Enseignement et formation: carburants du numérique

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Par · 24/08/2015

La thématique Enseignement/Formation a fait l’objet d’un groupe de travail et a également suscité nombre de propositions via le site participatif Printemps du Numérique (ce fut l’un des thèmes les plus “inspirants” apparemment).

L’acquisition de compétences, à commencer par le stade de l’école, est considérée comme une priorité absolue par tous les intervenants — depuis le Conseil du Numérique jusqu’aux contributeurs ayant proposé des idées via le site Printemps du Numérique, en passant par es groupes de travail d’experts.

Les participants au Conseil du Numérique et au groupe de travail Talents sont d’accord sur un point: il faut prendre des mesures “qui couvrent la totalité de la chaîne: infrastructure, formation des formateurs, support de l’infrastructure et des formateurs, ICT comme outil pédagogique, apprentissage tout au long de la carrière, culture numérique du citoyen.” Dixit Benoît Hucq, directeur de l’AdN.

Pierre Rion, président du Conseil du Numérique, pointe quant à lui notamment la nécessité d’agir sur un “changement de mentalité” des enseignants (accueil favorable des outils numériques mais aussi esprit pro-entrepreneurial) et sur une promotion plus active des sciences et technologies.

La “transformation” numérique de l’école, côté équipements, devrait continuer à se faire par le biais de projets-pilote, servant d’exemple à d’autres. Parmi les critères de sélection: la solidité et le côté pionnier du scénario pédagogique.

Il s’agit aussi d’exploiter et supporter au maximum les meilleures initiatives.

Benoît Macq, expert auprès du Cabinet Marcourt: “il faut encourager la formation des maîtres, les initiatives locales, qu’elles viennent des professeurs ou d’autres acteurs. Par exemple, les clubs CoderDojo”, qui initient les jeunes (de 7 à 17 ans) à la programmation et aux nouvelles technologies. L’un d’eux, par exemple, vient de voir le jour à Liège.

Equiper “intelligemment”

Pour mettre en oeuvre un enseignement du et par le numérique, l’une des conditions sine qua non sera, pour les établissements d’enseignement, de pouvoir s’appuyer sur une infrastructure télécom/Internet solide.

Le groupe de travail Talents milite donc pour le déploiement de connexions haut débit – “de la fibre optique aussi souvent que possible et (dès?) que la taille de l’école dépasse 400 élèves, et des réseaux sans-fil haut débit avec matériel professionnel monitorable et configurable à distance.”

Equipement et infrastructure utiles mais coûteux et dont la gestion (depuis le choix des solutions jusqu’à leur déploiement) a déjà prouvé par le passé que les écoles avaient besoin d’aide, de guidance et de conseils (pratiques).

Le groupe de travail Talents préconise, pour faciliter l’étape de l’équipement, d’en passer par exemple par des centrales d’achat et, par ailleurs, que la cellule “Ecole numérique” du SPW “mette en place un contrat-cadre avec les opérateurs pour la connectivité Internet des écoles. les conditions économiques et techniques de ce contra-cadre devront être régulièrement adaptées aux évolutions du marché et des technologies. Chaque école intéressée pourrait ainsi y faire appel et aurait la garantie de disposer de prix compétitifs.”

Comme le laisse entendu Benoît Hucq, directeur de l’AdN (voir notre article), l’équipement des écoles pourrait se poursuivre selon le principe d’appels à projets. Les premières équipées étant donc des écoles présentant un projet (technologique et pédagogique) cohérent, à valeur ajoutée, et servant dès lors d’exemples à suivre par les autres.

Lutter contre la dispersion des efforts

Le chantier étant immense, plusieurs contributeurs militent pour une mise en commun de ressources.

En matière d’éducation au et par le numérique, une idée émise par le groupe de travail Talents porte sur la création d’une “Agence du numérique éducatif”, commune à la Région et aux Communautés (française et germanophone) qui aurait pour tâche d’“accompagner la production, la mutualisation et la diffusion de ressources pédagogiques numériques”, tous réseaux et niveaux ou types confondus (formation professionnelle, enseignement tant fondamental, secondaire et supérieur).

