en raison du support collectif qu’elle permet entre entreprises. Un argument porteur, à ses yeux, pour faire en sorte que la fabrication additive devienne un “élément fondamental” pour la politique industrielle de la région. “Ce projet, très complexe, qui a pu être monté en l’espace de deux ans est aussi le signe que la Wallonie bouge et qu’elle se rend compte qu’on est entré dans une période où les modèles sont bousculés, sont en profond basculement.”
Il embraye sur l’argument-qui-tue – d’habitude -, à savoir: le coût de la main-d’oeuvre, point faible et grand coupable désigné du déficit de compétitivité local. “Avec un phénomène tel que la fabrication additive, les coûts de main-d’oeuvre deviennent un facteur moins essentiel.
Il est nécessaire que l’on sorte [de la situation économique défavorable et du débat “coût du travail”] par le haut. Grâce à la fabrication additive, le rapport de la main-d’oeuvre dans le coût de la pièce finie est moindre. Cela nous remet en concurrence avec les pays à bas salaires, permet de ramener des activités chez nous, de maintenir chez nous des outils à valeur ajoutée. On se trouve en réalité dans une situation où c’est la structure de l’organisation du travail qui se modifie.” L’automatisation élimine certes des emplois mais on ne peut pas parler de destruction brute, estime Jean-Claude Marcourt, dès l’instant où elle permet aussi de rapatrier des emplois.
Là où les pays à bas salaires sont encore peu intéressés par le fait de remplacer les bras par des machines parce que l’avantage financier et économique n’est pas évident, les pays occidentaux pourraient jouer de l’atout de la fabrication additive pour recréer de la valeur ajoutée, ramener de l’emploi (certes en nombre limité).
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