WSL incubera des “jeunes pousses” Gdf Suez (Engie)

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Par · 19/05/2015

Le WSL ouvre un nouveau chapitre dans son éventail d’activités. L’incubateur liégeois qui, entre-temps, a essaimé à tous les coins de la Wallonie se concentrait jusqu’ici sur l’accompagnement de “jeunes pousses” locales: aide à la croissance, à l’internationalisation, encadrement pour des exercices de recherche d’investisseurs ou de valorisation…).

Désormais, il ouvrira ses portes et ses services d’accompagnement à des projets portés par des “intrapreneurs” travaillant pour des sociétés déjà bien installées dans le marché, parfois même des leaders dans leur secteur, qui cherchent de nouvelles méthodes plus efficaces de favoriser l’innovation. “Les grandes entreprises se rendent de plus en plus compte qu’elles pèchent par manque de R&D, d’innovation”, souligne Agnès Flémal, directrice du WSL Parfois parce que leurs structures et leurs procédures se prêtent mal à cette “disruption”.

Un premier contrat d’incubation pour “spin-out” vient d’être passé avec Gdf Suez – pardon! avec Engie, puisque c’est là le patronyme que s’est récemment choisi le géant français de l’énergie.

Depuis quelque temps, Engie/Gdf Suez s’était penché sur cette lacune ou faiblesse interne qu’est le manque d’innovation, s’interrogeant sur la meilleure façon de resemer la graine de la créativité. Une entité nouvelle a été créée au plus haut niveau, chargée d’examiner de nouvelles pistes d’innovation et d’acquisitions, d’identifier des acteurs, un peu partout sur la planète, qui pourraient pallier à une certaine aridité de ses propres structures. Parmi les structures externes pouvant servir d’appui, le groupe a donc identifié, en Belgique, le WSL.

Gestation et insémination

Les deux parties doivent (devraient) y trouver leur compte. Engie profite, pour ses spin-out, des services d’encadrement du WSL (hébergement, mise à disposition d’espaces de réunions, réseautage, coaching en matière de méthodologies, accès ou recherche de financements, formations…). En retour, le français procurera “un accompagnement spécifique de nature à accélérer la croissance des start-ups incubées et à favoriser le développement de partenariats business.” Jusqu’à – potentiellement – des prises de participations d’Engie dans des start-ups belges.

Ce qui, dans la bouche de Jean-Louis Blanc, membre du comité exécutif directeur commercial, Innovation et Nouveaux Métiers d’Engie, est exprimé comme suit: “Engie apportera toute sa contribution à l’écosystème belge de l’incubation, qui est très dynamique. Le partenariat va permettre de construire et de développer avec des start-ups innovantes les offres nouvelles qu’attendent les consommateurs pour accompagner la transition énergétique”. Les premiers parcours d’incubation pourraient démarrer dès ce 1er semestre 2015.

Engie pour commencer…

Engie n’est que le premier d’une série de groupes ou de grandes entreprises qui devraient passer contrat avec le WSL. Des négociations, ou des contacts préliminaires, ont été engagé(e)s avec quelques grands noms. Trop tôt pour dévoiler ici les noms (confidentialité et sensibilité stratégique obligent) mais disons malgré tout que ces sociétés sont actives dans des secteurs tels que l’aéronautique, le pharma, les infrastructures informatiques, l’industrie métallurgique, la chimie…

Certaines sont belges ou disposent d’un ancrage économique “lourd” dans notre pays. D’autres n’y ont qu’une antenne commerciale.

Les activités de “corporate incubation” pourront prendre diverses formes, selon les besoins et intentions de sociétés (grandes à très grandes) qui feront appel à lui, précise Agnès Flémal.

L’objectif n’est donc pas forcément de servir de “mère-porteuse” de substitution pour des projets que de grands acteurs ne voudraient pas développer eux-mêmes mais de compléter l’écosystème des “vraies” start-ups.

Conditions de partenariat: l’existence d’un lien étroit et d’un réel potentiel de fertilisation croisée avec l’écosystème des start-ups belges.

Les modalités des conventions de collaboration varieront d’une société à l’autre. Contrairement à ce qu’Engie a imaginé, il n’y aura pas forcément d’externalisation de la recherche et de l’incubation d’un projet innovant. Mais, quelle que soit la forme, le fil rouge, la condition sine qua non pour la conclusion d’un accord “corporate/WSL” sera l’existence d’un lien étroit et d’un réel potentiel de fertilisation croisée avec l’écosystème des start-ups belges auquel le WSL apporte sa contribution.

Parfois, il s’agira de développer des collaborations actives avec les starters et les PME locales afin de valider des idées, des concepts. Avec échange de bons procédés puisque ces gros industriels devront partager leur savoir-faire et leur expérience, parfois pointue, avec les starters. Par exemple pour industrialiser un nouvelle technologie ou l’adapter à d’autres secteurs.

Pour certains, se frotter à l’innovation “disruptive” des starters sera un moyen d’imaginer et de planifier leur propre renouveau technologique, voire stratégique. D’autres encore investiront directement dans les start-ups, en espérant en faire émerger des développements qu’ils pourraient exploiter eux-mêmes.

Tous gagnants?

Faire cohabiter et interagir au sein d’une même structure d’incubation de véritables jeunes pousses, portées par des starters (souvent jeunes), et de “petites graines” bénéficiant d’une longue hérédité, devrait en principe bénéficier aux deux parties. “Pour les grandes entreprises, c’est l’occasion d’avoir une vue directe sur les nouveaux développements, les évolutions technologiques, de pouvoir accéder aux centres de recherche locaux”, déclare Agnès Flémal. Les starters en phase d’incubation au WSL y trouveront une porte ouverte vers le monde industriel, celui des grands acteurs. De quoi leur ouvrir de nouvelles perspectives de croissance et de matérialisation commerciale de leurs projets. Quant au WSL, c’est l’occasion de développer des activités autour de vrais industriels disposant de gros moyens…”

Source: HoccInvest

Le WSL ne rasera pas gratis pour ces grands groupes. Inconcevable d’ailleurs dans la mesure où le financement de l’incubateur vient de caisses régionales wallonnes. Ce qui a été convenu, c’est qu’ils bénéficient d’un accompagnement gratuit jusqu’à la création de la start-up (issue du projet qu’ils font co-incuber au WSL). Gratuité si la start-up en question se crée en Région wallonne. Si par contre, l’entreprise va l’implanter ailleurs, il lui faudra payer pour tous les services et avantages dont elle aura bénéficié.

Un comité de pilotage veillera au grain pour éviter les mauvais coucheurs et autres sociétés tentées de jouer aux coucous profiteurs.

Les start-ups belges incubées au WSL pourraient bénéficier d’une nouvelle voie d’accès au monde des grands acteurs industriels.

Les start-ups (devrait-on parler de “spin-up” de la part de projets issus de grandes entreprises?) qui pourraient naître du programme d’incubation du WSL pourront solliciter le fonds d’investissement que constitue actuellement le WSL (cagnotte: 100 millions d’euros) lors de leur premier tour de table. “Deux fois par an, ces start-ups pourront présenter leur dossier devant le jury du fonds et bénéficier de notre relais pour se présenter à l’international”, explique Agnès Flémal. L’espoir étant toujours un retour, le plus sonnant et trébuchant possible, pour l’économie locale.