CEO de Xperthis et du groupe Xperthis sans avoir jamais été chef d’entreprise jusqu’ici. Sans passé ou expérience dans le monde de l’IT et/ou de la santé — pourtant l’ADN de Xperhis.
Le chose ne manque pas d’interpeler de prime abord. D’autant plus que la personne concernée — Melchior Wathelet — vient directement du monde politique. Autant dire que ce dernier devra doublement – triplement – faire ses preuves. Preuves de ses compétences. Preuves que tout soupçon de parachutage à connotation (et espérance) politique n’aura pas de prise sur ses actions futures.
Sur le fond, lors de la conférence de presse qui a été organisée hier à l’occasion du premier jour du “bleu” Melchior Wathelet chez Xperthis, les explications à cette arrivée sont restées sagement dans la ligne déjà tracée voici quelques jours: pour NRB, actionnaire majoritaire de Xperthis, le temps était venu de “renforcer le projet Xperthis et l’équipe de direction”.
Melchior Wathelet: “Tirer le meilleur des atouts et qualités de chaque composante du groupe Xperthis.”
Quitte à dégrader Ariane Magera, jusqu’ici patronne de Xperthis. Une CEO qui, insiste Ulrich Penzkofer, CEO de NRB, n’a en rien démérité, elle qui avait été nommée, voici moins de deux ans, pour mener à bien l’exercice d’alignement de stratégies et de processus entre Polymedis, Parthezis et Xtenso (les 3 sociétés qui, en fusionnant, ont donné naissance à Xperthis). Relire à ce sujet ce qu’en disait tout récemment Ulrich Penzkofer dans l’interview qu’il nous a accordée en mars.
Dans ce cas, qu’apporte ou que doit donc apporter de plus Melchior Wathelet? “Des qualités additionnelles”, déclare Ulrich Penzkofer. Il dit avoir noué contact avec Melchior Wathelet voici environ un an et demi et engagé des discussions sur la possibilité qu’il y avait pour lui de rejoindre le groupe NRB. “J’ai été impressionné par la façon qu’il a d’approcher les problèmes de manière pragmatique, sa vision de l’intégration d’entités qui ont des cultures différentes, par ses capacités, sa personnalité, son charisme. J’ai dès lors décidé de lui offrir un poste même s’il était politicien.”
A l’entendre, le départ (légèrement contraint) de Melchior Wathelet aurait donc été une opportunité de réitérer la proposition.
Qu’attend-on de Melchior Wathelet?
Lui-même parle de très important défi. Et pas uniquement parce qu’il reconnaît devoir “faire preuve d’humilité” en entrant dans ce monde, nouveau pour lui, de la gestion d’une entreprise.
Sa première tâche sera de participer, voire de peser sur la définition de la stratégie future du groupe Xperthis, et de réussir l’intégration des deux sociétés nouvellement acquises – MIMS et Ciges.
Melchior Wathelet: “Pendant 6 semaines, je serai d’abord observateur. Je ferai en quelque sorte l’éponge afin d’apprendre très vite et de venir avec une feuille de route en juin.”
“Il s’agira d’intégrer l’ensemble des acteurs du groupe, d’additionner au mieux les atouts et qualités de chaque entité, de faire grandir l’ensemble des composantes. Xperthis est une entreprise qui est appelée à se développer. Ce n’est pas une société qu’il faut restructurer mais plutôt qu’il faut faire grandir, qui présente un important potentiel de développement et c’est cela qui est enthousiasmant.”
Nouvel échiquier
En juin, Ariane Magera cèdera donc son poste de CEO au nouveau venu et deviendra responsable du marché flamand chez Xperthis. Les pions bougent sur l’échiquier Xperthis. Il faut y voir l’intention de Ulrich Penzkofer de restructurer quelque peu Xperthis. La décision ferme et définitive n’en a pas encore été prise — cela fait partie de la définition globale de la stratégie future — mais on semble se diriger vers une (ré)organisation davantage alignée selon des critères régionaux: Flandre, Bruxelles, Wallonie.
A partir de quand? “Je veux avancer assez vite”, indique Ulrich Penzkofer, “mais nous attendrons en tout cas 6 semaines afin de prendre en compte les observations de Melchior Wathelet. Nous verrons en juin comment organiser l’intégration…”
L’école du politique
Pourquoi Melchior Wathelet se retrouve-t-il aujourd’hui dans le secteur des soins de santé plutôt que dans un autre, parmi ceux qu’il a été amené à côtoyer au gré de ses responsabilités ministérielles?
Oublions le cdH qui est en moi
Tant Melchior Wathelet qu’Ulrich Penzkofer ont (lourdement) insisté sur la volonté de gommer toute coloration politique à cette nomination. Il est vrai que les soupçons, en de telles circonstances, sont gros comme une maison et que d’aucuns, en ce compris dans les rangs de ses anciens collègues politiques, n’ont pas manqué de parler de parachutage téléguidé et politiquement intéressé.
Morceaux choisis.
Ulrich Penzkofer: “J’ai décidé d’offrir un poste à Melchior Wathelet même s’il était politicien. […] Son background politique n’est pas un obstacle. Il faut simplement le gérer.”
Melchior Wathelet: “NRB a osé me prendre à son bord en dépit de mes années de politicien. NRB me fait confiance et j’en serai digne.” […] “Je me lance totalement dans ce défi, en faisant abstraction de mon passé et de ma couleur politique.” […] “Je n’agis plus du tout comme un politique, comme cdH. Je pourrai faire la part des choses.”
Il avance plusieurs arguments: les défis à relever dans le secteur des soins de santé, la “conviction que l’IT est désormais dans tout”, et le fait que Xperthis est “un groupe belgo-belge, avec un gros potentiel de développement, le seul à proposer un ensemble intégré de solutions et de services informatiques pour les hôpitaux.”
Quant à savoir quelles sont ces qualités que lui prête Ulrich Penzkofer et qui plaident en sa faveur, lui qui n’a jamais connu que la politique, il se lance dans la défense de la politique comme “fabuleuse école”.
Des qualités politiques pour mieux gérer une entreprise? On a plutôt l’habitude d’entendre le discours inverse mais voici comment Melchior Wathelet voit son passé servir de ferment à son action future.
“La politique est une bonne école parce qu’on y apprend à faire des compromis, à synthétiser, à proposer une vision, à comprendre ce qu’on attend de vous, à concilier des intérêts divergents…” Et en termes de gestion de ressources humaines, “on apprend à tirer le meilleur de ses collaborateurs, à donner des objectifs. C’est la même chose dans une entreprise.”
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