Le hub créatif carolo Bubble Hub et l’ULB (Centre de Culture Scientifique de Parentville) organisaient récemment un hackathon dédié à la culture.
L’objectif de ce Culturehack15 était de “concevoir et prototyper de nouveaux services ou usages du numérique autour de la culture”. Pour préparer le terrain, le Centre de Culture Scientifique de l’ULB avait imaginé 3 défis ou pistes de développement:
- comment améliorer l’expérience numérique des visiteurs au musée, via recours à de nouvelles technologies telles que la reconnaissance d’objets, la visualisation de modèles 3D, l’interaction entre tablettes…
- comment exploiter des technologies issues de la 3D en classe ou au musée, par exemple en faisant appel à “des modèles tridimensionnels, des fiches d’exploitation pédagogiques, et autres idées pour révolutionner l’école et la médiation culturelle et scientifique”
- comment utiliser efficacement les dossiers pédagogiques sur tablette.
“Meilleure réalisation”
Le projet le plus abouti, aux yeux du jury, fut MuséeTIC. Hasard ou non, il était porté, de l’avis de Michel Duchateau, par l’équipe la plus équilibrée en termes de profils: “5 personnes dont 3 développeurs, un profil de communicante passionnée de vulgarisation de l’art, une éducatrice opérant dans le secteur culturel (à la Bibliothèque Royale) et… un mélange hommes/femmes. Les autres équipes étaient plus déséquilibrées, trop orientées communications, conceptuel, ou, au contraire, trop focalisées sur le technique.”
L’idée du projet MuséeTIC est de remettre l’oeuvre au centre de l’expérience muséale et de la manière dont le visiteur cherche la relation avec l’art et le musée. Il s’agit, tout simplement, très logiquement, de tenter de faire concorder préférences, goûts, affinités et profils avec le type d’oeuvre à voir.
“Les applications et les sites culturels mettent toujours en avant un musée, une institution, une exposition. Or, ce sont les oeuvres elles-mêmes qui sont les portes d’entrée, les générateurs de visites”, explique Floriane Piquin, porteuse du projet, historienne de l’art, actuellement en formation chez Technofutur TIC (communication Web).
Floriane Piquin: “proposer des oeuvres à voir ou à découvrir sur base de la personnalité, des préférences de chacun”.
Pour cela, tout commence par un petit test “psychologique” (ou test de personae, en quelque sorte) qui prend la forme d’un questionnaire à choix multiples.
Deux exemples:
- “Je suis plutôt: Repas entre amis et bonne bouteille, Promenade en forêt, Concert, Shopping, Foot et frites, Vieilles pierres, 30 millions d’amis”
- “J’ai envie de: Etre surpris, Voir des oeuvres célèbres/incontournables, Me sentir tout petit, Rêver, Comprendre, M’émouvoir, Participer, Rire”
Mini-hackathon
S’il a duré, comme de coutume, 36 heures, le CultureHack15 peut être qualifié de “mini-hackathon” au vu du nombre restreint de participants (14), issus pour beaucoup des formations Technofutur TIC. On ne comptait par ailleurs que 5 développeurs et 2 designers. Un peu “court” pour constituer des équipes équilibrées en termes de profils et compétences. Résultat… “les équipes ont collaboré entre elles sur les différents projets. Ce n’était pas de la simple entraide, comme on le voit parfois. Ici, les gens passaient réellement d’une équipe à l’autre…”, témoigne Michel Duchateau, le “Monsieur Loyal” de l’événement.
Au final, sur les 4 idées présentées au départ, 3 ont été retenues et ont donc été explorées par les équipes du hackathon:
- “MuséeTIC”: voir ci-contre
- “Cultura”: une appli (Web et mobile) qui mise sur la représentation 3D d’objets, à des fins pédagogiques (simulation 3D de l’estomac, par exemple, pendant un cours de biologie, avec liens vers des textes et d’autres parties du cours) ou culturelles (simulation et manipulation 3D d’oeuvres)
- “CultureArt”, appui pour tablette dédiée à l’enseignement qui permet aux élèves d’exprimer leur “ressenti” par rapport au cours ou à la matière. L’idée est de permettre aux professeurs de mieux “mesurer” la compréhension de la matière par ses élèves. En extrapolant le principe au monde muséal, on pourrait imaginer que les notes d’appréciation permettent de moduler le parcours de la visite, en prévoyant une synchronisation entre la tablette et l’espace du musée (via des capteurs).
Chaque choix est associé à un tag (amusant, impressionnant, imaginaire, émotion…) que l’on retrouve dans la liste de tags associée à chaque oeuvre, pour la définir en quelque sorte.
Exemples?
La célèbre pipe de Magritte est “décrite” par les tags bonvivant ; ville ; patrimoine ; people ; grandsclassiques ; imaginaire ; amusant.
Le tableau Marat assassiné de Jacques Louis David est associé à Halloween ; politique ; polémique ; grandsclassiques; secret.
Les squelettes d’Ensor à Halloween ; ville ; patrimoine ; polémique ; social ; grandsclassiques ; imaginaire ; amusant.
Le pavillon des Passions humaines (pavillon Horta-Lambeaux) à nature ; espace vert ; détente ; patrimoine ; secret ; polémique ; émotion.
Il ne reste donc plus qu’à proposer des oeuvres, classées par degré de pertinence, en fonction de chaque personae.
Les oeuvres pourraient également être proposées en fonction de thèmes d’actualité: période de l’année (Noël, Halloween…), événements culturels, sociaux, politiques…
L’utilisateur peut commencer à découvrir plus amplement les oeuvres qui lui sont proposées, via son smartphone ou sa tablette, mais l’idée est de l’amener à visiter les musées où elles se trouvent. Armé ou non de son mobile.
Associer les oeuvres aux affinités et profils de chacun.
L’appli imaginée par l’équipe inclut en ouvre un volet “social” afin que le visiteur devienne un témoin, un “ambassadeur culturel”, amenant d’autres personnes à se frotter aux musées. L’appli permet ainsi de coter des oeuvres, de commenter, d’associer des smileys, de partager des visuels sur les réseaux sociaux.
Faute de combattants…?
Le projet MuséeTIC a séduit mais ne sera pas poussé plus loin dans l’état actuel des choses. Comme le souligne Floriane Piquin, “4 des 5 membres de l’équipe sont en formation professionnelle et à la recherche d’un emploi. En participant à ce hackathon, nous recherchions avant tout de la pratique et de la visibilité, voir ce dont nous étions capables. Nous n’avons actuellement malheureusement ni le temps ni les ressources financières pour concrétiser ce projet.”
Mais l’envie est de le relancer, d’une manière ou d’une autre, une fois leur période de formation terminée. Et cela sonne aussi comme un appel du pied à destination du monde culturel, des musées qui pourraient être intéressés à “adopter” ce projet et à lui donner les moyens de se concrétiser…
Notons encore que l’équipe avait commencé à réfléchir au modèle économique de l’appli, imaginant par exemple “un partenariat avec les musées pour les utilisateurs de l’appli. Selon le principe de tickets combinés à prix réduit. Le tarif préférentiel étant justifié par le fait que ces personnes deviennent des ambassadeurs des musées, des vecteurs de publicité gratuite…”
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