20 et 21 mars. C’est le printemps! Et à part ça? C’était aussi les dates choisies pour organiser le premier Hackathon wallon consacré à l’e-tourisme. Il s’est déroulé à Libramont, sous l’égide notamment du hub créatif Green Hub de la province du Luxembourg, dans les murs de la Haute Ecole Robert Schumann.
Une première donc, pour ce qui est du thème, qui avait attiré 46 candidats – porteurs de projets ou simples intéressés prêts à mettre leurs compétences à disposition. Des porteurs de projets et participants très diversifiés, tant en âges (les plus jeunes étaient des étudiants de la HE Robert Schumann), en compétences ou en provenance géographique. Outre les “régionaux de l’étape”, il y avait en effet des Bruxellois, des Flamands, des Français et même une équipe bigarrée (France, Pologne, Espagne, Allemagne, Canada), composée de participants à la première session de formation à la programmation Le Wagon. Relire notre article.
Ce hackathon e-tourisme visait à “sensibiliser davantage les acteurs du tourisme à l’importance de se mettre à la page des nouveaux usages du web et du mobile”. Premier constat à l’issue du week-end: les projets présentés ont fourmillé d’idées pour réveiller et inspirer en effet les opérateurs locaux.
Quelques originalités dans la masse
17 projets ont finalement été proposés et 9 sélectionnés pour plancher, l’espace d’un jour et demi, sur l’idée de départ.
Nombre de ces projets présentaient des points communs. En général, les sujets portaient sur la manière de présenter et de faire découvrir des “points d’intérêt” en tous genres (éléments de patrimoine culturel ou historique, lieux de restauration, de détente, d’hébergement…). Le tout, quasi généralement, via des applis mobiles et à leur potentiel de géolocalisation. Avec, bien entendu, quelques variantes.
Mais il y avait aussi divers éléments et idées (parfois dispersés dans divers projets et qui gagneraient à se combiner) qui peuvent être utiles pour apporter au tourisme local le regain d’attractivité dont il a besoin. Séduire davantage le touriste, aiguiser sa curiosité de découverte, le fidéliser (en le faisant revenir mais aussi en le faisant rester plus longtemps sur place en étendant son rayon d’intérêt), “monétiser” le tourisme en déployant des outils et applications où interviennent d’autres acteurs (culturels mais aussi commerciaux)…
Exemples de solutions technologiques qui émaillaient les idées:
- le recours à des drones, avec vision temps réel et commentaires audio contextualisés…
- du geocaching et des concours mi-réseaux sociaux/mi-défis scénarisés
- l’utilisation de QR codes – ou plus originales et plus évoluées – de micro-balises (longue durée)
- des logiciels de filtrage temps réel d’itinéraires potentiels en fonction à la fois de la position géographique et des préférences du touriste
- un portail regroupant toutes les balades et parcours (pédestres, équestres ou autres) de la province de Luxembourg, permettant au visiteur ou touriste de choisir celles qui correspondent le mieux à ses centres d’intérêt ou contraintes (temps à y consacrer, difficulté de déplacement, composition de la famille…)
Les lauréats
Le jury a finalement épinglé trois projets se distinguant davantage du lot des candidats, dans les trois catégories qui donnaient lieu à récompenses. A savoir:
- le meilleur prototype (ayant le mieux concrétisé les volets fonction, graphisme, finition, cohérence, imagination technique…). Lauréat: le projet Be’Rallye, rebaptisé Trip’N’Win.
- le projet ayant fait appel au plus grand nombre (ou à la plus grande diversité) de jeux de données. Lauréat: Wallonia Time Machine.
- le projet présentant les plus belles perspectives de développement territorial (local ou régional). Lauréat: Trace la Guerre.
Les voici plus en détails.
Le projet Be’Rallye (Trip’N’Win) fut présenté par une équipe franco-belge. Le principe? “Du tourisme ponctuel, à caractère immersif, , impliquant commerçants et acteurs du tourisme.”
Il s’agit de permettre la découverte de lieux touristiques, géolocalisés, où des jeux et énigmes diffusés par des micro-balises beacon poussent les participants à tester leurs connaissances à propos de ces lieux. Si on réussit le quiz, on se voit proposer des coupons de réduction dématérialisés. Réductions proposées par les commerçants ou des acteurs de l’économie locale.
L’équipe est même allée jusqu’à imaginer que les commerçants pourraient ainsi “sponsoriser”, voire se réserver entièrement certains points du parcours. Histoire de monétiser et de rentabiliser l’application. A terme, via collecte des données sur les profils et habitudes des participants, les informations pré-analysées pourraient être fournies aux acteurs économiques ou touristiques locaux pour du ciblage commercial ou de la segmentation marketing (en ce compris touristique).
