Xperthis: du puzzle à l’offre intégrée

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Par · 26/03/2015

Pour une société qui s’était donnée pour objectif de proposer un portefeuille complet et cohérent en matière de soins de santé, il peut paraître ironique d’en passer par l’assemblage d’une sorte de cube Rubik aux multiples facettes et modules baptisés Polymedis, Partezis, Xtenso, MIMS et Ciges.

Si les récentes acquisitions de MIMS et de Ciges renforcent le portefeuille d’Xperthis, elles amènent aussi leur lot de solutions (partiellement) redondantes, de choix différents en termes de plates-formes et d’environnements technologiques et, dès lors, l’obligation pour Xpetthis/NRB d’y mettre de l’ordre.

Comment l’harmonisation du catalogue de produits se fera-t-elle? Par intégration pure et simple, sacrifice de certaines solutions, redéveloppement, évolution fonctionnelle?

Un puzzle à assembler

Pour rappel, Xperthis est née de la fusion de trois acteurs du secteur qu’étaient à l’époque Partezis (qui s’appuyait essentiellement sur le socle ERP de SAP et était surtout présent en Flandre), Polymedis (davantage présent en région francophone avec sa solution de gestion du dossier patient) et Xtenso (solution de tarification et de facturation, surtout implémentée en Flandre et à Bruxelles).

L’intégration des solutions héritées de précédentes fusions/acquisitions (voir rappel ci-contre) n’était pas encore totalement terminée du côté de Xperthis. Même si les choix ont désormais été faits.

Au rayon solutions de facturation, la balance a penché du côté de la solution Oazis de l’ex-Xtenso. “Elle est performante, innovante, dispose d’une large part de marché et est stable”, indique Ulrich Penzkofer. A noter qu’au moment du choix, Oazis était n° 1 en Flandre et à Bruxelles, n° 3 en Wallonie.

L’ERP (basé sur SAP) est venu de Partezis et est désormais proposé en implémentation sur site ou dans le cloud (sur l’infrastructure de NRB) avec une tarification par lit. Xperthis promet de nouvelles fonctionnalités à court terme.

Pour le DPI (dossier patient informatisé qui regroupe 5 modules), c’est la solution de Polymedis qui l’a emporté: “elle était relativement mature, notamment pour le module infirmier ou la gestion des résultats de labo.”

Source: MIMS

L’ancienne génération H++ est devenue “New Care” tandis que la solution Azis de Partezis  (surtout utilisée en Flandre) a été rangée aux oubliettes. Il reste toutefois du pain sur la planche: développement de nouveaux modules, intégration. “Des progrès importants, en termes de développement, ont été accomplis en 2014. Toutes les fonctionnalités seront finalisées d’ici la fin 2015. Mais l’amélioration et l’ajout de fonctions continueront.”

Telle était la situation avec le rachat de MIMS et Ciges… qui, toutes deux, ont une solution DMI. Deux nouveaux “rejetons” qui ont fait des choix technologiques différents: si Xperthis a misé sur Java, MIMS a pris l’habitude de développer en .Net tandis que Ciges a basé sa solution bDoc sur le framework d’Intersystems et sa technologie Caché.

L’harmonisation, l’intégration sans oublier le tri quasi-obligatoire parmi les solutions désormais en portefeuille prendront du temps. NRB/Xperthis clame d’ailleurs bien haut qu’il est trop tôt pour pouvoir pointer du doigt les solutions qui seront pérennisées, adaptées, fusionnées, abandonnées… La grande convergence, quelle qu’en soit la forme, prendra du temps. Lire à ce sujet l’interview que nous a accordée Ulrich Penzkofer, CEO de NRB.

Accélérer… posément

“Nous avons négocié un plan industriel. L’intégration se fera mais il est impossible de déterminer selon quel agenda, dans l’état actuel des choses”, déclare pour a part Rudy Simons, directeur de Ciges. De son propre aveu, il ne faudra pas trop tergiverser, “afin de tirer pleinement parti des compétences de chacun.” Mais, ajoute-t-il, ce sont les clients qui, en finale, décideront de l’intégration nécessaire.

L’agenda d’intégration pourrait s’étendre sur 5 ou 7 ans.

Cela peut paraître long mais on n’intègre pas, on ne modifie pas des solutions informatiques en quelques coups de cuillère à pot – a fortiori si elles sont destinées au monde médical et hospitalier.

Passer d’une version à la suivante, sans changer de solution, exige déjà plusieurs mois. L’implémentation d’une toute nouvelle solution exige, elle aussi, “un certain temps.” Demandez par exemple à Saint-Luc qui vient de choisir, dans un domaine quelque peu différent, la solution ERP que lui proposait RealDolmen. Trajet pour la mise en oeuvre: au moins deux ans.

Que dire alors de ce que donne un basculement vers ou une convergence avec une autre solution, avec les contraintes et difficultés supplémentaires que sont la reprise des données et la formation des utilisateurs.

Une autre donnée vient étayer ce timing potentiel éventuel de 7 ans: la durée des contrats en cours. Parfois 7 ou 10 ans. Pas question de les interrompre. Du moins pas sans un scénario soigneusement étayé. “La continuité est obligatoire”, souligne Rudy Simons. “Ce n’est certes pas simple mais c’est nécessaire.” Pour un certain temps. Pour ne pas dire un “temps certain.”

C’est au comité de direction de Xperthis Group, où siègent les 3 CEO – Dominique Bastille pour MIMS, Rudy Simons pour Ciges, Ariane Magera pour Xperthis – qu’il reviendra de prendre les décisions et de dresser la feuille de route.

En 2013, Olivier Lequenne, qui était alors le directeur général d’Xperthis, nous déclarait: “il faut distinguer la base technologique de la fusion des fonctions. Cette dernière aura bien lieu mais en améliorant certains concepts. Par exemple en matière de user experience. Nous appliquons deux règles: d’une part, la neutralité par rapport à l’héritage (Polymedis, Partezis…) et, d’autre part, nous améliorons l’expérience utilisateur. Les solutions H++ (Polymedis) et CPS (Clinical Power Station) de Partezis proposent des fonctions puissantes mais qui sont sous-exploitées parce que trop complexes dans leur mise en oeuvre. Une nouvelle interface graphique est dès lors la solution.”

Qu’en pense un observateur neutre, à savoir Thierry Vermeeren (réseau Patient numérique): “deux hypothèses sont envisageables. L’hypothèse conservatoire serait de fidéliser la clientèle et de maintenir une diversité, par définition coûteuse. Mais cela ne permet pas l’innovation. Cela correspondrait à une sorte de stabilisation du Dossier Patient Informatisé (DPI) traditionnel qu’on se contenterait d’informatiser en l’état. L’autre hypothèse est de réduire la diversité technologique et d’innover dans la technologie qu’on a choisie.”

L’option que semble vouloir suivre Xperthis est la seconde mais dans un timing et selon un scénario qui restent à déterminer. Voir l’interview d’Ulrich Penzkofer.