Un “machin de plus”? Les porteurs de l’idée s’en défendent, voulant plutôt prôner la mutualisation des efforts via “la mise en place d’infrastructures communes (serveurs, plates-formes, repository, licences, outils auteurs, achats groupés…) afin de produire et de mutualiser des ressources pédagogiques numériques (centrale de production répondant aux besoins des partenaires…) […] pour accompagner les formateurs et les enseignants aux usages du numérique et à la production de ressources, sans partir pour cela devoir d’une page blanche.”

L’idée de ressources mutualisées, mises à la disposition de tous via le cloud – en mode SaaS ou PaaS -, fait son chemin. Ces ressources pourraient inclure des outils bureautiques, des ENT (espaces numériques de travail), des solutions et outils LMS (learning management system)… Relire ce qu’en disait récemment Pascal Balancier (AdN)

Dans le même ordre d’idée, certains proposent d’“encourager activement la création de communautés de partage de ressources (outils et ressources pédagogiques numériques) et d’échange de bonnes pratiques (retours d’expériences) en apportant le support technique nécessaire à ces initiatives (plate-forme numérique, notamment), ainsi qu’une modération ou un suivi destiné à assurer la qualité des productions.”

Groupe de travail Talents: “Un éveil à la logique algorithmique devrait être réalisé dès la fin de l’école primaire via une approche essentiellement ludique. Au secondaire, cet éveil devrait être poursuivi par une approche plus systématique des principes de la programmation, du codage et de la gestion des systèmes d’information.”

Deux autres idées encore:

  • la création de “lieux créatifs”, du genre “labos créatifs Edu”, où “des enseignants volontaires du fondamental et du secondaire, en partenariat avec des professeurs et chercheurs de l’enseignement supérieur, pourraient partager leurs expérimentations et les résultats des recherches en éducation, en sciences cognitives et en technologies numériques afin de prototyper, de tester et de diffuser de nouveaux modèles favorisant l’apprentissage des élèves”
  • la mise sur pied d’un “fond pour le développement d’applications pédagogiques et d’appels à projets réguliers permettraient de dynamiser la production de ressources éducatives numériques et de logiciels applicatifs au profit de l’éducation (primaire et secondaire) et du secteur IT”.

Rendre l’IT attrayante

Plusieurs contributeurs ont par ailleurs souligné la nécessité de rendre le numérique et l’apprentissage des technologies et des sciences plus “sexy”, plus attrayants.

Sébastien Combéfis, de l’asbl Computer Science and IT in Education (UCL), propose par exemple de développer davantage des activités hors cursus liées à l’informatique (concours, ateliers, conférences, etc.).

“Il est important que nos jeunes en sachent plus sur cette discipline. Il faut accroître leur culture générale mais surtout leur apprendre des notions plus spécifiques aux sciences informatiques, et leur montrer que l’informatique est captivante et diversifiée.”

Dans le même ordre d’idée, Harold Grondel, de l’agence Productize, suggère “un Fablab itinérant, “bus atelier” ou “bibliobus 2.0” pouvant intéresser les jeunes aux “couches basses” des matériels qu’ils utilisent à longueur de temps. Il semble impératif que les générations futures puissent parler la langue de ces machines. De l’électronique à la programmation en passant par la mécanique, le mouvement ‘Makers’ peut redonner de l’attrait à des filières professionnelles qui doivent permettre de recréer un tissu industriel dense.”

Ce fablab itinérant pourrait populariser certains concepts, tels que “l’impression 3D, l’usinage CNC, le prototypage avec Arduino, l’open source…” Agir, donc, par la pratique, les mains dans l’e-cambouis.

Autres moyens proposés pour doper l’intérêt pour l’informatique et le numérique auprès des jeunes et très jeunes? Des événements originaux tels que hackathons, “EduCamps”, Startup Weekend pour étudiants, des travaux de fin d’année et des concours ayant une finalité concrète, par exemple la conception d’applications “utiles à la collectivité (école, commune…).”