Le projet a remporté le prix du meilleur proto grâce à la qualité du design, à la combinaison de divers concepts et technologies: balises UriBeacon – Bluetooth 4, géolocalisation, partage des résultats sur réseaux sociaux, tri des informations en provenance de la base de données Pivot (offres touristiques en Région wallonne), dématérialisation des coupons, QR codes…
Wallonia Time Machineest une découverte touristique dont le fil rouge (que l’on trace à sa guise) est celui d’une remontée dans le temps. Il s’agit de pouvoir découvrir un endroit, un site, un édifice… en redécouvrant son histoire en agissant sur un curseur temporel s’affichant à l’écran (smartphone ou tablette).
Redécouvrir un lieu, en remontant l’histoire. Galerie temporelle sur mobile… Ici, une vieille carte postale de Maredret, dans l’arrondissement de Dinant.
Grâce à la base de données constituée de documents et cartes historiques, de photos, textes etc., il est possible de découvrir ce qui s’y est passé depuis les temps les plus ancestraux possibles, de comparer les visuels époque par époque…
L’application repose sur un croisement de données venant de sources régionales, de l’Institut Royal du Patrimoine Artistique, de collections privées mais y ajoute aussi des documents en tous genres (préalablement numérisés): textes, archives, cartes postales anciennes, photos… Ces documents peuvent provenir soit d’opérateurs classiques, d’associations, d’autorités locales mais aussi de simples citoyens et “anciens” dont on immortalise ainsi les souvenirs, histoires, mémoire de légendes et faits quasi oubliés… L’idée est dès lors aussi de réimpliquer citoyens et individus dans la revitalisation touristique locale.
Troisième lauréat: Trace la Guerre. En cette année doublement commémorative, le thème peut paraître bateau ou peu imaginatif mais le projet recèle quelques surprises et originalités. Si, en effet, le thème premier est une visite touristique dont l’alibi est la redécouverte de lieux où s’est déroulée la guerre (14-18 ; 40-45), l’idée n’est pas de se contenter des jeux emblématiques hyper-connus habituels mais bien de redécouvrir les petits lieux où subsistent quelques rares traces physiques. La découverte se fait soit par le biais de parcours classiques ou de défis de géocaching. Dans ce dernier cas, on progresse de trace en trace en résolvant des énigmes à trouver via des objets cachés.
Le thème de la guerre peut par ailleurs facilement faire place à d’autres thématiques, associées à un événement, à une festivité locale traditionnelle…
Les regrets
Parmi les 17 projets présentés, plusieurs, au départ, étaient basés sur des idées potentiellement intéressantes mais qui n’ont pas pu s’exprimer ou aboutir en cours de hackathon. Deux projets, par exemple, avaient imaginé utiliser des drones pour enrichir l’expérience touristique – reste bien entendu à obtenir les autorisations légales (régionales et nationales) de faire voler ces engins.
Source: Hackathon eTourisme. Green Hub.
Quoi qu’il en soit, deux idées avaient été mises sur la table. L’une consistait à utiliser un drone comme guide touristique. L’autre se servait d’un drone comme guide de reconnaissance: il explore, filme et transmet en temps réel les images d’une zone déterminée. Utile pour les gens pressés ou qui veulent pr »parer leur balade autrement. Une fois l’exercice de reconnaissance visuelle effectué et les endroits intéressants repérés et sélectionnés, le touriste peut se mettre en route.
Autre regret: une certaine faiblesse, dans certaines équipes, en termes d’imagination pour ce qui est de l’utilisation de sources de données variées ou de l’exploitation des potentiels (géolocalisation ou autres) qu’offrent désormais les équipements mobiles.
Les enseignements et perspectives
Plusieurs des candidats, en ce compris chez ceux qui n’ont pas décroché de prix, se disaient prêts à poursuivre l’élaboration de leur projet. Certains désirent les proposer et mettre à disposition de divers opérateurs touristiques locaux (Maisons du Tourisme, Syndicats d’initiative…).
Le Green Hub, de son côté, a clairement fait le passer le message qu’il voudrait éviter que ces idées et énergies ne soient qu’une étincelle fugace. Reste à déterminer comment garder les contacts et faire évoluer les idées.
Un autre grand chantier pour lequel la conscientisation semble – enfin – commencer à porter ses fruits est celui des open data. Autrement dit, pousser les acteurs publics, locaux ou régionaux, à mettre leurs jeux de données à disposition pour que de nouvelles solutions et applications puissent être imaginées et crées au profit du tourisme (notamment). Plusieurs participants, représentant des acteurs ou opérateurs touristiques, disaient leur volonté d’engager la réflexion en la matière. Mais le chemin semble encore long et maintes convictions encore à emporter…
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